CHAPITRE 2

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Point de vue de MJ

Je dépose le beignet que m'a commandé l'homme devant lui, sur le comptoir. 

 ― Ça vous fera deux dollars, dis-je en essayant d'être agréable. 

Il me donne deux billets que je range dans la caisse, puis il part sans un mot de plus, même pas un au revoir. Difficile d'être accueillante avec les clients lorsqu'ils réagissent sans aucune politesse. Vivement que que je quitte ce boulot et déménage. 

La clochette qui annonce l'ouverture de la porte tinte. Je ne prend pas la peine de regarder à qui j'ai affaire. 

 ― Je vous sers un café ? 

 ― Un chocolat chaud je préfère, si vous avez évidemment. 

Je relève brusquement la tête. Je reconnais cette voix. Pourtant ce jeune homme qui me dévore des yeux, m'est un parfait étranger. J'étais persuadée...

 ― En fait, je suis Peter, m'apprend-il. Le Peter des messages. 

Bien sûr ! J'ai dû garder le son de sa voix en mémoire. Je n'espérais plus le voir celui-ci , après plus d'une semaine sans nouvelle. 

― Contente d'enfin te rencontrer, Peter. J'ai un peu de temps pour discuter si tu veux, c'est calme à cette heure-ci. 

Il hésite, regardant successivement sa main puis moi. 

― Pourquoi pas, se décide-t-il. 

Je l'observe qui va s'installer au comptoir, sur l'un des deux tabourets, là où Ned aime s'assoir lorsqu'il me rend visite. J'ai l'étrange sensation d'avoir déjà vécu cet instant. Surtout, l'adorable garçon qui attend patiemment son chocolat chaud ne m'est pas inconnu comme je l'ai cru à première vue. Ce mignon sourire en coin, ses yeux rieurs, je les connais. Je devais être sacrément  saoule pour n'avoir conservé aucun quelconque souvenir, seule une vague impression et une fascination troublante. 

J'active la machine à chocolat chaud. A travers son ronronnement, je perçois encore la respiration agitée de Peter, dans mon dos. Je lui jette un regard à la dérobée. Il triture un papier froissé, comme s'il était nerveux. Ai-je vraiment un tel effet sur les garçons ?

La machine s'est arrêtée, je attrape le gobelet rempli et le tends à Peter. Paniqué, il range précipitamment le papier dans sa poche et saisit le gobelet. Je lis un inaudible "merci" sur ses lèvres avant qu'il n'y porte la boisson agréablement parfumée. 

― Alors qu'est-ce qui t'a fait changé d'avis ? je lui demande pour engager la conversation. Je ne pensais pas te voir. 

 ― Euh... Je me suis dit que... que ça ne me coûtait rien de passer, bégaye-t-il, le regard fuyant. Je bosse pas très loin d'ici, à deux rues de là, dans une petite boutique de matériel informatique. Pas très passionnant, mais j'ai cruellement besoin d'argent. 

― Je comprends, c'est bien pour ça que je suis là. Heureusement que mes parents m'aident quand même, il me paye une misère ici. Tes parents t'aident aussi ? 

Un éclair de tristesse illumine ses pupilles. Ses yeux brillent et il baisse la tête dans une vaine tentative de le cacher. Je regrette aussitôt d'avoir posé la question. 

― Excuse-moi, je ne voulais pas être indiscrète, je murmure. 

Les coins de sa bouche s'étire imperceptiblement. 

― Oh pas de souci, tu ne pouvais pas savoir. Mes parents sont décédés alors que je n'étais encore qu'un enfant, c'est ma tante qui m'a élevé. 

L'air ambiant semble avoir chuté de plusieurs degrés. Aucun de nous deux n'osent plus parler. Peter boit à petites gorgées son breuvage aux effluves de cannelle. 

Spider-Man : My HomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant