CHAPITRE 9

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Point de vue de Peter

J'atterris dans un petit monticule de neige salle, en bas de l'arbre où j'étais perché, qui amortit ma chute et atténue le bruit de l'impact. Je regarde successivement à droite et à gauche pour vérifier que personne ne soit dans la cimetière. Mais les stèles de granite sont aussi seules que moi. J'enlève mon masque sans crainte d'être aperçu. L'air frai s'engouffre librement dans mes poumons, la couche de Lycra ne lui faisant plus barrage. Je retire le sac de mon dos pour y prendre des habits à porter par dessus mon costume. Je les enfile rapidement avec une paire de gants pour camoufler le tissu rouge qui me recouvre jusqu'au bout des doigts, comme une seconde peau. 

Ça me rassure de l'avoir sur moi quand je suis à l'extérieur, prêt à  intervenir à chaque instant. Bien que je doute que quiconque ait besoin de moi ici. Difficile de défendre des morts. 

Avant de ranger mon masque dans mon sac, j'en extraie les fleurs colorées que j'ai acheter juste avant de venir ici. Je déglutis bruyamment en constatant leur tige cassé et les pétales écrasés. Peut-être que je aurais dû les garder dans ma main. 

Je marche sur quelques mètres en direction de la tombe de May, les feuilles mortes qui craquent sous mes pas perturbant le silence lugubre du cimetière. Je me fige instantanément en remarquant une silhouette devant la pierre de ma tante. Je soupire en réalisant que ce n'est que Happy. Je le croise souvent qui vient se recueillir ici. Nous avons l'habitude de parler un peu dans ces cas là, j'ai en quelque sorte recréé un lien avec lui. Pas comme avant évidemment, mais suffisant pour partager notre peine pour la mort de May. 

Je le rejoint et juste avant d'être vraiment à sa hauteur, je lance le plus gaiement possible : 

― Salut Happy !  

Il sursaute légèrement et se retourne. 

― Ah, salut petit. 

Il pose ses yeux sur le bouquet écrasé. 

― Tu lui as apporté des fleurs ? 

― Ouais, ou du moins ce qu'il en reste. 

Il rit, mais le cœur n'y ai pas. 

Je m'agenouille pour les déposer contre la pierre où est gravé en lettre capitale : WHEN YOU HELP SOMEONE, YOU HELP EVERYONE.  Les fleurs ne font que s'ajouter au tas d'autres que nous lui apportons régulièrement Happy et moi. Je ne supporte pas de voir sa tombe grise et sans couleurs, laissée à l'abandon comme toutes celles autour. Ce n'est pas ce qu'elle aurait voulu. 

Je reste un moment dans cette position, un genou dans la terre et l'autre relevé devant moi, pour être aussi proche d'elle que possible. Je crois que ce que je regrette le plus n'est pas d'avoir était incapable de la protéger, avec le temps que j'ai compris que chaque évènement se produisait pour une raison précise. Aussi difficile que ce soit à accepter, sa mort était dans l'ordre des choses. Ce que je regrette réellement c'est de ne pas l'avoir assez remercier de son vivant. 

― Bon, je ferais mieux de te laisser, déclare Happy, l'herbe gelée crissant déjà sous son déplacement.

Je me relève, et dans la précipitation manque de déraper sur une plaque de verglas boueux.

― Non, non, ne... ne partez pas, pas tout de suite, restez... juste... 

Je bute sur les mots, ne pouvant exprimer la véritable raison pour laquelle je veux qu'il reste. Je me reprend : 

―Je veux dire, votre présence ne me dérange pas. Ne partez pas juste parce que je suis là. 

Il revient sur ses pas. 

Spider-Man : My HomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant