Je vis Elias s'effondrer au sol, et mon esprit ressentit quelque chose que je pensais éteint depuis que je ne ressentais plus rien.
Je tombai moi aussi, et j'enveloppai mes bras autour de son corps. J'entendis son cœur battre et je ne pus me souvenir de la dernière fois où le mien était vivant aussi. Je ne pouvais plus rien ressentir, mais le voir anéanti me rappelait que j'avais ressenti de la tristesse un jour. Je lui dis d'une voix faible :
-Je suis bien mieux comme ça, crois moi...
Il leva vers moi ses yeux remplis de larmes et de douleur. Je déposai un rapide baiser sur son front.
-Pourquoi ? Pourquoi as-tu fait ça ?
Sa voix se brisa encore.
Pourquoi avais-je fait ça ? Je le savais, mais j'avais peur de lui dire.
-Je suis mieux où je suis, fais-moi confiance. Il y a de magnifiques paysages, je vois l'océan, je vois le soleil, les arcs-en-ciel, je vois la pluie, et je te vois toi...
Il ne disait rien.
Peut-être me comprenait-il ?
Moi-même, en le rencontrant, avais oublié que je n'étais plus de ce monde. Pour lui, j'étai réelle, et je me sentais vivante à ses côtés. Ce n'était que lorsque je le quittais que la mort revenait à moi.
Oh, mon amour, j'espère que tu vivras aussi longtemps que tu le pourras. Tu le mérites bien mieux que moi.
J'avais tant désiré mourir, que lorsque j'eus rencontré la mort, j'en fus presque déçue. Je ne voulais plus faire partie de ce monde, et j'avais décidé de le quitter. Mais lui m'avait vue, lui m'avait entendue, et alors j'avais regretté. Je voudrais revivre, renaître, et le voir tous les jours à me côtés, heureux. Et qui sait, peut-être que j'aurais été heureuse aussi.
Mais c'était trop tard, maintenant. Je devais le laisser seul.
VOUS LISEZ
L'homme au piano
RomantikC'était une amoureuse des détails. Elle avait cet éclat dans les pupilles qui m'interpellait ; elle avait le plus beau de tous les regards que j'avais croisés. Et j'aurais pu m'y plonger pendant l'éternité, sans me lasser.