Partie VI

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En deux semaines, les blessures physiques paraissaient toutes envolées et aucune menace ne semblait profiler à l'horizon. Cependant, les deux garçons restaient sur leurs gardes. Malgré cela, Hinata avait fini par s'habituer à dormir dans le même lit que son compagnon et surtout, il adorait se dire qu'il le verrait tous les jours, tout le temps, sans aucune exception.

Il songeait souvent que si le brun devait partir un jour ou l'autre, cela agirait comme un manque, un trou béant au fond de lui, qu'il ne saurait jamais réussir à combler autrement que par la présence de Tobio. Il ne cherchait pas à comprendre pourquoi c'était tombé sur lui, ni pourquoi il en était si accro. C'était comme ça et puis c'est tout.

Leur rituel sous le cerisier n'avait pas disparu pour autant. Au contraire, plus ils passaient de temps ensemble, plus ils en redemandaient. À tel point que parfois, Hinata ne tenait plus en place en cours et qu'il devait se retenir de ne pas se ruer vers la sortie en pleine leçon.

Ses notes s'en faisaient ressentir en chutant considérablement mais à vrai dire, il s'en fichait éperdument. Et ça, ça lui foutait un peu les jetons. Il avait peur de s'être trop attaché à Tobio et s'imaginait toujours le grand brun s'éloigner de lui pour une raison quelconque. Il se rendait peu à peu compte qu'il n'y survivrait pas et il ne savait pas du tout si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

Ils se trouvaient en plein dîner qu'Hinata avait préparé malgré une paresse évidente et Tobio n'avait pas manqué de le remercier en faisant un bruit subtil pour signifier que c'était à son goût. Complètement lessivés, ils ne tardèrent pas à débarrasser et à se glisser sous la couette fraîche.

S'ils se tenaient à une distance respectable l'un de l'autre pour ne pas étouffer l'autre, au cours de la nuit, ils en vinrent à rechercher le contact. C'était toujours comme ça. Ils cherchaient une source de chaleur contre laquelle ils pourraient se reposer. Même plongés dans leurs rêves, ils se trouvaient toujours. Ils étaient certaines fois tellement proches que parfois, ils trouvaient cela pathétiquement romantique et s'en moquaient gentiment.

Mais cette nuit-là, aucuns des deux n'étaient tranquilles. Hinata voyait encore et toujours le dos de Tobio devant lui s'éloigner de plus en plus. Il avait beau courir de toutes ses forces, il ne parvenait jamais à le rattraper et la distance s'agrandissait encore et encore. Mais ce ne fût pas l'angoisse qui lui tordait le ventre qui le réveilla.

Ce fût un cri rempli de détresse qui s'en chargea.

Se réveillant en sursaut, une goutte de sueur glissant le long de sa tempe, Hinata chercha l'origine de ce hurlement. Il tourna la tête et vit Tobio. Sa peau pâle était éclairée par le seul volet qu'il avait oublié de fermer, diffusant la lumière de la lune. Son front brillait et ses membres étaient moites. Il s'agitait frénétiquement, comme pour échapper à quelque chose.

« Tobio, chuchota le plus doucement possible Shoyo, Tobio, réveille-toi. »

Il le secoua légèrement et vit Tobio se relever à grande vitesse, haletant. Il s'accrochait à ses bras et regardait dans chaque recoin de la pièce, redoutant quelque chose. Shoyo sentait ses ongles rentrer dans sa peau mais ne disait rien, préférant continuer de l'appeler doucement et décrivant des cercles avec ses pouces sur sa peau.

« Shoyo, finit par murmurer Tobio. »

Avec surprise, il vit de l'eau traverser les joues pâles de son ami et s'égoutter sur la couette. Ne réfléchissant pas plus, il le força à se recoucher, déposant sa tête au niveau de son organe vital. Tobio s'accrocha à son tee-shirt, des sanglots étouffés parvenant aux oreilles de Shoyo, bousillant un peu plus son cœur à chaque seconde.

« Mon père, il... bredouilla le bleuté.

- Shhh, ça va aller, tenta de calmer Hinata en lui caressant les cheveux.

Les sévices de ton pardon [KageHina]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant