Spider-Man : My Home

CHAPITRE 10

Point de vue de MJ

― C'est un truc de fou quand même ! s'exclame Ned assis au comptoir. Tu te rends compte que j'étais le geek dans le fauteuil d'un super héros.

Je l'écoute d'une oreille distraite, préférant largement mon livre à à son excitation excessive. Le café est vide, c'est l'heure creuse, mon patron fait la sieste, alors je me suis autorisée une pause lecture entre deux clients. Et surtout pour éviter une conversation avec Ned. Depuis que Peter a tout avoué à lui aussi, son sujet préféré est devenu Spider-Man, chaque mot qui sort de sa bouche le concerne, alors que j'essaye en vain de penser à autre chose.

Mes pensées me poursuivent jusque dans mon lit. Je passe des nuits entières à regarder le plafond, à me demander si ça n'aurait pas pu se terminer autrement.

― En plus ça veut dire que j'ai été ami avec un ami de Tony, continue-t-il avec un air rêveur et la voix gonflée de fierté. Il a combattu avec les Avengers, et volé le bouclier de Captain America. Je l'ai aidé à arrêter un méchant un jour !

Je lève les yeux au ciel, ne supportant plus son enthousiasme inutile et dérangeant.

― Il a peut-être tout inventé, je lâche sèchement pour le faire taire.

Il secoue vigoureusement la tête, faisant voler ses mèches noires.

― Impossible, il a dit que lui aussi il aime Star Wars.

― Et en quoi c'est une preuve qu'il dit la vérité ? Des milliers de gens aiment Star Wars, rien d'exceptionnel.

― La preuve, c'est qu'il m'a rendu l'Empereur Palpatine Lego que je croyais avoir perdu. En fait je lui avais donné. Et on a construit l'Etoile de la mort ensemble, je savais que je n'avais pas pu la construire seul.

― Mmh, si tu le dis, je marmonne sans détourner l'attention de mon livre.

L'argumentation de Ned ne sert strictement à rien, je suis du même avis que lui. Peter ne ment pas. Les preuves sont là, trop évidentes pour les ignorer ou les remettre en question. Je crois Peter. Le détail des événements qu'il connaît, il n'a pas pu l'imaginer puis me les restituer avec autant de logique et de précision. En plus, avoir son point de vue a permis de comprendre les choses étranges que j'ai constatées depuis la bataille à la Statue de la Liberté.

― Et au moins moi j'ai quelqu'un avec qui regarder Star Wars, se vante-t-il voyant que je m'intéresse peu à ce qu'il raconte. Il a même accepté que je redevienne son geek dans le fauteuil.

Mes doigts se crispent sur mon livre. La marque de mes ongles s'imprime sur le papier.

― Je suis contente pour toi. Mais ne t'inquiètes pas je suis très bien seule avec moi-même. La lecture et le dessin sont des activités plutôt solitaire tu sais. Je vous laisse dans vos délires de construction avec des briques en plastique.

Un long silence s'écoule jusqu'à ce qu'il prenne bruyamment une gorgée de café qu'il recrache aussitôt. Il s'essuie la bouche avec sa manche

― Beuh ! C'est dégueu ce truc, beaucoup trop amer. Comment font les adultes pour en boire toute la journée ? Tu veux pas donner un beignet à la place ?

― Tu sais, je commence en refermant mon livre, il va falloir que tu les payes un jour, parce que mon boss va remarquer un trou dans les comptes si ça continue.

Et ma main reste suspendue au-dessus de la rangée de beignets choco-noisette. Les paroles de Ned me percutent avec une clarté déconcertante, un peu tard je l'admets. L'entêté que je peux être ne leur a pas permis de se frayer un chemin jusqu'à ma conscience si facilement.