Grahamscott [TOME 1]

LES RETROUVAILLES

[POV Nathan]

Enfin seul, me dis-je. Je soupirais bruyamment. Après toutes ces années, c'était ce qui demeurait le plus inchangé... Je secouais la tête pour chasser ces pensées. Maintenant j'avais quelque chose à faire. J'inspectais le salon. Ce type à vraiment un goût étrange... Qui peut vouloir vivre dans cette suite vide de toute décoration ?! J'imaginais ma chambre à Blackwell qui était bien plus remplie que le salon de ce riche millionnaire. Après mûre réflexion, je penchais pour le profil d'un vieil homme sénile.

« Il ne doit pas avoir tous ces neurones en place celui-là... avec tout son argent il aurait au moins pu engager un designer d'intérieur dis-je en m'affalant sur le canapé. »

Il était extrêmement confortable. Je restais allongé là, les bras croisés. Cette situation était toute nouvelle pour moi, j'étais à la fois soulagé d'avoir un travail et amer me retrouver à servir un richissime connard. Moi qui avais tout perdu, il fallait que je travaille pour un type qui devait ressembler comme deux gouttes d'eaux au fameux Nathan Prescott respecté et craint dans tout Arcadia Bay. Quelle ironie... Je me relevais rapidement.

« Maintenant que j'ai un job, je ne vais pas le perdre » me dis-je en réajustant mes cheveux.

Je sortis de la suite impériale pour me diriger vers ma nouvelle chambre. Je ne fus pas surpris de voir qu'elle était tout aussi luxueuse que les appartements de mon « client ». Je m'attardai devant le miroir, mes vêtements étaient de piètre qualité, il était temps que je m'en débarrasse. J'ouvris le placard pour découvrir toutes sortes de costumes plus élégants les uns que les autres. Je saisis un ensemble bleu marine, d'élégantes chaussures, une chemise unie blanche, une ceinture de cuir noir et une cravate d'un gris métallique. J'esquissais un sourire à l'idée qui venait de passer dans mon esprit. Je sortis de mon habitacle et entrais dans la suite, je me dirigeais nonchalamment vers la salle de bain que j'avais jugée plus appropriée que la mienne.

Je me déshabillais et fit couler un bain. Je méritais bien cela, après tout j'allais nettoyer l'ensemble de l'appartement ensuite alors où est le problème riais-je. Je me détendis au contact de l'eau chaude de la baignoire, cela faisait longtemps que je n'avais pas eu l'occasion de me laver convenablement. Ma vue s'illumina en apercevant un bouton sur le côté de la baignoire. Le vieux serait donc un grand coquet... dis-je en arborant un grand sourire, je m'empressai de presser le bouton. Un bain massant... rien que ça... au moins il sait apprécier quelques bonnes choses, marmonnais-je en m'enfonçant un peu plus dans l'eau.

Après une bonne heure, je finis par sortir et m'habiller. Une fois en tenue de travail je nettoyai l'ensemble de l'appartement pour m'occuper. Ceci fait, j'eus même la curiosité de trier la pille de brouillons dans le bureau du vieux. La tâche était impossible, non seulement son écriture laissait à désirer mais les symboles mathématiques n'étaient plus mon fort depuis bien trop longtemps. Les pages entières de calculs incompréhensibles recouvraient l'intégralité du bureau et impossible d'en comprendre le sens. Je corrige tout de suite ma description : c'est un vieux sénile complètement fou à lier... Je ne pu m'empêcher de rire en imaginant cet homme écrire de manière acharnée et compulsive sur le bureau. Enfin... il est peut-être fou mais reconnu, soupirais-je en m'approchant de ses trophées précieusement enfermés dans l'armoire de verre. Le prix Nobels attira mon attention. Plus précisément le nom qui figurait dessus : Gra...ham... J'arquais le sourcil, ce nom me rappelais très vaguement quelque chose. J'aurais juré l'avoir entendu quelque part mais cela me semblait très lointain. Si j'avais croisé un prix Nobel je m'en serais souvenu,pensais-je, et ce n'est certainement pas Blackwell qui produirait un quelconque génie scientifique.Je retournais au salon, je n'avais plus rien à faire. Je soupirais longuement en m'asseyant dans le canapé. Je regardais ma nouvelle montre nerveusement... 17h23... Le temps s'écoulait très lentement, et je ne pouvais m'empêcher de me demander qui pouvait bien être ce type. Tout nous opposait déjà, lui, il avait réussi. Je saisis mon téléphone portable et inspectai rapidement mon visage. Je ne m'étais pas rasé à blanc, je préférais entretenir une barbe de quelques jours. J'avais du mal à me reconnaître à vrai dire. Dans cette tenue impressionnante je pouvais me faire passer pour quelqu'un de fort respectable et il fallait que je fasse bonne impression ce soir. Je mis une alarme pour 20h47, une sieste me ferait certainement du bien. Tout va bien... me murmurais-je, il suffit juste de faire ce qu'on te demande...Je passais une main tremblante sur mon visage, alors que je devenais quelque peu anxieux. On ne pouvait pas effacer des années de culpabilité et de souffrance en un claquement de doigt... je suppose.