Chapitre 23

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La prise de la déposition prit plus de temps que Harry ne l'avait imaginé. Depuis son arrivée au commissariat, son père avait fini par le lâcher et il se trouvait dans l'un des bureaux réservé à l'accueil du public. Notamment pour les dépositions. C'était une petite pièce aux murs gris et éclairée à l'aide de néon à l'éclairage jaune. Autour d'une table carrée se trouvait quatre chaises et pour rendre la pièce moins austère, James avait fait venir pour eux une théière fumante, du soda, la vaisselle nécessaire pour boire et des barres de chocolat. Harry avait toutefois été incapable d'avaler quoique ce soit.

Drago était à ses côtés, les yeux rivés dans le vide. Il n'avait quasiment pas prononcé un mot depuis la fusillade. Lucius était actuellement interrogé dans une pièce similaire juste à côté de la leur. Harry était tétanisé de savoir que l'homme était en train de mentir sciemment aux policiers. Il n'avait pas eu l'opportunité d'adresser le moindre mot en privée à son patron. D'ailleurs, avant d'entrer dans la pièce pour y faire sa déposition en compagnie de deux policiers, Lucius lui avait lancé un dernier regard entendu.

En poussant un soupir tremblant, Harry posa ses coudes sur la table et se frotta le visage avec ses mains. Une fatigue écrasante était en train de le terrasser. Même si la porte était ouverte, que des policiers venaient régulièrement s'assurer que tout allait bien pour eux, il avait le sentiment d'être un délinquant attendant l'heure de subir un interrogatoire. Ce qui était absolument faux évidemment puisqu'il allait se contenter de faire une déposition au sujet de la fusillade. Mais l'environnement le glaçait de l'intérieur.

« C'est un truc de fou, » souffla Drago dans le silence assourdissant de la pièce. « Je ne peux pas croire que... On a failli se faire descendre en pleine rue. »

« Je sais, » haleta Harry en tournant la tête vers lui. « C'est une histoire complètement démente. Je... Je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. »

Il jeta un regard vers la porte d'entrée de la pièce grande ouverte mais le couloir semblait désert. James et Sirius dirigeaient l'enquête en cours et d'après ce que Harry avait pu saisir, tout un travail était à faire par les forces de l'ordre : repérer et analyser les traces balistiques sur la zone de la fusillade, envoyer au laboratoire criminel les douilles retrouvées sur place, exploiter les caméras de surveillance disposées dans la rue, etc.

« On m'a visé moi, » chuchota t-il avec force en se penchant vers son camarade. « Tout ça parce que... parce que... »

« Parce que tu baises avec Tom Jedusor, » murmura Drago, les sourcils froncés.

Le visage de Harry perdit toutes ses couleurs et il secoua la tête avec force. Il n'eut même pas la force de se sentir embarrassé par les mots crus de Drago. Avait-il raison ? La fusillade l'avait visé car il avait été l'amant de Tom ? Probablement. Quelle autre raison de toute façon ?

Oh bon sang ! Harry n'avait rien demandé de cela ! Il n'était pas le genre d'homme à courir après l'adrénaline ou les ennuis. Même s'il avait été prêt à accepter que Tom dirige la mafia, il n'était en aucun cas capable de supporter une existence où sa vie était en jeu. Ce n'était clairement pas un de ses objectifs de vie !

« Comment ont-ils pu le savoir ? »

« Il doit être surveillé constamment, » dit Drago en veillant à parler de façon quasiment inaudible. « Vous êtes sortis ensemble pendant plusieurs mois. Vous avez sûrement été repéré dans des endroits publics. »

« C'est... C'est moi qui ai insisté pour qu'on fasse des choses normales, » plaida difficilement Harry, les yeux baissés sur ses mains. « Il n'était pas trop partant pour le fait de sortir ensemble en ville mais on a finit par faire des choses basiques. Des restos. Des pubs. Un ou deux cinémas. Rien de plus. »

L'incorrigible AttractionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant