Pdv : Rosa
Je sentis le corps collé à moi s'écrouler et tomber à mes pieds. Des giclées de sang avaient repeint mon visage. Des gouttes avaient atterris sur mes lèvres, un gout de fer se glissa dans ma bouche. Je posa mes yeux vers le sol et vis l'homme à terre , une mare de sang se répandant autour de son crâne. Je mis quelques secondes avant d'assimiler la scène, et pétrifiée, je tourna ma tête vers la droite.
Ayden.
Il était là, devant moi, dans le noir de San Francisco. J'arrivais tout de même à le reconnaître, sa carrure divine, son expression glaciale, et son putain de flingue. Surement le même qui avait transpercé les portes des toilettes, qui avait visé à quelques centimètres de ma tete, qui avait failli me tuer.
Ce soir, ce n'était pas moi la cible. Mais ce pervers qui me salissait un peu plus chaque seconde. Mais méritait- il de nager dans son sang, d'avoir cette balle transperçant sa boîte crânienne puis percuter sa cervelle ?
Ce n'était pas le premier cadavre que je voyais, mais le premier avec autant de sang. Le premier meurtre dont j'étais témoin. Le premier où j'avais peur d'être la suivante sur la liste.
Je me dégageais du corps qui se trouvait devant moi, et j'avança vers Ayden. La pluie commençait à s'abattre sur nous, la flaque de sang se mélangea avec les gouttes et se dilua pour tendre vers un léger rosé. Ayden ne bougeait pas, il avait les bras le long de son corps, l'arme du crime en main, et ne me lâchait pas du regard.
Je fixa silencieusement ces yeux et ne m'arrêta pas trop près de lui. Dire que je n'avais pas peur serait mentir, il me terrorisait. Mais paradoxalement, il venait de me protéger. Qui sait ce que cet homme m'aurait fait s'il n'était pas intervenu.
- Pourquoi tu l'as tué ? Je décida de briser le silence qui ne devenait que trop lourd.
- Pourquoi j'aurais dû le laisser en vie ? me répondit-il, aussi froidement que l'air qui passait sur le haut de mon corps encore nu.
Quand je m'en apperçu, je croisa instinctivement les mains sur ma poitrine, modestement vêtue d'un soutien gorge.
Peut-être parce que ce n'est pas à toi de décider qui vit et qui meurt ? Je réfléchis à mes mots, ne voulant pas envenimer la situation.
- Parce qu'on ne peut pas pointer une arme dès que quelque chose ne nous plaît pas, parce qu'il y a des lois, et que tu n'es pas au-dessus des lois et encore moins au-dessus de Dieu.
Il souria, c'est la première fois que je le vis sourire. Mais cela sonnait faux. Il se foutait royalement de ce que je pouvais lui dire.
- Dieu m'a déjà envoyé en enfer, trésor. Contente-toi de me remercier, tu n'avais rien à faire là, je t'avais déjà prévenue.
Mon sang monta à mon cerveau. Il venait réellement de dire que c'était de ma faute ? Je me rapprocha davantage de son corps, avec l'envie de l'insulter de tous les noms.
- Tu n'as pas à décider de l'endroit où je dois être ou ne pas être, trésor lui crachais-je en insistant sarcastiquement sur le "trésor" qui sortait beaucoup trop de sa bouche à mon goût.
Après mes mots, il avança jusqu'à supprimer la distance qui nous séparait. J'imagina instantanément cet homme qui venait de se coller à moi et de me toucher sans mon consentement ce qui me fis reculer de quelques pas. Il n'en tena pas compte et renchérit.
- Je décide de tout dans cette ville, et tu n'y échapperas pas. Et ne recule pas trésor, même avec un couteau sous la gorge je ne te toucherais pas. Je ne baise pas les filles comme toi. Par contre, je joue avec leur peur, je les fais souffrir, je peux même les tuer si elles me cassent trop les couilles.
Je retenais ma respiration. D'un coté, je savais qu'il pourrait me tuer, il avait déja essayer. Et il pourrait recommencer. Mais d'un autre côté, il venait de tirer une balle dans son camp, il venait de tuer un homme pour ne pas qu'il me viole ou pire.
Je ne pouvais pas partir en courant. Encore moins après ce qu'il venait de me dire. Il n'attendait que ça, jouir de son emprise, de son pouvoir et se prouver qu'il me dominait, comme il dominait le monde.
- Tu ne feras rien, tu as assassiné cet homme pour l'empêcher de me violer. Tu ne me tueras pas, et tu sais pourquoi ? Parce que t'as pris la peine de tuer pour que je reste en vie. Je n'ai pas peur de toi, plus après ce que tu viens de faire.
J'essaya de garder une allure confiante et débita tous mes mots, ne lui laissant pas le temps de m'interrompre.
- Alors j'irai où je veux, ce soir, demain, ou dans deux semaines. Et tu ne feras rien, parce que je ne t'appartiens pas.
Il fronça les sourcils et se rapprocha de moi. Il plaqua son corps musclé contre le mien qui restait faiblement vêtue. L'averse ne cessait pas, ce qui faisait boucler un peu plus ses cheveux sombres. Des gouttes dégoulinaient de ses mèches et tombaient sur mes seins à cause de la proximité de nos corps.
Il attrapa fermement ma gorge. Surprise, je mis quelques secondes avant d'essayer de me défendre. Je posa mes mains sur ses avants bras, essayant de le dégager de mon cou. Je frappa ses bras fermes mais plus je donnais des coups plus il resserait l'emprise sur ma gorge. Je le suppliais du regard, mais il ne laissait transparaître aucune émotion. Comme s'il avait fait ça toute sa vie, comme si je n'étais rien d'autre qu'un mouchoir qu'on pouvait froisser, tordre, déchirer. Je n'avais aucune valeur. Ma vue commença à se troubler, je ne percevais plus que la forme de son visage et les taches d'encre noire qui décoraient son cou et ses mains.
- Trésor, trésor, dit-il en soufflant, comme exaspéré par la situation. Je crois qu'on est parti sur de mauvaises bases toi et moi. Comment on va pouvoir arranger ça maintenant ?
Il pressa de plus en plus mon cou, l'air ne passait pratiquement plus. Ma respiration était difficile, douloureuse et bruyante. Je m'agitais de plus en plus, griffant son corps avec mes ongles pour qu'il relâche sa prise. Mais cela ne semblait que la renforcer.
J'arrêta progressivement de me battre, comme je l'avais déjà retranscrit dans mes textes. Quand cela devenait trop douloureux, j'avais pour habitude de me laisser envahir pour ne plus souffrir. Et c'était tout ce que je voulais, ne plus souffrir.
J'ai d'abord lutté, nageant à contre courant, me débattant pour laisser la tête hors de l'eau. J'y ai laissé toutes mes tripes, me vidant de mes dernières ressources , sentant mon corps plonger de plus en plus. Alors je me suis laissée submerger, inonder.
Puis, plus rien. Le vide, le néant.
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Je me suis réveillée sur un canapé. Je n'étais pas chez moi. Je posa les mains sur ma gorge qui me faisait terriblement mal et me rappela de ce qu'il s'était passé il y a quelques heures ou la veille, je n'en savais rien. Depuis quand j'étais la ? Je regardais autour de moi, j'étais sur un vieux canapé en cuir, celui du Blood Tex. Je portais seulement un long tee shirt blanc.
Je me leva et avança vers la porte pour voir s'il y avait quelqu'un. Je n'eus pas le temps de faire quoi que ce soit, je vis Ayden dans un coin de la pièce, sur un imposant fauteuil en cuir, fumant une clope. Il regarda mes cuisses dénudées de bas en haut, et remonta jusqu'à mes yeux. Il souffla une fumée épaisse et écrasa la fin de sa cigarette dans son verre. Tout en continuant de me fixer, il prit appui sur les accoudoirs et se leva lentement. Il passa derriere le bar et remplit un verre de Scotch. Il s'accouda sur le bar en bois et bu une gorgée avant de reposer son attention sur moi.
- Je suis content que tu sois réveillée trésor, on doit parler de ton tocard de pote.
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🖋 Holà, un cinquième chapitre en ligne ! J'ai énormément pris de plaisir à l'écrire, on commence à entrer dans le vif de l'histoire !
D'après vous, de quoi vont parler Rosa et Ayden dans le prochain chapitre ?
Petite surprise dans le prochain chapitre, le point de vue va changer, on ne sera plus dans la tête de Rosa, mais dans celle d'un autre personnage...
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Des lèvres qui répondent à mes je t'aime
RomanceBalzac avait raison : j'ai assez d'amour pour préférer son bonheur au mien, sa vie à la mienne. J'ai longtemps rêvé de cet amour, celui qui est pur, simple et doux. Je n'aurai jamais cru connaître l'amour pulsionnel, inconditionnel celui qui te dévo...