Je la regardais marcher. Seule, sans personne autour d'elle, elle avançait d'une démarche peu assurée. On pouvait voir rien qu'en l'observant qu'elle ne voyait pas les mêmes choses que nous. En voyant les subtiles mèches d'or de ses cheveux, on pouvait deviner l'infime délicatesse avec laquelle elle les brossait chaque matin. On pouvait comparer ses yeux aux océans, et son corps à ceux des sirènes qui les ornent.
Elle n'avait besoin de personne, et j'étais trop timide, bien trop apeuré pour lui adresser un mot.
Elle n'avait pas l'air, de toute manière, de se soucier de qui ou de quoi que ce soit.
Parfois, son regard croisait le mien, et j'avais l'impression qu'elle pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert. Parfois, je l'imaginais me parler, rire, m'écouter. Cherchais-je donc une raison d'exister ? Je repartais simplement, en pensant qu'elle jamais elle ne s'intéresserait à moi.J'avais un peu peur de qui elle pourrait-être.
VOUS LISEZ
L'homme au piano
RomanceC'était une amoureuse des détails. Elle avait cet éclat dans les pupilles qui m'interpellait ; elle avait le plus beau de tous les regards que j'avais croisés. Et j'aurais pu m'y plonger pendant l'éternité, sans me lasser.