« Tout va bien mon bébé, maman est là. »
Les larmes perlaient ses beaux yeux noisettes, l'une d'entre elles roula sur sa joue rosée. Je l'essuyai délicatement, souriant tristement en notant qu'elle ressemblait de plus en plus à son père. Ses petites...
D'abord vint l'incompréhension. Lorsqu'un être humain apprend une mauvaise nouvelle ou entend quelque chose qui ne lui plaît pas, il donne toujours à son interlocuteur une occasion de modifier sa phrase, comme si il avait simplement mal entendu.
« Pardon ? »
« Est-ce que Camélia est ma fille ? » répèta Dylan, après avoir repris son souffle.
Peu après, je commençai à me faire submerger par une autre émotion. La panique. Non, c'était impossible. Il n'était pas censé savoir, comment l'aurait-il pu ?
« N-non, je ne vois pas de quoi tu parles. »
Instinctivement, je rapprochai ma fille de moi. Comme si cela pouvait l'empêcher d'entendre ce qui se déroulait autour d'elle.
« Phoebe, ne me mens pas. » Ses iris noisettes étincelants étaient à la fois emplis de colère et de désespoir. « C'est vrai, c'est ma fille ? »
Un moment de silence s'écoula, puis ma voix tremblante prononça quelques mots hésitants :
« C-comment l'as-tu su ? »
Il passa une main dans ses cheveux et donna un coup de pied dans le mur du couloir, me faisant sursauter violemment.
« Putain mais c'est pas vrai ! » Il me tourna le dos, et je devinai sans peine qu'il me cachait probablement son visage trempés par les larmes qui brillaient dans ses yeux quelques secondes auparavant. « La question n'est pas de savoir comment je l'ai su Phoebe. Je veux savoir pourquoi tu ne me l'as pas dis ! »
Sur ces derniers mots qu'il avait hurlé, je me mordu la lèvre. La honte s'empara de moi.
« Entre. » dis-je en m'écartant de la porte.
Je n'avais pas très envie que mes voisins assistent à une scène de ce genre. Dylan ne tarda pas à pénétrer dans la pièce, passant une main dans ses cheveux afin de se calmer. Je l'invitai à s'asseoir sur le canapé, puis déposai mon bébé sur son petit tapis de jeu non-loin de nous. Il la contempla sans mot, aussi ému que contrarié.
« Tu l'aurais prise pour une folle. »
Il releva brusquement la tête vers moi.
« Si je t'avais dis qu'une seule fois avait suffit pour me faire tomber enceinte, tu m'aurais prise pour une folle. Et, de toute manière, si ça n'avait pas été le cas, il y avait beaucoup plus de chances pour que tu me demandes d'avorter plutôt que de la garder. Après tout, on ne se connaissait même pas. »
Dylan hocha la tête, sachant que j'avais malheureusement raison.
« Et je n'allais pas te l'annoncer comme une fleur juste après avoir accouché, ça aurait été comme te mettre devant le fait accompli. Alors j'ai décidé de le cacher. »
Il baissa les yeux. Je pinçai les lèvres. Je n'osais même pas imaginer ce qui devait lui tomber sur la tête à cet instant précis. Il joignit ses mains devant son visage, comme si il priait intérieurement. Puis, il demanda :
« C'est quoi son nom complet ? »
« Eh bien... Camélia Madina Tonkin, étant donné qu'elle n'a pas de "père officiel". »
Dylan plongea ses yeux dans les miens, air hésitant.
« Je veux qu'elle porte mon nom. »
« Quoi ?! »
« Je veux qu'elle s'appelle Camélia Madina O'Brien. » Sa voix prit soudain une tonalité suppliante. « S'il te plaît... »
Je bégayai quelques paroles incompréhensibles, surprise.
« M-mais Dylan tu... Ça fait neuf mois qu'elle est née, comment pourrais-je lui donner ton nom, sans savoir si tu vas assumer ? »
« J'assumerai Phoebe. Elle est tellement petite, tellement adorable, je veux avoir une chance de la connaître, de l'élever. C'est ma fille aussi bon sang ! Tu ne voudrais pas que ton enfant porte ton nom si tu étais à ma place et que tu découvrais soudainement que tu avais eu une fille ? »
« Si. » murmurai-je, terriblement hésitante. « Mais, tu ne sais même pas comment t'occuper d'elle... »
« Je peux apprendre Phoebe. Laisse-moi essayer. Pour elle. »
Il me désigna d'un geste de la main Camélia, qui le fixait de ses beaux yeux en amande. Doucement, elle se mit à quatre pattes et se dirigea en titubant vers lui. Il glissa ses mains autour d'elle puis la souleva afin de la mettre sur ses genoux. Elle rit joyeusement, étouffant par la suite un bâillement. Il sourit timidement.
« Tu es sûr de vouloir faire ça ? »
Dylan reporta son attention sur ma personne. D'un coup, la réalité me frappa en pleine face. Lui, avec son bébé sur les genoux, leurs visages quasiment identiques à quelques détails près. C'était ce que j'avais toujours souhaité. Seulement, pourrais-je lui faire totalement confiance ? Qu'est-ce qui ne me garantissait qu'il ne déciderait pas du jour au lendemain de me laisser toute seule avec Camélia ? J'avais appris à gérer tout cela toute seule, mais je ne supporterais pas de devoir expliquer à ma fille que son père serait parti d'un seul coup sans prévenir.
« Je n'ai jamais été aussi certain de quelque chose. Je viens d'apprendre que j'étais père Phoebe, je veux participer à tout cela, je ne peux pas rester sur le côté ! »
Je hochai la tête. Camélia se tourna vers lui et tapota doucement sa joue à l'aide de sa petite main. Il lui embrassa le front.
« D'accord. Alors nous irons à la mairie demain matin. »
Un immense sourire se dessina sur son visage.
« J'ai hâte. »
Oui, moi aussi.
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