Chapitre 47

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Ce matin là, quand Tom ouvrit les yeux et que son regard tomba sur le plafond gris et terne de sa cellule, il sut que la journée serait mauvaise. Depuis son plus jeune âge, il avait toujours été très sensible à ce genre de pressentiment et, ceux-ci se révélaient rarement faux. Après un bref soupir, Tom repoussa la couverture rêche avec une grimace. Lui qui, après une enfance assez démunie dans un orphelinat de Londres, s'était habitué aux bonnes choses s'était soudain retrouvé à un dénuement sévère qui faisait remonter des souvenirs désagréables à la surface de son esprit.

En passant une main sur son visage fatigué, Tom quitta le lit et se traîna bon gré mal gré jusqu'au petit lavabo installé dans un coin étriqué de sa cellule. Celle-ci était petite, à peine 6m² mais par chance, considéré comme un détenu à haut risque, il avait été épargné d'un codétenu. Les autorités craignaient trop de le voir convertir des prisonniers à la mafia et faisaient tout pour l'isoler. Ses repas étaient servis dans sa cellule, comme tout ceux cloîtrés à une surveillance étroite et il prenait sa douche en même temps que d'autres détenus mais ils étaient constamment accompagnés par un gardien. Malgré leurs efforts, il finissait toujours par croiser d'autres hommes lors de ses sorties dans la cour ultra sécurisée de la prison.

Tom jeta un regard neutre à son reflet dans le petit miroir ovale incassable fixé par de la colle de mauvaise qualité au-dessus du lavabo. Après quatre mois d'incarcération, les premiers stigmates de son enfermement apparaissaient sur son visage. Déjà pâle de nature, il l'était encore plus. Ses yeux rouges ressortaient étrangement et lui donnaient un air encore plus sévère. Il avait perdu un peu de poids même si Tom veillait à conserver son corps athlétique et musclé. Le sport et la musculation étaient d'ailleurs les deux seules activités que Tom pouvait exercer sans avoir à interpeller un gardien qui, à coup sûr, s'amusait à le faire poireauter pour toute demande.

Bande de connards.

Décidé à ne pas se laisser consumer par la colère, l'homme détacha son regard de son image et le tourna vers les barreaux de sa cellule. Il se trouvait au troisième et dernier étage de cette section de la prison. C'était une énorme pièce rectangulaire dont les quatre côtés étaient remplis par des cellules. Le centre du rez-de-chaussée était vide et le PC de sécurité – une structure toute en verre – où les gardiens se réfugiaient pour les surveiller sans se déplacer, se trouvait là. Tom plissa le nez en constatant qu'il était déjà dix heures. Par chance, vivre en prison ne l'avait pas empêché de garder sa bonne habitude de faire des grasses matinées même si le boucan permanent rendait son sommeil plus léger.

En silence, Tom troqua son pyjama inconfortable et enfila sa tenue de prisonnier tout aussi désagréable à porter. Narcissa avait tout fait pour améliorer ses conditions de vie mais l'administration pénitentiaire freinait des quatre fers pour cela. Au bout de quatre mois, Tom n'avait toujours pas eu accès aux vêtements et sous-vêtements confortables apportés par son avocate, ni aux produits d'hygiène et encore moins aux aliments-bonus pourtant autorisés pour les autres détenus. Narcissa avait seulement pu lui faire parvenir une poignée de livres qu'elle s'attelait à lui renouveler régulièrement à chacune de ses visites. Lire et faire de la musculation étaient les deux seules activités permettant à Tom d'échapper à son quotidien morne.

Mais l'homme ne se laissait pas abattre. Non, loin de là. Son objectif principal était pour le moment de se faire oublier et il pouvait déjà voir la méfiance des gardiens à son encontre s'affaiblir de jour en jour. En accueillant le patron de la mafia, le personnel pénitencier craignait certainement de voir un chef de gang cherchant de nouvelles recrues et de l'observer poursuivre ses petites affaires envahir la prison mais Tom était resté loin de tout cela. Pour ne pas avoir à passer vingt-six foutues années dans cette maudite prison, Tom n'avait guère d'autres choix que d'adopter un comportement exemplaire, de se faire oublier pour pouvoir, le moment venu, s'extirper de cette situation complexe.

L'incorrigible AttractionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant