DOUBLE JEU

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[POV Nathan]

Jeudi, 19h43 j'attends toujours cet imbécile au 13e numéro de la 25e rue Avenue Clinton. Heureusement que je lui avais précisé d'être dehors à 25... Je tapotais nerveusement le volant de la voiture de mes doigts. Cela commençait vraiment à devenir ridicule. Quel genre d'homme d'affaire ou de scientifique pourrait être aussi négligé sur l'horaire et d'un vulgaire pareil ?! Je patientais bien encore dix minutes avant qu'il ne finisse pas sortir. Je lui fis un signe de la main pour qu'il monte. Il ouvrit la première portière et s'écrasa sur le siège.

« Habituellement les invités montent à l'arrière-monsieur » lui lançais-je péniblement.

Tout chez lui m'exaspérait déjà. Son accoutrement était un peu trop détendu à mon goût : une chemine légèrement entr'ouverte laissant paraître une chaînette des plus ridicule, un pantalon moulant, des chaussures habillés comme seul élément distingué. Il tenait sa veste sur les genoux, encore essoufflé de la course après la montre je suppose. Un effort notable au niveau de la coiffure mais rien de plus. Mais le pire n'était pas là. Sa façon de s'avachir, les jambes écartées, était des plus désopilantes. Et ce sourire benêt... Mon Dieu, ce que sa vue m'est insupportable.

« Je ne savais pas pardon » s'excusa-t-il honteusement sans pour autant changer de place. Je me résignais et démarrais la voiture.

Un silence gênant s'installa pendant lequel le passager turbulent se tournait dans tout les sens admirant l'intérieur de la limousine avec les yeux pétillants d'un enfant, marmonnant ponctuellement une interjection admirative. La mascarade continua jusqu'à que nous arrivions à l'appartement.

[POV Warren]

Il ne devrait pas tarder me disais-je, débarrassant rapidement mes affaires de travail de la chambre. Enfin, un peu de d'amusement dans ces journées monotones... Même si Nathan à lui seul était déjà une source de divertissement. Je me remémorais le sourire aux lèvres la tête qu'il avait ce matin lorsqu'il m'avait apporté mon déjeuner, des crevasses sous les yeux et un air exaspéré dès les premières heures du jour, la journée avait dû être longue pour lui. Enfin, toutes ces pensées sont bien secondaires. Je réglais encore quelques détails avant d'arranger mes cheveux dans la glace, retirant mes lunettes et les rangeant dans un des tiroirs. Beaucoup mieux. Il est vrai que mon physique était tout à mon avantage, un visage sans imperfection, rasé... Qui ne craquerait pas ? Je me dirigeais dans le salon en entendant quelqu'un frapper. Je venais juste de régler les derniers préparatifs.

« Entrez ! Me contentais-je de dire, le sourire aux lèvres.

La porte s'ouvrit sur l'air un peu trop heureux de Zach et de celui plus décomposé... enfin exaspéré de Nathan. Il devait avoir passé un sale moment, et je ne pouvais m'empêcher de rire intérieurement en imaginant le voyage avec ces deux-là.

Monsieur, vôtre invité dit-il respectueusement.

L'autre me fit un grand sourire avant d'ajouter : Salut Warren, ça fait longtemps !

Je lui rendis son sourire à ma façon. Me retournant ensuite vers l'air intrigué de Nathan qui n'avait certainement toujours pas compris...

Nathan veuillez nous laisser je vous prie, lui demandais-je. Il s'exécuta aussitôt. Son air de chien perdu sans son maître m'amusait beaucoup. Une fois la porte refermée je prenais la main de Zach qui trépignait d'impatience.

En effet, ça faisait longtemps Zachary, lui murmurais-je à l'oreille. Allons fêter nos retrouvailles dans la chambre veux-tu ? »

Les rougeurs sur ses joues me donnèrent son accord.

Grahamscott [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant