Chapitre 2

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Je me réveille dans un lit aux draps froissés. Le mien. 

Mon pourpoint a été délaissé sur le sol, terni par endroits, et je vois trouble. Je me lève, jette un coup d'oeil à Nicasia étendu sur le lit, la bouche entrouverte. Ses cheveux forment un voile turquoise déposé sur l'oreiller, ses jambes forment un angle droit. Je décide de ne pas la réveiller. Cette nuit reste cette nuit. Et il n'y en aura pas d'autres. 

Je descends prudemment les marches de l'escaliers, habillé d'une tunique à col montant brodée d'épines, dont les breloques en argent scintillent dans la pénombre. Les marches grincent sous mes pas. Je tiens à ne surtout pas réveiller Balekin, à moins qu'il ne soit déjà parti.

Je sors dehors et gagne rapidement l'école d'une marche raide. Quiconque m'approche signe son arrêt de mort. Aujourd'hui plus encore car les détails de la nuit passée me reviennent sans cesse en mémoire, me malmènent l'esprit. Un faux bond et tous en paieront le prix.

***

Les cours passent avec une lenteur exagérée. Poesy, une admiratrice, me fixe avec ambigüité tandis que je lance, d'un ton las :

-Regardez-moi ces deux mortelles... Elle n'ont strictement rien à faire ici. 

Jude et sa sœur déballent avec précipitation les provisions qu'elle ont apporté dans leurs paniers. Leurs yeux brillants font naître en moi une rage indéchiffrable. Je donne un violent coup de pied dans la terre qui va atterrir sur la tranche de Jude. Elle me regarde, et je décèle une lueur de colère dans ses pupilles brun chocolat. Celle-ci serre les dents lorsqu'un sourire méprisant vient s'afficher sur mes lèvres. Je me délecte du spectacle et de sa béatitude se muant en un courroux flamboyant. 

-Il y a un problème ? lui lance Nicasia en passant un bras langoureux autour de mes épaules. De la terre ? C'est pourtant de là que tu viens, simple mortelle. Et c'est là  que tu retourneras bientôt. Prends-en donc une pleine bouchée. 

-Essaie de m'y forcer pour voir. 

Je lâche un petit ricanement qui n'a rien d'amical, et Jude tourne son regard vers moi.

-Je pourrai le faire, tu sais, murmuré-je en penchant légèrement la tête.

Elle écarquille les yeux de frayeur. Je peux presque entendre les battements saccadés de son cœur, tandis qu'elle esquisse un geste vague vers son collier de baies de sorbier. Elle est si impuissante en cet instant... Un seul geste, et tout s'envole. Elle est à ma merci. J'effleure du regard ses courbes chaudes et ses cheveux brun noisette tressés sur sa nuque en un chignon lâche, retenue par une épingle. 

-Il ne vaudrai mieux pas, dit Valerian avec une compassion feinte à l'adresse de Jude.

Je l'observe à son tour projeter de la terre sur les aliments des deux jeunes femmes. 

-Et si on vous promettait d'être sympas avec vous le reste de l'après-midi, à condition que vous mangiez tout ce que vous apportez dans vos paniers ?

Il ajoute, devant leur silence significatif :

-Quoi, vous n'avez pas envi qu'on soit amis ?

Taryn baisse le nez dans son assiette. Je réprime un rire secoué et savoure l'air courroucé de Jude. Nicasia se penche subitement vers elle et ôte sans ménagement une épingle de ses cheveux. Sa tresse retombe dans son dos avec brusquerie.

-Qu'est-ce c'est ? 

Elle brandit le bijoux doré surmonté d'une minuscule grappe de baies d'aubépines en filigrane. 

-Tu l'as volé ? Tu croyais que ça te rendrait belle ? Qu'avec ça,  tu nous ressemblerais ? 

Nicasia se défoule sur Jude, tandis que la jeune femme se mord les joues. Je vois qu'elle a honte, que c'est belle et bien la vérité. Finalement son regard s'arrête sur moi. Je surprends un éclair de jalousie et de désir dans ses prunelles. Elles sont flamboyantes de rage, de colère et d'impuissance. 

-Tu ne seras jamais notre égale, assène Nicasia en me jetant un coup d'oeil entendu. 

Je me contente d'observer la scène, savoure la douleur de Jude en cet instant. 

-Aller, lâche Locke, laissons-les à leur misère. 

-Jude est désolée ! s'exclame Taryn en foudroyant sa sœur du regard. On est toutes les deux désolées. 

-Dans ce cas, qu'elle le prouve, je souris. Dis-lui qu'elle n'a pas sa place au tournoi d'été.

-Quoi ? Tu as peur que je gagne ? ricane Jude en feignant la nonchalance. 

Elle regrette aussitôt ses paroles et baisse légèrement le menton. 

-Les mortels n'ont rien à y faire, déclaré-je d'un ton placide. Retire-toi, ou tu le regretteras.

Jude ouvre la bouche mais sa sœur la devance précipitamment.

-Je vais lui en parler. Ce n'est rien. Juste un jeu.

Je rive mon regard dans celui de Jude. Elle et moi savons très bien que ce n'en est pas un, et qu'à la fin, il n'y aura qu'un seul vainqueur. C'est un vrai combat, pas un simple jeu.

-Oui, tout ça n'est qu'un jeu.

Je lui décoche un sourire méprisant, fait signe à Nicasia de reculer, et fais volte-face dans un froissement de cape sinistre.

Quoi ? Tu as peur que je gagne ? 

Bien plus que ça, j'ai peur qu'elle devienne aussi cruelle que le monde qui l'entoure. Aussi cruelle que moi.



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J'ai fini le troisième tome de cette pure beauté de saga 😭 #lareinesansroyaume

Aidez-moi je vous en prie... J'ai besoin que Jude et Cardan survivent ! 💖

Merci à tous de continuer à lire cette histoire, le troisième chapitre sortira très bientôt. J'espère que vous avez aussi hâte que moi,

Kiss 😙

PS : OMG ! 🙀😻 (ci-dessous)


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Le Prince Cruel { Raconté par CardanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant