Prologue

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     Le ciel était noir et couvert le soir de la Grande Révolte. Les habitants de Réhald étaient endormis. Leurs maisons étroites en grès entouraient le château où siégeait Eron, le roi du royaume de Thésé. 

     Ce territoire était connu pour ses terres riches et verdoyantes, aux interminables forêts et aux épaisses montagnes. Quelques retardataires restaient encore à l'entrée des bois afin de profiter de la fraîcheur de la soirée. Malheureusement pour eux, c'est ce qui causera leur mort.

     Habituellement calme, la forêt qui entourait Réhald apporterait ce soir bien des dangers pour eux, et le royaume tout entier. Discrètes et très rapides, les premières ombres apparurent quelques heures avant l'apogée de la lune. Certains crurent à des loups, ou à des voleurs, mais il n'en était rien. Les silhouettes étaient humanoïdes et déformées. Leurs pas crépitaient sur le sol sec alors que des corps tombaient à l'entrée de la ville. 

     Malgré les nombreux meurtres commis cette nuit là, aucun son ne retentit pour donner l'alerte. Seuls des bruits de grognements sourds résonnaient dans l'immensité de la ville endormie. 

     Rapidement, les ombres s'approchaient du château, se défiant de la surveillance des gardes pourtant bien présents et en bon nombre. Le roi Eron était en compagnie de son conseiller Erik, de sa fille Ada, et de son jeune fils Aaron. Ils étaient dans un immense hall d'entrée. Le groupe partageait une discussion animée. Des éclats de voix en émanaient. Empruntent de colère. Les ombres se faufilaient, et lorsqu'elles trouvèrent leur cible, elles ne la ratèrent pas. 

     Le roi était face à sa fille quand il sentit le froid lui transpercer la poitrine. La mort vint le cueillir directement. Ce geste avait mit fin à vingt ans de règne paisible. Dans la foulée, une des ombres s'empara d'Aaron. Elle glissa ses longs doigts fins et crochus autour du bras du jeune homme, et s'y agrippa. L'adolescent hurla de terreur. La créature poussa un cri, puis disparut avec lui en dégageant une odeur de suie. 

     La fille du roi, Ada, gardait les yeux écarquillés et fixés sur le régicide. Derrière le visage inanimé de son père se trouvait celui froid et presque identique de son oncle, Alrik. Ce dernier détourna le regard et laissa s'écrouler le corps du défunt roi. 

     Une lueur verdâtre se forma au creux de sa paume. Elle grandit, et il la déforma afin d'en faire un portail. Ses sbires s'y précipitèrent, suivit par Alrik. Le portail se referma instantanément derrière eux.

     Tremblante, la fille du roi tomba à genou devant le cadavre de son père, seule rescapée de l'attaque. Le silence fut brisé par un long hurlement de désespoir : celui d'Ada.

Le courage d'AdanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant