En Cavale

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Une fois loin de Finger Lakes, Steve se gara sur le bas-côté de la route, en laissant le moteur tourner. Bucky, qui était resté parfaitement silencieux, se tourna vers lui:
- Qu'est-ce que tu fais? Demanda t'il d'une voix éteinte.
- Je programme le GPS....
- Pour quel endroit?
- Je sais pas....

Après un moment d'hésitation, le blond se décida enfin à pianoter sur l'écran. Bientôt, un itinéraire et une durée de trajet s'affichèrent, mais le brun n'arrivait pas à déchiffrer toutes ces informations:
- Je sais pas lire Steve.... On va où au juste?
- J'ai une idée... Mais il y a trente-et-une heures de bagnole à faire! Le prévint l'alpha.
- De toute façon on peut pas rester là....
- On est d'accord!... Alors c'est repartit...

Ils roulèrent dans un silence funeste jusqu'à une heure avancée de la soirée.
Après avoir passé un moment à éponger le sang de sa marque au cou; Bucky l'avait dissimulée sous le bandana qui cachait, en temps normal, l'arme de Steve dans la boîte à gants. Depuis, il s'était fermé, muré dans le silence, prisonnier de ses démons.
Steve ne savait pas quoi dire, il avait peur de le heurter davantage. Il l'observait discrètement, alors que le brun était appuyé contre la fenêtre, le regard dans le vague; perdu dans les abîmes....

Steve avait dit qu'il l'aimait... Mais comment était-ce possible? Pierce avait raison, il aimait le baiser; il ne l'aimait pas tout court. C'était impossible. En tout cas plus maintenant. Pierce l'avait marqué, faisant de lui un peu plus son esclave. Maintenant, il ne sentait plus Steve; il ne sentait plus la douceur du bois de genévrier. Et il savait que le blond ne le sentait plus non plus. Bucky était imprégné de l'odeur d'ambre et de tabac de son tortionnaire; lui rappelant, à chaque minute qui passait, que Pierce lui avait enlevé le peu de dignité qui lui restait. Il avait finit de le déshumaniser, le réduisant à l'état d'objet; son objet.... Nul autre que Pierce ne pourrait plus être attiré par ses phéromones, avoir envie de s'accoupler à lui; de s'unir à lui...
Il faisait pitié.
Il avait mal.
Il avait l'habitude d'avoir mal. Il finit par se dire qu'il était destiné à souffrir; destiné aux brimades, destiné à la violence.
C'était le plan que Dieu avait prévu pour lui. Après tout, Dieu ne pouvait être qu'un alpha alors que pouvait-il bien en avoir à faire de lui, Bucky Barnes?
Il avait tant besoin de réconfort, tant besoin de se sentir apaisé et rassuré par les phéromones de son alpha.

Sauf que son alpha, c'était Pierce maintenant; et pour de vrai.... Et jamais Pierce ne se forcerait à dégager des phéromones apaisantes pour lui!

Bucky souffrait, c'était évident. Steve ne pouvait plus distinguer les nuances dégagées par ses phéromones pour l'avertir de ses changements d'humeur. Il ne pouvait plus rien sentir du tout d'ailleurs...C'était terrible, jamais il ne lui était autant apparu comme un étranger; même au tout début où il était arrivé à Kinepolis. Steve n'osait pas imaginer l'épreuve qu'était en train de traverser l'oméga. Se retrouver lié à un personnage tel que Pierce, qui lui avait fait tant de mal, qui lui avait tant prit...
A vrai dire il lui avait tout prit désormais. Le désespoir émanait de tout l'être du brun; Steve aurait voulu l'apaiser avec ses phéromones, comme il l'avait déjà fait auparavant; comme si c'était son oméga. Mais c'était impossible .

Son alpha c'était Pierce maintenant; et pour de vrai... Pierce avait tout prit à Bucky, mais pas qu'à lui! Il avait tout prit à Steve aussi... Son fantasme de devenir l'alpha du brun, cet espoir, ce rêve...

A moins que....

Vers vingt-tois heures, Steve se gara sur le parking d'un road-motel miteux, quelque part près de Roanoke en Virginie.
Les deux hommes descendirent avec plaisir de la R8, les membres complètement endoloris après avoir fait moins de la moitié du trajet. Ils s'installèrent dans une petite chambre vétuste et pas très propre, mais ils étaient tellement épuisés qu'ils n'y prétèrent pas attention. Ils n'avaient aucune affaire de rechange, rien. Heureusement, Steve avait de l'argent; ils se firent donc livrer deux pizzas et de l'eau.
Après avoir partagé ce frugal repas, assis côte à côte sur l'unique lit; Steve se décida enfin à rompre le silence:
- Ca va aller Bucky? Je veux dire, tu as assez mangé? S'empressa t'il de reformuler.
Le brun lui sourit enfin; un tout petit sourire du coin de la lèvre; mais Steve respira enfin, pour la première fois depuis le chalet lui sembla t'il.
- Oui, merci Steve. Lui répondit-il, timidement.
- Tu veux que je te fasse couler un bain?
- Pourquoi pas? Finit par répondre le brun, d'une voix lasse.

Stucky omégaverse [Omégaverse] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant