Chapitre 3 : Le Corbeau

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     La guilde des mercenaires prenait place dans une clairière étroite, aux habitations sombres et basses. Il y avait une hutte centrale, beaucoup imposante que le reste des bicoques. Quelques mercenaires rodaient ou vaquaient à leurs occupations. Ils jetaient à Ada des regard inexpressifs, mais insistants.

     Harry guidait la jeune femme jusqu'au centre de la clairière sableuse.

     « C'est ici que le Corbeau travaille, expliqua-t-il. Peu de gens l'ont déjà vu. Il n'aime pas la compagnie des humains. Estimes toi chanceuse de pouvoir le rencontrer. »

     Ada grimaça. Ça avait l'air d'être un sacré personnage. Elle espérait qu'il ne serait pas trop dur de le convaincre.

     Harry toqua trois fois contre un panneau en cuivre devant la hutte imposante, puis entra. Ada le suivit. Il régnait à l'intérieur une chaleur étouffante. Tout y était étrangement sombre. Les meubles étaient en bois de sapin, les canapés et coussins en fourrure d'ours brun. Au fond de la pièce trônait un grand bureau. Un homme était assit derrière ce dernier. Il semblait lire des parchemins. Des cheveux ternes sortaient de sous sa capuche et sa peau semblait être abîmée par l'âge et le soleil. 

     « Grand Corbeau, pardonnez-moi de vous importuner, vous avez de la visite », déclara Harry.

     Le vieil homme leva la tête avec lenteur vers les deux individus. Ses iris étaient bizarrement gris, et ses yeux étaient encadrés de cicatrices. Il était visiblement aveugle. Ses mains épaisses mais abimées se posèrent sur la surface du bureau.

     « J'espère que c'est important, Harry.

     - Ça l'est, répondit le jeune homme. Voici Ada, c'est une potentielle cliente. Elle veut des hommes en bonne quantité.

     La brune s'apprêtait à parler quand le Corbeau la devança.

     - Ada, Ada, Ada. Comme Adana, je suppose ? La fille d'Eron.

     La jeune femme fronça les sourcils.

     - Comment le savez-vous ?

     - Il ne faut pas être si intelligent pour comprendre qu'après la mort de votre père, et après vous être fait abandonner par vos alliés, toi et ton frère Lothar chercheraient des hommes afin de vous venger. Et quoi de mieux de que des mercenaires ? Mais qu'en penserait ton cher paternel, Adana ?

     - Je fais simplement ce qu'il faut pour retrouver Alrik. Venez en aux faits, ça ne sert à rien de blablater. Cela nous fera économiser du temps, à vous comme à moi. 

     Le Corbeau sourit, amusé.

     - Bien. Alors que veux-tu ? Tu es bien pressée.

     - Je veux dix de vos hommes. Les meilleurs. Et je veux votre discrétion. N'allez pas parler de notre arrangement à qui que ce soit.

     - Aucun arrangement n'a été décidé.

     - Ça ne saurait tarder.

     - Et qu'est-ce que j'y gagne, Adana ? La mort d'Alrik signe pour nous l'arrêt de la chasse aux créatures. Et donc, de la vente d'objets de grande valeur.

     - J'ai de quoi bien vous payez. Vous y gagnerez plus en argent...

     Voyant que le vieil homme ne semblait pas convaincu, Ada poursuivit.

     - Et vous aurez mon appuis lorsque nous tuerons Alrik. Je vous protégerai des lois qui vous interdissent d'exister et d'exercer votre activité de mercenaire.

Le courage d'AdanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant