CHAPITRE 4

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Point de vue de MJ

Je suis couchée dans mon lit, enroulée dans mes draps. Je scrute l'écran de mon téléphone, espérant un réponse de Peter à mes messages. Je lui en ai envoyé des dizaines dans lesquels je lui présente mes excuses par rapport à l'accident. Je culpabilise tant. Je souhaitait juste qu'il ne m'échappe pas. On ne pas vraiment dire que c'est réussi vu qu'il m'ignore royalement désormais. Au début, il lisait mes messages sans y répondre. Maintenant, il ne les regarde même plus. 

― Michelle ! m'appelle ma mère depuis le salon. Ton ami Ned est là !

― Fais-le rentrer !

― Il est déjà devant ta chambre !

Celui-ci entre en trombe, à bout de souffle.

― J'ai fait aussi vite que j'ai pu. Qu'est-ce qui était si urgent ? Tu m'a coupé en plein épisode de de Star Wars !

Je quitte mon lit en grognant pour refermer la porte derrière mon ami.

― Parle pas si fort. Je te rappelle qu'on est censé avoir un exposé sur la radioactivité à finir.

Un prétexte, évidemment. Il fallait que je justifie le fait que j'invite un ami aussi tardivement.

― Ah oui, bien sûr. MJ, nous devons nous mettre à travailler pour finir notre exposé sur la radioactivité ! exagère-t-il pour être sûr que ma mère l'entende.

Il lève le deux pouces en l'air, je secoue désespérément la tête. Ned a beaucoup d'incroyables qualités, mais la subtilité n'en fait partie.

― Qu'est-ce qui était si urgent ? reprend-il plus bas.

― Faut qu'on parle. De Peter, le gars du café.

― Vraiment ? Ça aurait pu atteindre la fin de mon film.

― Non Ned, tu comprends pas, j'ai l'impression de devenir folle.

Je retourne m'asseoir sur mon lit. Ned tire la chaise de mon bureau pour se positionner face à moi, tout à coup devenu sérieux.

― Comment ça ?

Je me prends la tête dans les mains.

― Dès qu'il a mis un pied dans le café, j'ai su qu'un truc clochait. Il m'était comme familier, mais avec quelque chose en plus. Je ne pouvais pas m'empêcher de l'observer, ou plutôt l'admirer. Puis quand il est parti, comme ça, sans plus d'explication, mon corps a eu une réaction super bizarre. Je n'ai jamais connu pareille sensation avant. Mais le pire c'est quand j'ai traversé cette fichue. T'as vu tout le bordel que j'ai causé, j'aurais pu mourir à cause de lui ! Il faut que je comprenne pourquoi.

Ned semble vraiment attentif et concerné par ce que je lui dit.

―Peut-être, à la soirée, s'est-il réellement passé plus que ce qu'il laisse entendre, suppose-t-il.

― Sauf qu'il n'était pas à la soirée.

― Quoi ?

Lorsque je suis revenu chez moi après l'accident, je me sentais tellement coupable que j'ai eu le besoin urgent de tirer toute cette affaire au clair. En commençant par vérifier que Peter ne me mentait pas au sujet de la soirée. J'ai appelé Betty qui l'a organisée et celle-ci m'assuré qu'aucun Peter n'était présent à sa fête, ni même qu'elle m'avait vu avec un garçon au bord de la piscine.

― Peter n'était pas à la soirée, je répète. J'ai appelé Betty, il n'y était pas.

Plusieurs questions se posent maintenant. Comment ai-je eu son numéro ? Pourquoi je connaissais son prénom et j'y ai mis un cœur à côté ? Et surtout, quel est ce sentiment bouleversant que j'éprouve en pensant à lui ? Je retombe au point de départ.

Ned demeure silencieux, le regard dans le vague.

― Mais ça ne s'arrête pas là, dis-je.

Je vais à mon bureau récupérer le petit carnet que je griffonne constamment. Je cherche le dessin qui m'intéresse et le dépose ouvert sur les genoux de Ned.

― Tes dessins ? Qu'est-ce qui... (Ses yeux s'écarquillent lorsqu'il réalise.) C'est Peter. Tu as l'impression de devenir folle à cause de ça ? Parce que tu le dessines ?

― Non, regarde la date.

Je lui indique le coin en bas à droite de la page où sont inscrit quelques minuscules chiffres.

― Ça remonte à avant l'éclipse. Eux sont les plus anciens, j'en ai trouvé des plein d'autres. 

Ned tournent les pages, dévoilant de nouveaux portraits, s'arrêtant sur chacun qui représente le mystérieux Peter. Sur un en particulier, il reste longtemps. Les traits brouillons tracés au crayon s'articulent en deux personnes qui se tapent amicalement dans la main.

― C'est Peter...

― ...et toi, je complète.

Mes dessins ne sortent jamais de mon imagination, ils se basent tous sur des modèles existants.

Plus j'en découvre, moins j'y vois clair. Aucun élément ne permet d'explications cohérentes. Rien que d'y penser, j'ai une migraine.

― Et comme si tout ça ne suffisait pas, j'ai Spider-Man qui m'espionne, je déclare ne faisant que rajouter de l'absurdité à cette situation.

― Spider-Man ? s'étouffe-t-il. Tu en es sûre ?

― Quasiment. C'était à peine une heure plus tôt. J'ai vu une ombre à ma fenêtre, puis Spider-Man s'envolait.

Ned se redresse, complètement affolé. Il tourne en rond dans ma petite chambre en bafouillant des paroles imperceptibles.

― Il disait la vérité, marmonne-t-il.

― Calme-toi, Ned. Qui disait la vérité ?

Il se stoppe et plante ses yeux dans les miens, les pupilles dilatées par l'excitation.

― Peter ! Je croyais qu'il racontait n'importe quoi.

― De quoi parles-tu ?

― La lettre qu'il t'as donné au café, il avait écrit des trucs tellement étranges, je pensais qu'il délirait. Mais après tout ce que tu viens de m'apprendre, je t'avoue que j'en suis plus si certain.

Je bouillonne de l'intérieur.

― Tu m'as dis que tu avais perdu cette lettre !

― Tu avais l'air d'aller si mal, je voulais pas en rajouter avec les conneries qu'il disait.

Je pince l'arête du nez.

― Ok, mais elle où maintenant ?

Il baisse la tête, la mine coupable.

― Je l'ai jetée.

― Ned ! J'espère que tu te souviens au moins de ce qu'elle contenait.

― À peu près... Il affirmait être un Spider-Man, il parlait de toi, de moi et euh... d'un sorcier amnésique aussi, enfin je crois. Puis... j'ai oublié.

Je m'approche de mon ami et le saisit fermement par les épaules.

― Rappelle-toi ! Que disait-il d'autre ? j'insiste.

― Je ne sais plus ! Je ne sais plus, je ne sais plus...

Ma mère choisit juste ce moment pour entrer.

― Vous voulez quelque chose à manger, les enfants ?

― Non ! je m'exclame tandis que Ned répond oui.

Elle nous regarde, confuse. 

― Bon, mettez-vous d'accord, je reviens d'ici deux minutes.

Lorsqu'elle referme la porte, la tension dans la pièce chute soudainement. Nous nous laissons tomber sur le sol.

― Je m'excuse, MJ. Je ne pensais qu'à ton bien, je n'imaginais pas une seconde qu'il puisse dire la vérité.

Il paraît sincèrement désolé. Comment pourrais-je lui en vouloir ? J'aurais probablement fait pareille à sa place. Tant pis pour cette lettre, je me débrouillerai sans.

― Ne t'inquiète pas, je te pardonne.

Désormais, je dois retrouver Peter Parker. 

Spider-Man : My HomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant