L'incorrigible Attraction

Chapitre 20

Les trois jours qui suivirent, Harry resta cloîtré dans le petit appartement d'Adrian Pucey, désertant à la fois les cours à la fac et son stage chez Malefoy. Il passa son temps à se traîner du canapé à la salle de bain de la salle de bain à la cuisine pour finir de nouveau sur le canapé. Il n'avait jamais passé autant de temps devant la télévision, se retrouvant à visionner d'un air vide les jeux à l'heure du déjeuner, les téléfilms sentimentaux et / ou dramatiques l'après-midi et les émissions de télé-réalités diffusées en fin de journées. S'il ne s'était guère instruit, Harry avait découvert que la télé-réalité se laissait regarder à partir du moment où on s'autorisait à s'amuser des histoires farfelues des candidats. Et comme les producteurs choisissaient toujours de couper l'épisode à un moment suscitant l'envie d'en savoir plus chez le téléspectateur, Harry suivait assidûment la chaîne dans l'attente de voir la suite !

Après ces trois jours d'inactivité et de déprime, entrecoupés par des phases de colère, Harry faisait face à la mine inquiète d'Adrian. Enfoncé dans le canapé – devenu sa nouvelle maison – et les bras croisés contre la poitrine, le jeune Potter boudait. Ouais, il boudait littéralement car les yeux plissés d'Adrian laissaient peu de doute sur sa motivation à le faire bouger de ce fichu canapé. Et Harry était tout, sauf désireux, de faire la moindre chose.

« Qu'est-ce que tu veux faire ce soir ? On est vendredi soir. Tu ne vas pas rester enfermé ici encore une heure de plus. »

« Je ne veux pas sortir, » grogna Harry. « Y a un film intéressant qui passe à la télé ce soir. »

« Un film ? T'es sérieux, Potter ? » s'écria Adrian en levant les bras au-dessus de sa tête. « Tu vas lever tes fesses de ton canapé et sortir d'ici. »

Harry plissa le front dans un mélange d'irritation et d'inquiétude. Il poussa un profond soupir en baissant les yeux sur le bas de survêtement qu'il n'avait pas quitté depuis trois jours. Après son regain d'énergie l'ayant conduit jusqu'au bureau de Malefoy, Harry s'était senti subitement abattu. Il savait que le conseil de son patron – celui lui disant de se concentrer sur ses études et son stage plutôt que sur sa relation avec Tom – était entièrement avisé et qu'il devait tout faire dans cette direction mais pour l'instant... Il avait juste besoin de s'octroyer quelques jours de répit et de franche déprime.

En une soirée, sa vie avait pris un tournant radical dont il n'était pas sûr de pouvoir se réjouir. Sa relation avec Tom s'était effondrée pour ne laisser place qu'à une douleur sourde mélangée au goût amer de la trahison. Il y pensait sans cesse malgré ses efforts ardents pour se concentrer sur autre chose – comme les télé-réalités débiles mais ô combien divertissantes – et le manque de Tom restait entier. La colère raflait parfois ses sentiments à l'égard de l'homme mais il devait se rendre à l'évidence : il aimait profondément Tom Jedusor, peu importe combien il était fourbe, menteur et dangereux.

Sans oublier la disparition totale de relation avec ses parents. Après son message demandant à sa mère de cesser de harceler ses amis, elle lui avait seulement répondu un  ' OK, j'espère que tout va bien'  et depuis... Rien. Nada. Pas le moindre appel, ni le moindre texto. Il ignorait s'il devait s'en réjouir ou pas. Ça faisait mal. Tout comme le silence radio de son père. James n'avait, à aucun moment, tenté de le joindre alors même que son parrain et Remus lui avaient envoyé un SMS, l'air de rien pour prendre de ses nouvelles. Harry était partagé entre la tristesse et la colère de voir son père aussi têtu et fier mais il agissait exactement comme lui, ignorant tout simplement comment faire pour gommer cette horrible soirée entre eux.

« Je suis désolé de m'être imposé chez toi de cette façon, » soupira finalement Harry en relevant les yeux pour regarder Adrian. « Je ne me suis même pas rendu compte que j'ai débarqué ici à l'improviste et que je me suis approprié ton canapé. Je vais aller... Enfin, je vais juste... »