Epilogue

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Le silence était insoutenable. Chaque être humain présent dans cette salle retenait son souffle. Jamais quelque chose n'avait paru aussi long pour Hinata. Sa jambe bougeait frénétiquement tandis que l'attente se prolongeait, impérissable. Il sentit qu'une main se posait sur sa cuisse. Il baissa le regard, avisant de longs doigts pâles qui serraient sa cuisse afin de lui insuffler du réconfort. Il recouvrit sa main de la sienne, ne la lâchant pas.

Ce n'était pas lui qui avait besoin d'être rassuré, mais bien Tobio.

Après l'épreuve qu'ils ont dû traverser, ils avaient décidé que tout cela devait se terminer, définitivement. Hinata avait accompagné Tobio toutes les fois où ils avaient porté plainte. Dans tous les cas, leur demande n'avait pas été pris en compte avec pour motif le manque de temps. Néanmoins, ils ne s'étaient jamais découragés, Shoyo soutenant Tobio de tout son être.

Et puis un jour, alors qu'ils commençaient à désespérer, une recrue d'un autre centre de police avait accepté de les prendre en charge. Ils avaient enfin été écouté. La procédure avait été installée, les forces de l'ordre avaient d'abord recueilli le témoignage de Tobio, puis celui de son père. Ce dernier n'avait fait que nier les accusations et se plaindre de son bras que son fils lui avait déboîté. Tobio avait tout de suite expliqué la raison, contrant les dires de son père, mais ne les aidant pas pour autant.

L'affaire prit énormément de temps, s'étalant sur plusieurs mois. Ils devaient rassembler des preuves de ce qu'ils avançaient. Ils n'avaient obtenu qu'un seul témoin : Kozume Kenma. Les voisins des Kageyama refusaient catégoriquement de prendre part à cette histoire.

Entre temps, ils avaient découvert que le père de Tobio était impliqué dans plusieurs affaires criminelles depuis presque quatre ans, après avoir fouillé l'appartement dans le but de ramener les affaires appartenant à Tobio et espérer rassembler des preuves.

Ils avaient monté le dossier et le tribunal avait alors saisi l'affaire. Ils se retrouvaient donc dans cette salle d'audience à attendre le jugement après le témoignage de Tobio, Hinata et celui de Kenma. Ce dernier était retourné auprès de Kuroo, lequel ne décroisait pas les bras. Hinata avait senti un frisson le parcourir lorsqu'il avait croisé son regard calculateur, mais étrangement, il ne lui donnait pas des sueurs froides comme le père de Tobio. Plutôt un pur sentiment de puissance. Ce n'était pas tellement mauvais, n'est-ce pas ?

Tobio avait réellement été affecté lors de son récit et si Hinata n'avait pas été là, il se serait probablement effondré devant les yeux froids et indifférents de son père qui leur faisait face, fier. Shoyo grinça des dents et serra plus fort sa main. Il ne tolérerait aucun échec, ce type avait fini de faire souffrir Tobio.

Il ne lui pardonnerait pas. Jamais. Parce que s'il le faisait, c'est qu'il aurait perdu toute raison.

Ses oreilles décelèrent une parole, le juge se prononçait. Ils allaient enfin connaître le fin mot de cette histoire dramatique. Tobio ferma les yeux, le souffle court et attendit que le jugement ne soit donné.

« ... Kageyama est décrété... »

L'attente était vraiment insoutenable. Hinata était à deux doigts de se lever pour aller secouer le juge de toutes ses forces. Pourquoi était-ce toujours dans les moments cruciaux qu'il fallait attendre des lustres ? Pourquoi faire tant de manière ? Tout ce qu'il voulait, c'était savoir si le cauchemar était fini. Rien d'autre.

« ... coupable. »

Le mot, dénué de sens, résonnait dans l'esprit de Tobio dans une répétition sans fin. Coupable ? Son père était coupable ? Cela signifiait ... qu'il ne leur fera plus de mal ? Soudain, la phrase prit tout son sens lorsqu'il croisa les yeux remplis de rage de son géniteur. Il se leva d'un bon, les yeux exorbités, ne voulant y croire.

C'était comme s'il se réveillait d'un cauchemar. Comme s'il sortait la tête de l'eau. Comme si l'air lui était revenu dans les poumons. Comme si la vie elle-même lui offrait un nouveau départ. Il tituba un instant, hébété, tandis que le monde éclatait de couleur autour de lui. Il était libre... Il était libre de ses démons... Il était libre de la souffrance...

Il sentit deux bras chauds l'entourer, le sortant légèrement de sa léthargie. Il fixa ses saphirs dans les ambres chaleureuses de Shoyo, perdu. Il était libre... d'aimer Shoyo... sans qu'aucun mal ne s'en prenne à eux. Il revoyait toutes les fois où il s'était retrouvé à terre, soumis à la cruauté de son père. Toutes les marques sur sa peau, toute la douleur.

« C'est fini, murmura Hinata. »

Cela acheva de le sortir de son moment de flottement. Des larmes de soulagements coulaient sur ses joues, comme si la douleur s'était transformée en chose liquide pour être expulsée hors de son âme. Il murmura, comme pour s'en convaincre :

« C'est fini... »

Alors il serra Shoyo dans ses bras, de toutes ses forces, de peur qu'il ne lui glisse entre les doigts et qu'il ne se rende compte que tout ça n'était qu'un mirage, une douce idylle dans laquelle il se plaisait à vivre. Il se reposa sur sa tête, ses jambes devenant faibles d'un coup.

« C'est fini. »

Kenma s'affaissa contre Kuroo, heureux d'assister au jour où son ami voyait enfin la lumière au bout du tunnel. Il ne doutait pas un instant que tout allait aller pour le mieux. Après tout, Tobio avait un solide pilier sur qui il pourrait toujours compter. Son soleil de tous les jours, qu'il pourra voir se lever chaque matin, sans restriction.

C'était fini.

« La tendresse est plus forte que la dureté, l'eau est plus forte que le rocher,

l'amour est plus fort que la violence. » 

-Hermann Hesse

☾☽

Et voilà, c'est la fin. J'ai laissé un court épilogue comme dans l'original, sans pratiquement le modifier, car je ne voyais pas quoi ajouté d'autre en fait. Cela aurait été superflus, tout ce que j'aurais pu ajouter. Je tiens aussi à préciser que je ne m'y connais pas du tout dans le judiciaire, donc il y a certainement des incohérences. C'est aussi pourquoi j'ai coupé toutes la longue procédure, sachant qu'ici il n'y a que quelques mois qui se sont passés, mais en réalité, ça doit être beaucoup plus long :(

Dans cette histoire, ça se finit bien. Mais il ne faut pas oublier que dans la réalité, que ce soit des enfants battus comme c'est le cas ici, ou des femmes ou des hommes battus, il y a malheureusement beaucoup moins de fins heureuses.

Cette histoire a été très dure à écrire en 2015 et elle l'a été tout autant en 2022 lorsqu'il a fallu la relire en entier. Même si peu de personnes l'auront lu, au final, je suis contente d'avoir pu contribuer un peu à dénoncer ces violences impardonnables dans un fandom que j'affectionne beaucoup.

Je vous remercie beaucoup de m'avoir suivi dans cette aventure, j'espère que cela vous a plu. On se reverra peut-être sur une autre histoire, qui sait ?

Prenez soin de vous et vos proches !

A la prochaine. 

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