CHAPITRE 7

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Point de vue de Peter

Elle comme moi gardons les yeux baissés vers le sol. Aucun de nous ne sait vraiment comment se comporter en présence de l'autre. Nous marchons ainsi, silencieusement, depuis le café. Je ne lui ai pas adressé un mot, elle n'ont plus. Nous sommes comme deux étrangers. 

Après de longues et pesantes minutes de marche dans des rues très fréquentées, nous  parvenons enfin dans un coin un peu plus tranquille où les passants se font plus rares. 

J'examine rapidement les lieux. Les vitrines ont été brisées et abandonnées, demeurant grises de poussière. Des chardons, feuilles de pissenlit et herbes s'échappent du bitume déchiré. Des plastiques, canettes et carton jonchent le sol noir de crasse. Cette ruelle insalubre doit plus avoir pour habitude d'accueillir des hors-la-loi que deux adolescents désirant juste se parler. 

L'endroit est loin de ce que j'espérais. Je nous imaginais déjà sous l'ombre d'un arbre, le chant des oiseaux pour ambiance de fond et non le froissement des déchets qui se soulèvent sous vent. Nous serons néanmoins à l'écart de l'animation incessante de la ville et des oreilles indiscrètes. 

Je cherche un endroit où nous pourrions nous assoir, mais l'unique banc est renversé. 

— On peut s'assoir là, propose-t-elle en indiquant un bout de trottoir un peu mieux entretenu. C'est pas l'idéal, mais... 

 — Ça fera l'affaire, je la coupe. 

Nous nous mettons tous les deux en mouvement. Par inadvertance, nos doigts se frôlent. Elle comme moi retirons immédiatement notre main. Ce contact accidentel réveille chez moi les sensations oubliées de toutes les fois où nous nous sommes pris la main. À l'aéroport en rentrant du voyage en Europe, ou devant Midtown le jour de la rentrée lorsque nous étions que tous les deux face au reste du monde. 

Je me pose sur le bord du trottoir. MJ s'apprête à faire de même, mais retire sa veste avant pour pouvoir s'assoir dessus. Elle dévoile alors son cou où elle porte encore le pendentif brisé que je lui ai offert sur le pont, à Londres. Je souris tristement en repensant à notre timide premier baiser. Ce n'était pas au sommet de la Tour Eiffel comme je le souhaitait, mais il en reste tout aussi mémorable. 

Elle remarque l'attention particulière que j'ai pour son collier et y porte la main. 

— Je n'ai jamais su pourquoi il est cassé, mais je crois que je la préfère ainsi, me confie-t-elle. 

Ma gorge se noue sous ses paroles qui reprennent textuellement ce qu'elle m'avait dit sur le pont. 

— C'est moi qui te l'ai offert, pendant le voyage en Europe, le jour où l'on s'est embrassé pour la première fois. 

Ma voix craque sur les derniers mots. C'est trop dur, trop douloureux. Ce sont des instants qui n'existent plus que pour moi. Même si je lui les racontait tous, qu'est-ce qui me garantit que le sortilège n'a pas aussi effacé ses sentiments pour moi ? Ce serait comme la perdre une seconde fois. Je le supporterai pas. Les larmes menacent de couler. Je détourne la tête. Je ne veux pas que MJ me voit pleurer. 

— Je ne peux pas..., j'articule douloureusement. 

Elle pose une main encourageante sur la mienne. Surpris, je me redresse. 

— Continue, m'incite-t-elle. Que s'est-il passé après qu'on ce soit embrassé ? 

Je renifle en essuyant la larme qui perle au coin de mon œil. 

— Il faut que je t'avoue quelque chose avant. Quelque chose de très important. Ça va peut-être te paraître improbable, et tu vas sûrement me prendre pour un fou. Et je t'accorde que c'est peu ordinaire. 

Spider-Man : My HomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant