Chapitre 40

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L'attente du procès permit à Harry de garder la face et de tenir le coup. Il continuait à sourire auprès des siens, à se lever en forme et à se coucher sans trop de difficultés, à participer aux repas de familles sans broncher face au malaise permanent dont personne ne semblait parvenir à se départir. Sa soudaine inactivité forcée l'avait convaincu à s'occuper coûte que coûte de choses et d'autres. Il avait tondu le grand jardin des Potter, rangé sa chambre de fond en comble, aidé sa mère à faire un tri dans le grenier et dans la cave. Bref, Harry refusait de baisser les bras et de simplement croire que Tom Jedusor allait finir en prison définitivement suite au procès prévu à la fin du mois.

Mais quiconque connaissant un minimum Harry voyait combien il se voilait la face. Derrière ses sourires se révélait des yeux souvent voilés par l'inquiétude. Ses pensées l'amenaient bien loin de l'espace physique dans lequel il était réellement. Il n'était pas rare que ses proches l'interpellent plusieurs fois avant de parvenir à capter son attention. Lors des repas, il picorait plus qu'il ne mangeait réellement. S'il s'endormait plutôt facilement, un réveil nocturne le frappait de plus en plus souvent et il restait alors, allongé sur son lit, les yeux rivés au plafond, à subir l'impitoyable lenteur de la nuit.

Sans compter que Harry ne sortait pas de la maison. Si ses parents en avaient d'abord été soulagé, heureux de ne pas le voir fréquenter d'autres personnes aussi peu recommandables que Tom Jedusor, ils étaient à présent inquiet de le voir tellement reclus. Seuls Hermione et Neville, à présent eux aussi tous les deux en vacances, s'invitaient régulièrement dans la maison pour venir saluer Harry et passer un peu de temps avec lui. Ce geste amical faisait chaud au cœur à Harry mais très vite, le besoin d'être seul reprenait le dessus et il se surprenait à vouloir les voir partir loin de sa prison dorée. Il finissait toujours par prétendre avoir quelque chose à faire.

Ses seules sorties étaient pour courir près de la maison et pour rendre visite à son avocate, Narcissa Malefoy. Quelques jours plus tôt, il avait accompagné Neville et Hermione, tous les deux prochainement interrogés par la police au sujet de leur rencontre avec Tom Jedusor. Ses deux amis, très angoissés de se retrouver à leur tour de  ce côté là,  avaient été profondément soulagé par la préparation quasi-militaire effectuée par Narcissa. Elle n'avait rien laissé au hasard, leur posant de plus en plus de questions pointues et délicates, juste pour les mettre dans l'embarras et les rendre confus.

« Ça sera un bon entraînement pour voir comment un avocat peut empêcher son client de paniquer, » avait ri nerveusement Hermione, consciente de faire face à un service déterminé à recueillir le plus d'éléments sur Jedusor.

C'était exactement ce qu'il s'était passé lors de leur convocation au commissariat. Harry, malgré la réserve de ses parents, avait tenu à les accompagner. Tandis que Neville et Hermione étaient interrogés à tour de rôle, Harry était resté dans le couloir adjacent, subissant sans sourciller – ou presque – le regard des collègues de son père et de son parrain. Une bonne partie d'entre eux savait que le mystérieux compagnon de Jedusor nommé dans les médias, c'était lui. Par chance, le contrat de confidentialité posé sur cette affaire les réduisait au silence, au risque de perdre leur boulot. Hermione et Neville avaient été interrogé par Kingsley et Maugrey. James et Sirius n'étaient pas très loin, surveillant tout ce qu'il se passait sans intervenir.

À la fin de la matinée, après une heure d'interrogatoire chacun, ses deux amis étaient ressortis fatigués et anxieux. Narcissa les avait aussitôt rassuré sur la qualité de leur témoignage. Harry n'avait qu'un bref aperçu de tout ce qui avait été dit durant ce temps mais une chose était sûre : Hermione n'avait pas parlé de la dispute entre Tom et lui en octobre, et surtout des armes et de l'énorme somme d'argent liquide trouvées dans le coffre-fort de son amant. Harry lui en sera éternellement reconnaissant. Il voyait combien cette omission volontaire pesait sur la conscience de sa meilleure amie et il ne cessait de la remercier à demis-mots à chacune de leur rencontre. La jeune femme refusait toutefois d'aborder le sujet une nouvelle fois, bouleversée d'avoir sciemment omis de raconter une telle chose aux forces de l'ordre.

L'incorrigible AttractionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant