Chapitre 38

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Finalement, la pause dura plusieurs heures pendant lesquelles Harry se recroquevilla sur le banc particulièrement inconfortable. Si sa soudaine solitude l'avait soulagé dans un premier temps, il angoissait chaque minute un peu plus de rester indéfiniment ici. Ce qui était bien sûr impossible mais Harry était terrorisé à l'idée que sortir de cette pièce signifie se diriger droit vers la prison centrale de Londres.

Cette pensée lui flanqua un nouveau frisson désagréable et il ferma les yeux pour ne plus voir le plafond grisâtre. Il n'avait pas la moindre idée de l'heure qu'il était. Le peu de lumière filtrant par la fenêtre haut lui indiquait toujours un ciel bleu et ensoleillé, particulièrement en décalage avec son état d'esprit réel. Une policière était apparue au bout d'un moment, un plateau de nourriture en main et lui avait ôté les menottes. Depuis, Harry était libre de ses mouvements mais il n'avait de toute façon rien pu avaler. Son estomac était trop noué et il s'était contenté de boire une grande rasade d'eau.

L'idée que Narcissa participe en ce moment même à l'interrogatoire de Tom accentuait son anxiété. Il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter à la fois pour lui mais aussi pour son amant. Des tonnes de questions affluaient dans son esprit et aucune ne trouvait réponse. Comment la police avait-elle pu remonter jusqu'à Tom et la maison d'Hastings ? Qui avait parlé ? Qui avait trahi Tom ?Comment celui-ci avait-il pu être si confiant, au point de croire que la police ne le débusquerait jamais ? Et pourquoi celui-ci possédait autant d'armes entre les murs de cette maison secondaire ? Un tas de preuves l'incriminant, bon sang ! Cette maison qui avait tant été un havre de paix pour lui jusqu'à présent avait été souillé par l'assaut policier de ce début de journée. Harry était certain de ne jamais oublier le moindre détail de cette catastrophique journée.

La fureur de son père et l'inquiétude dans les yeux de sa mère ne cessaient de le hanter. Chaque fois que des bruits de pas se faisaient entendre près de sa porte, il se redressait à demi, inquiet mais personne n'était revenu depuis la policière au gentil sourire. Et si son père déboulait en lui indiquant avoir trouvé des preuves l'incriminant de connaître la mafia et la position de Tom dans celle-ci ? Il avait déjà menti tant de fois depuis le début de sa garde à vue. Notamment en prétendant n'avoir jamais entendu le pseudonyme de Lord Voldemort alors même que James lui en avait parlé spontanément après le triple meurtre à Hyde Park, au début de sa relation avec Tom quand il ignorait encore tout du lien entre son amant et Tom. Il ne pourrait  jamais  supporter de voir son propre père l'enfermer en prison. Son estomac se contracta douloureusement et il laissa échapper une plainte entre ses lèvres sèches. À la fois épuisé et sur les nerfs, son enfermement dans cette pièce était de plus en plus angoissant. C'était probablement ce que les policiers recherchaient en y interrogeant les suspects lors d'une garde à vue : les pousser à bout jusqu'à ce que la vérité éclate.

Un trousseau de clé tapa contre la porte et ouvrit les nombreux verrous la condamnant. Harry se redressa et un vertige le saisit, l'empêchant de se lever aussi vite qu'il le désirait. Alors qu'il s'impatientait de voir quelqu'un débarquer dans sa cellule, le fait de croiser le regard de Sirius lui redonna l'insolite envie d'être tout seul. L'homme était suivi de Narcissa et il referma la porte derrière elle, réenclenchant toutes les sécurités. Protocole oblige.

« Je sais que tu n'as pas mangé. Je t'ai rapporté un menu du Mc Donald's, » indiqua son parrain en secouant un sachet en papier kraft duquel s'échappait une délicieuse odeur. « Frites, hamburger au poulet et coca. Ça te va ? »

Bien sûr, c'était son menu préféré et Sirius le savait parfaitement. Harry coula un regard nerveux vers Narcissa qui n'affichait aucune émotion particulière. Il acquiesça tout en sentant son estomac incapable de supporter de la nourriture. Son parrain lui adressa un sourire chaleureux et cette marque d'affection manqua d'amener les larmes aux yeux à Harry. Il resta debout, les bras ballants, à observer l'homme sortir du sachet plusieurs sandwichs, paquets de frites et boissons. Il positionna un de chaque à la place de Narcissa, Harry et lui.

L'incorrigible AttractionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant