J'observais attentivement la main de Dylan saisir le petit stylo devant lui et signer le papier que lui désignait la dame à l'accueil de la mairie. Comme une scène au ralentit, il accepta d'un simple trait d'encre que Camélia porte son nom. Il acceptait d'être son père, de la reconnaître comme étant sa fille légitime. Elle était silencieuse, comme si elle savait que quelque chose d'important se passait.
« Et voilà monsieur. Tout est réglé. »
« C'est tout ? »
« Oui. Votre petit ange s'appelle officiellement Camélia Madina O'Brien. »
Elle adressa un regard attendri à mon bébé, alors qu'il me souriait joyeusement. Je pinçai les lèvres avant d'esquisser à mon tour une mine réjouie. Il ne me restait plus qu'à espérer qu'il assumerait jusqu'au bout. J'avais vu bon nombre de documentaire concernant des jeunes mamans obligées de s'occuper seules de leur enfant à la suite d'un désistement de la part de celui qui était censé être le "père de famille". Je voulais ce qu'il y avait de meilleur pour ma petite fille, hors de question qu'il se rate. Dylan avait beau être l'un des garçons les plus gentils avec lequel j'avais pu avoir l'honneur de discuter avant tout cela, ça ne changeait rien au fait que j'avais très peur pour Camélia. Je le contemplais alors qu'il embrassait doucement la tempe de notre fille. Notre enfant. C'était très étrange pour moi de dire ça ; pour moi elle était encore ma fille, mon bébé. J'allais devoir m'habituer au fait qu'il en était également le parent officiel. Je n'étais plus toute seule. C'est Bryan qui serait fier...
« Bon... Et bien, qu'est-ce qu'on fait maintenant ? » interrogea-t-il, sa main grattant nerveusement sa nuque.
Je connaissais la question qu'il n'osait pas poser. Je savais également pourquoi il ne la posait pas.
« Ça te dirait de manger un bout ? » proposai-je timidement afin de dissiper le malaise qui s'insinuait dans la discussion.
« Oui, bien sûr. »
Je souris, puis repris mon bébé dans mes bras. Elle tétait doucement sa tétine, serrant son doudou contre elle.
« Et toi, ça te plairait de manger ? » Elle me contempla en silence, ses beaux yeux rieurs plongés dans les miens. « Je suis sûre que oui ! »
Sur ces mots, je nichai mon nez dans son cou et entreprit d'y déposer une série de baisers humides qui la firent rire. Je pouffai à mon tour, puis levai les yeux vers Dylan. Il nous regardait attentivement, le sourire aux lèvres. Camélia tendit les bras vers lui, et il la prît contre lui. Nous marchâmes jusqu'à un petit café-restaurant. Une fois là-bas, nous commandâmes à manger, et il entreprît de donner sa purée à sa fille. Ses gestes étaient maladroits, il me rappelait moi durant les premiers mois. Mon téléphone se mit soudainement à sonner, je m'excusai auprès de Dylan avant de m'éloigner légèrement pour répondre. Quelle ne fût pas ma surprise de reconnaître la voix d'Aaron à l'autre bout du fil. Ce n'était pas vraiment le genre de personne qui appréciait téléphoner à ses proches. Il était plus du style à répondre "OK ça va" à n'importe quel message.
« Salut Bee, comment ça va ? »
« Hum, bien et toi ? »
« Nickel. » Il toussota, puis déclara : « Dis-moi, ça te dérangerait de passer à la maison ? »
« Non, pourquoi ça ? » répondis-je en fronçant les sourcils.
« En fait... » Il souffla un bon coup afin de se donner de l'élan pour la suite. « J'ai un rencard ce soir et je ne sais pas cuisiner. »
« Tu as un quoi ?! »
Un éclat de rire m'échappa.
« Oh ça va, je vais demander à maman si c'est comme ça... »
« Non non, attends ! Pourquoi tu me demandes à moi ? »
« Parce que je risque d'en entendre parler jusqu'à la fin de mes jours si je demande à Logan, et je ne parle même pas de maman. »
« Et tu crois qu'avec moi ça passera mieux ? »
« Est-ce que tu veux que je te rappelle l'histoire du vase que tu as cassé il y a des années et pour lequel je m'étais dénoncé à ta place ? J'ai été privé de console et de dessert pendant trois mois Bee ! »
Je me mordus la lèvre, tentant tant bien que mal de me retenir de rire. Si je le faisais, je pouvais être sûre qu'il allait me râler dessus pendant des siècles, à moins que je ne lui offre ma part de tarte à la framboise aux cinquante prochaines réunions de famille. Et jamais de la vie je ne renoncerais à cette délicieuse part.
« Très bien, très bien, je t'aiderai et je ne dirai rien aux autres. »
« Promis ? »
« Juré craché ! »
« Bien. » Je pouvais sentir au ton de sa voix qu'il souriait. « Et, elle est vraiment géniale, alors j'espère que tes talents culinaires se sont améliorés depuis la dernière fois que j'ai mangé chez toi ! »
« Tu n'es venu qu'une seule fois et c'était il y a un an ; j'ai eu Camélia depuis, alors j'ai appris. »
« Oui, bon. À tout à l'heure alors ! »
Et il raccrocha. Je soupirai, faussement agacée. C'était vraiment un idiot parfois, mais je l'adorais. Aaron était celui qui se dénonçait à ma place à chaque fois que je faisais une bêtise et que j'avais trop peur pour oser dire que c'était moi. Il ne m'avait jamais rien demandé en échange, et je le soupçonnais fortement d'apprécier le fait de me voir innocentée et souriante même lorsqu'il était puni durant une période distincte, malgré ce qu'il affirmait fermement. Je retournai auprès de Dylan et de ma fille. Elle riait aux éclats tandis qu'il lui faisait toutes sortes de grimaces amusantes. Je souris tout en m'installant à table.
« Je dois aller chez mon frère Aaron après. Ça te dirait de garder Camélia pendant ce temps ? »
« M-moi ? » Je hochai la tête, les sourcils haussés en attendant sa réponse. « Oui, bien sûr ! Évidemment, j'adorerais ! »
Un sourire se peint sur nos deux visages. Bien, cela lui donnerait l'occasion d'avoir un aperçu de ce qu'il devrait faire en tant que père.
Et moi je pourrais voir si il savait s'occuper d'elle. Ma fille pouvait se montrer très capricieuse quand l'envie lui prenait.
Une sorte... d'épreuve d'admission.
VOUS LISEZ
Young Flower - Dylan O'Brien [FINI]
Fanfic« Tout va bien mon bébé, maman est là. » Les larmes perlaient ses beaux yeux noisettes, l'une d'entre elles roula sur sa joue rosée. Je l'essuyai délicatement, souriant tristement en notant qu'elle ressemblait de plus en plus à son père. Ses petites...