CHAPITRE 11

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Point de vue de Peter

Je tâche d'amortir au mieux l'impact en pliant les genoux quand je percute le béton. Il s'agirait de ne pas effrayer plus MJ qui a été tétanisée tout long du petit voyage à travers de New-York. J'ai failli me rater plusieurs fois en lançant ma toile car elle n'a cessé de crier et gesticuler pour trouver une position convenable et me mettait donc ses mains devant les yeux. Je savais qu'elle n'apprécie pas spécialement faire des acrobaties avec moi suspendue des mètres au-dessus du sol. J'aurais pu éviter et on n'y serait aller en marchant même si ça nous aurait demandé plus temps. Je ne réitérerai l'expérience qu'en cas d'urgence.

Elle est toujours agrippée à moi, comme un coquillage à son rocher, la tête enfouie au creux de mon cou pour ne pas voir la hauteur. Elle ne semble pas décidée à se détacher, sauf que maintenant nous nous sommes posés, sûrement ne l'a-t-elle pas réaliser. Non pas que cette situation me dérange, je resterais éternellement avec elle ainsi contre moi, mais ce n'était pas le but en l'emmenant jusqu'ici. Je déplie mes bras et lui fais gentiment remarquer :

― MJ ? C'est bon, on est arrivé.

Elle s'écarte brusquement. Je regrette aussitôt sa proximité.

― Je ne referais plus jamais ça, me prévient-elle encore perturbée et la voix légèrement vacillante.

Elle vérifie qu'elle se tient bien sur la terre ferme et ne risque pas d'être projetée vers le ciel en effectuant quelques pas sur place. Finalement, elle relâche la tension avec un soupir de soulagement.

― J'ai absolument détesté. Plus jamais, okay ?

J'étouffe un rire. Ce n'était pas très fairplay de ma part. Ma proposition de se déplacer par les airs consistait clairement en un piège. J'étais déjà au courant qu'elle n'aimait pas ça, mais revivre une sensation identique à la première fois que nous avons survolé la ville ensemble me tentait irrésistiblement. Juste une fois, comme avant.

Je suis content de porter un masque en voyant MJ se débattre avec ses cheveux. Ses boucles comme à leur habitude indomptables, sont aussi emmêlées désormais. Pour leur redonner un peu d'ordre, elle essaye de les discipliner en les aplatissant avec ses mains. Satisfaite un instant, jusqu'à ce qu'une mèche rebelle en décide autrement et lui retombe sur le visage. Elle souffle désespérément dessus, les bras ballants en signe d'abandon. Mes épaules sont secouées par un rire contenu. L'expression de MJ se charge de colère. Je n'ai visiblement pas été très discret.

― Tu te moques de moi en plus. Je te promets que tu vas...

Elle s'interrompt. Appréhendant déjà ce qui va suivre, je plisse les paupières. Elle écarquille les yeux et me pointe d'un doigt accusateur.

― Tu savais !

Ce n'est absolument pas une question. Je me gratte nerveusement le haut de mon crâne masqué.

― Tu savais et tu me l'a quand même fait faire.

Elle avance, son doigt levé entre nous touche ma poitrine ou s'étale l'araignée noire de Spider-Man. Je recule prudemment.

― Ce n'est pas parce que je ne me souviens pas que tu dois jouer avec moi. Je te fais confiance pour l'instant, gâche pas tout.

Sa voix est dénuée de rancœur, aucune émotion n'y est véhiculée. MJ partage rarement ce qu'elle ressent, les propos qu'elle tient sont toujours empreints d'une indifférence remarquable et perturbante quand on la connaît peu. En cet instant, ce détachement dans son avertissement le rend plus direct et aussi froid qu'une lame de métal contre une peau à nue. Je saurais pour une prochaine fois qu'elle n'aime pas les surprises. S'il y a une prochaine fois.

Spider-Man : My HomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant