Le courage d'Adana

Chapitre 9 : Dualité

     Quand Ada s'avança dans le hall, les voies se turent. Alrik et Lothar se tournèrent vers la jeune femme. Son oncle affichait un sourire satisfait et amusé contrairement à son frère qui lui, restait étrangement impassible. Aucune honte ne se lisait se lisait sur son visage. Alrik ouvrit les bras tout en souriant.

     « Ma très chère nièce ! Nous t'attendions justement ! J'étais sûre que tu viendrais. Comment va Aaron ?

     Ada s'avança.

     - C'était cela ton but en l'enlevant ? Demanda-t-elle. Nous attirer Lothar et moi jusqu'à toi pour nous corrompre ?

     - Pas vraiment. Pour être tout à fait honnête, j'avais pour but de supprimer Aaron. Ce pleurnichard n'avait pas l'étoffe de prendre ma succession, et il aurait été plus embêtant qu'autre chose. »

     Ada fronça les sourcils. Elle ne doutait pas que son oncle aurait été capable d'une telle chose. Le meurtre de son jeune neveu. Ce qu'elle ne comprenait pas en revanche, c'était la réaction de Lothar, qui était tout simplement inexistante.

     « Et toi, tu ne dis rien, cracha la jeune femme a son frère.

     - Je peux comprendre ta colère et ta surprise Ada.

     - Je me fiche de ta compréhension. Elle n'a aucune valeur. Tu n'es qu'un sale traître. Tu as laissé mourir tes hommes, et tu as laissé tomber notre famille pour rejoindre l'assassin de notre père.

     - Chaque chose demande ses sacrifices Ada, dit Lothar en baissant les yeux. J'aurai tout donné pour qu'un Duthorn remonte sur le trône, et c'était la seule solution.

     - Depuis quand es-tu de son côté ?

     - Depuis le début.

     - Quand ? Répéta la jeune femme.

     - Dès que j'ai appris la mort de notre père, Alrik m'a contacté. Je n'ai pas pu refuser. »

     Ada recula, puis dégaina son épée. Lothar connaissait depuis le début le plan de leur oncle. Il savait ce que leur frère Aaron risquait, et son aîné n'a rien fait pour le protéger ou dissuader Alrik.

     « Je suis contente que Père n'ait pas vu ça, souffla Ada. Il t'aurait tué de ses mains pour avoir trahit les tiens, t'être rangé aux côtés de son assassin, et de convoiter avec tant d'avidité le pouvoir au détriment de ton propre petit frère.

     - Mon but était justement de préserver notre famille prestigieuse ! S'exclama Lothar. Sans moi nous n'aurions jamais pu avoir accès au pouvoir.

     - Je ne veux pas de ce pouvoir. Il est sale.

     - Tu n'y auras pas accès dans tous les cas.

     - Je m'en serais doutée, rigola nerveusement Ada. Tu ne fais pas ça pour la famille. Tu ne fais ça que pour toi ! Ca t'arrangeait bien qu'Alrik veuille éliminer Aaron. Il aurait pu te faire de l'ombre en grandissant. Mais notre frère était un parfait prétexte pour me berner et m'attirer jusqu'ici. Pour faire quoi ? Je l'ignore. Tu veux me tuer, Lothar ?

     Ada savait parfaitement de quoi il était question : de sa propre mort. Elle allait être trop embêtante pour Lothar et Alrik, et ne les laisserait jamais en paix. La solution la plus évidente pour eux était de se débarrasser d'elle.

     Mais son frère aurait pu la faire disparaître depuis bien longtemps. Il a dû la faire venir jusqu'à Alrik pour une bonne raison : soit il pensait pas pouvoir la vaincre en combat singulier, soit il ne se pouvait se résoudre à tuer sa sœur, et espérait que son oncle le fasse pour lui. Certainement un peu des deux.

     « Je ne pense pas que tu veuilles imiter Lothar et te ranger à mes côtés, Adana, poursuivit Alrik. Alors nous allons devoir trouver une solution.

     - La seule solution reste de me tuer, Alrik.

      Le quarantenaire rigola doucement.

     - Je n'en attendais pas moins de toi. Lorsque tu t'énerves ainsi, tu as le regard de ta mère.

     - Mère que vous avez faite assassiner, tout comme mon père. »

     Lothar se tendit, et pour la première fois depuis le début de la conversation, une expression choquée s'afficha sur son visage d'habitude si dur.

     « C'est impossible », murmura Lothar.

     Ada vit son oncle grimacer.

     « Il se peut que j'ai commis une erreur dans le passé, dit Alrik. Mais je le regrette sincèrement. Ça n'avait rien de personnel contre Catherine, tu sais. J'avais seulement besoin d'affaiblir psychologiquement mon frère Eron. »

     Lothar ouvrit grand les yeux, incapable de bouger. Le jeune homme avait toujours eu avec sa mère un lien très fort, et il ne s'était jamais vraiment remit de sa disparition. C'était à partir de ce moment là qu'il avait commencé à être distant avec tout le monde, y compris Ada.

     Sans un mot, Lothar se détourna de sa sœur, sortit sa lame de son fourreau. En quelques secondes, le jeune homme abattit son épée sur Alrik, qui esquiva de justesse l'attaque précipitée de Lothar.

     « Oh ? Ricana leur oncle. Un retournement de situation ? J'aurai dû m'en douter. Tu as bien trahis Adana, pourquoi ne me trahirais-tu pas après tout ? »

     Lothar hurla de colère, puis fonça sur Alrik. Il assena un coup puissant à l'homme devant le regard incrédule d'Ada. Elle savait que la nouvelle allait faire réagir son frère mais pas à se point.

     Devant la nouvelle charge de Lothar, Alrik recula rapidement en fermant ses poings. Une lueur verte scintillante commençait à y naître. Ça n'était pas bon signe du tout. Alrik semblait terriblement s'amuser de la situation, ce qui mit le guerrier dans une colère encore plus noire.

     Leur oncle lança une boule de feu verdoyante en direction de Lothar, qui se jeta sur le coté afin de l'éviter. Le jeune homme était tombé à terre, et Alrik en profita pour se rapprocher de lui, sortir un poignard, et le blesser. Ada retenu sa respiration. Elle ne savait pas si elle devait agir. Une partie d'elle désirait la mort de Lothar, à cause de son comportement et de sa trahison. Mais une autre l'aimait, et le voyait encore comme celui avec qui elle avait grandi.

     Lothar grogna tout en dégageant son oncle d'un coup sec de l'épaule. Il saignait au niveau de l'abdomen. Ada grimaça, puis soupira. La jeune femme allait prendre une décision qu'elle allait peut-être regretter : elle allait aider son frère, et profiter de son aide afin de vaincre leur oncle.