Chapitre 18

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En moins de quinze minutes, Harry était de retour dans l'appartement de Tom. Le chemin entre le pub et l'immeuble luxueux était à la fois passé à la vitesse de l'éclair et à la lenteur d'un escargot tant son esprit avait été envahi par une pléthore de questionnements, de peurs et de colère. Tout bouillonnait littéralement en lui et Harry avait l'impression de perdre les pédales. Le choc d'avoir assisté à une véritable guérilla urbaine le faisait trembler de la tête aux pieds et il pouvait encore entendre le bruit des déflagrations à chaque coup de feu.

Severus Snape l'avait conduit jusqu'à l'appartement sans prononcer le moindre mot, obéissant à l'ordre de son patron. Mais Harry avait de toute façon été incapable de lui adresser la parole. Tout explosait dans sa tête tant sa confusion était grande. Il était incapable de tenir en place. Il avait d'abord essayé de s'asseoir sur l'un des tabourets accolés au bar de la cuisine mais Harry trépignait littéralement d'impatience de voir Tom passer cette foutue porte d'entrée pour enfin l'entendre répondre à ses questions.

Le goût amer de la trahison se propagea en lui. Comment avait-il pu être aussi naïf ? Aussi stupide ? Dès leur première dispute au sujet d'armes à feux, Harry aurait dû mettre les voiles et ne jamais,  jamais, revenir dans ce foutu appartement auprès de ce foutu Tom Jedusor. Il le sentait. Il sentait au fond de lui que Tom maniait les mots – et visiblement même les armes – avec une facilité déconcertante. Il lui avait embrouillé le cerveau en lui parlant de travail, de sécurité, de richesses jalousées, etc. Toutes les justifications de Tom étaient probablement exactes mais elles ne renvoyaient pas exactement au monde de l'entreprise. Plutôt à celui du crime organisé.

« Je ne suis qu'un pauvre crétin, n'est-ce pas ? » aboya t-il en se tournant vers Snape. « Comment ai-je pu faire confiance une seule seconde à cet espèce de connard ? »

Snape, appuyé contre le comptoir de cuisine, affichait un air impassible et c'était frustrant pour Harry de le voir si calme, si dénué de sentiment. Il avait envie d'aller vers lui et de le secouer avec force. Juste pour lui demander d'avoir l'air un peu choqué afin qu'il se sente moins seul. L'homme pouvait-il comprendre, juste une putain de secondes, le carnage dans sa tête ?

« Je savais qu'il me cachait des choses. Il est tellement secret et paranoïaque, » reprit-il en foulant le sol tel un lion en cage. « Mais maintenant, je comprends pourquoi il se trimballe avec deux gorilles constamment à ses basques. Je ne pouvais juste pas m'imaginer qu'il travaillait pour la mafia ! »

« Vous devriez boire quelque chose, Monsieur Potter, » conseilla Snape d'une voix lente.

« Je ne veux rien boire ! Je veux seulement qu'il rentre et qu'il m'explique ce bordel ! » hurla Harry en agitant ses bras autour de lui.

Harry fut même incapable de se sentir embarrassé par sa vive réaction. Sa respiration était laborieuse et en passant une main sur son visage, il constata qu'il tremblait encore. Il ferma les yeux pour les rouvrir aussitôt, incapable de supporter revoir encore ces derniers moments dans le pub de Peter Pettigrow.

Une sonnerie stridente le fit soudain sursauter. Il tourna la tête vers le comptoir de cuisine, là où il avait posé son téléphone portable en rentrant dans l'appartement. Snape, sans aucune gêne, attrapa le mobile près de lui et Harry fut quasiment sûr de voir le choc traverser son regard l'espace d'une seconde avant qu'il ne redevienne impassible.

« Votre mère vous appelle, » déclara t-il froidement en agitant son téléphone dans les airs.

« Oh bon sang, je lui avais dis que je rentrais manger, » balbutia Harry en regardant de loin l'image de sa mère indiquer son appel. « Je... Je la rappellerai plus tard. »

Au bout de quelques secondes, la sonnerie s'éteignit et Snape reposa le mobile sur le comptoir. Quelque peu calmé par le fait de voir sa mère tenter de le joindre, Harry attrapa son téléphone pour le mettre en silencieux. Peu importe si son absence de réponse lui apportait des ennuis : Harry était tout bonnement incapable de décrocher et de parler à sa mère dans l'immédiat.

L'incorrigible AttractionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant