Je suis désolé...

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   Nous continuâmes de marcher quelques secondes, rejoignant une route cabossée. Une vingtaine de centaures dégainèrent leurs épées, venant accueillir les reines et rois de l'ancien temps. Je fus un petit peu émue de les voir s'approcher de l'entrée comme ils pouvaient le faire à Cair Paravel.

   Le prince telmarin eut un doute, il s'arrêta pour laisser passer la famille. Il avait l'étoffe d'un grand roi mais sa confiance en lui le bousculait de sa voie. Je posais une main rassurante sur son épaule, lui donnant ma force et mon soutient. D'un geste presque mécanique, Caspian prit ma main à côté de sa tête et la serra fort. Le regardant en détresse, j'approchais mon visage de son oreille afin de lui glisser deux, trois mots rassurants :

- Tu as ta place ici Caspian. Tu es un ami fidèle et un prince au grand cœur. Tout va bien se passer.

   Ses pommettes se soulevèrent, signe qu'il souriait. Ayant réussi ma mission, je le poussais légèrement pour qu'il rejoigne les autres, avec moi sur ses talons.

   Lucy souriait de toutes ses dents, elle semblait ravie d'être de retour à Narnia. La bonne humeur n'était pas au rendez-vous alors j'espérais intérieurement que les jeunes rois et reines puissent ramener la gaieté dans les cœurs des soldats. Comme autrefois....

   Nous passâmes tous dans une sorte de hall remplit de soldats qui fabriquaient des armes. Mon cœur se serra, me rappelant que la guerre arrivait à grands pas sans arriver à faire la paix.

   Les telmarins nous avaient trop pris, c'était à eux de souffrir, de connaître le sentiment de destruction quand ils perdront leur minable peuple. Mon visage ne reflétait aucune émotion, surprenant les Pevensie qui m'ont connue plus souriante. Jamais je ne prendrais la guerre avec légèreté, surtout quand nos ennemis se trouvaient être des êtres humains, comme moi ou la petite famille. Caspian brisa le silence qui rendait l'air étouffante :

- Ce n'est peut-être pas ce à quoi vous êtes habitués, mais nous y serons à l'abri.

   Je baissai la tête, ayant honte de mes erreurs du passé. Ayant vu mon air triste, Edmund glissa sa main dans la mienne.

- Ce n'est pas de ta faute, en aucun cas la guerre est de ton fait. Un jour ou l'autre les narniens étaient obligés de prendre les armes, me chuchota-t-il en m'embrassant la tempe.

   Sa phrase me fit réfléchir. Mon cœur s'embrasa à son geste. Nous continuâmes notre chemin mais soudainement Susan cria le nom de Peter.

- Venez voir ça !

   D'un hochement de tête, j'encourageai Ed d'avancer vers son frères et ses sœurs. Je marchais tranquillement aux côtés de Caspian, un doux sourire égaya mon visage devenu trop rustre avec le temps. Les rois et reines observèrent les œuvres dessinées sur les murs en pierre. La petite brune semblait émerveillée par toutes ces scènes héroïques peintes avec finesse. Néanmoins une lueur triste passa dans son regard.

- C'est nous.... dit la grande reine en souriant.

- Quel est cet endroit ? demanda Lucy.

- Vous ne le savez pas ? intervint Caspian, ne comprenant pas.

   Devant l'air intrigué des Pevensie, il retira une torche du mur afin de leur montrer la suite. Je fermais la marche, étant habituée à ce sanctuaire. Après quelques minutes de marche, le prince me tendit la torche.

- À toi l'honneur, énonça-t-il avec bienveillance.

- Oh, non je ne pense pas que... bégayai-je, paniquée.

La Guerre des Contes (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant