Partie V

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Les premiers jours, il n'allait plus au lycée, préférant passer le plus de temps possible avec Tobio. Mais Kenma le rappela à l'ordre lorsqu'il passa lui rendre son sac. Étant resté au chevet de Tobio jusqu'à la fin des visites, le décoloré l'avait attendu longtemps, refusant de laisser son sac devant sa porte. Hinata avait paru étonné lorsque son ami lui avait tendu son bien, l'expression aussi détachée qu'à l'accoutumée.

« Shoyo, tu devrais revenir au lycée. Ne t'en fais pas, Kageyama se réveillera bientôt. »

Cette phrase l'avait entièrement surpris. Comment se faisait-il que Kenma connaisse Tobio ? Mais ce dernier n'avait pas dit un mot de plus et était simplement reparti, plantant le rouquin devant sa porte. Il avait alors suivi son conseil et s'était rendu tous les jours au lycée. Même si cela était très dur pour lui, étant donné qu'il trépignait sur place à chaque cours, fixant l'horloge avec un intérêt peu commun, désireux de se rendre au chevet de son ami.

Son père ne s'était jamais présenté. Il ne savait même pas s'il avait été mis au courant que son fils était à l'hôpital. Hinata s'en fichait un peu pour l'instant, tout ce qui lui importait était le réveil du lycéen à la peau pâle. Ce dernier se faisait attendre. Cela faisait bien deux semaines qu'il était plongé dans le coma, ne semblant pas vouloir émerger.

Hinata soupçonnait le fantôme de son père de le torturer. Il était sûr que c'était à cause de lui que Tobio ne souhaitait pas émerger. Il voulait rester le plus loin possible de la présence de son géniteur. Dans un sens, le roux le comprenait. Mais, il était tellement impatient de le voir se réveiller qu'il était prêt à vendre son âme au diable. Étant donné que le diable était le père de Kageyama en personne, il devrait donc aller le voir. Il n'était pas sûr que Tobio apprécierait la blague.

Tous les soirs, il se confrontait au visage trop juvénile de Tobio. Ce dernier avait perdu les traits sévères et fatigués qu'il possédait toujours au niveau des sourcils, le rendant plus jeune. On lui avait enlevé le masque à oxygène. Il s'est avéré que le jeune homme reprenait des couleurs et parvenait de nouveau à respirer normalement.

Hinata pouvait souffler de ce côté-là. Nombreuses étaient les fois où Tobio avait fait des crises, l'empêchant de respirer correctement et arrêtant son cœur éphémèrement. Lors de ses crises, Shoyo avait l'impression de mourir avec lui.

Le rouquin apportait souvent un livre avec lui, mais ne pouvait résister à l'envie de lever les yeux des mots toutes les cinq minutes afin de voir si le brun daignait enfin se réveiller. L'espoir l'étreignait durant ces moments-là, sitôt suivit par la déception. L'attente était longue et de plus en plus difficile à supporter.

Hinata ne dormait pas, ou très peu ; ses pensées toujours dirigées vers le plus grand. Cette fois-ci ne fit pas exception et c'est avec cette même allure de mort-vivant, devenue coutumière depuis deux semaines, qu'il se rendit en cours. La journée se déroula normalement, Shoyo jetant des coups d'œil frénétiques à l'horloge et bougeant nerveusement sur sa chaise. Le midi, il se rendait toujours sous le cerisier, passant toute l'heure à regarder dans le vide sans manger, ni même toucher à un livre.

Quand enfin, la sonnerie se manifesta, ce fût comme une délivrance pour Shoyo qui se précipita dehors, courant à moitié pour rejoindre l'hôpital le plus vite possible. La secrétaire avait pris l'habitude de le saluer, étant donné qu'il venait tous les jours à la même heure.

Ce n'est que lorsqu'il fût assis sur la chaise à côté de Tobio qu'il souffla de soulagement. Le corps de ce dernier se remettait doucement, certains hématomes persistaient et d'après les médecins, sa cheville s'était complètement remise ainsi que sa mâchoire. Ses côtes, en revanche, prenaient du temps pour guérir, mais elles se rétablissaient.

Les sévices de ton pardon [KageHina]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant