Elle

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Je revis Elias durant les semaines qui suivirent. Je passais tout mon temps avec lui. Du matin jusqu'au soir, je lui racontais mes rêves, mes passions, mes secrets, mes regrets et en retour, il me racontait les siens.

Jamais je n'avais entendu quelqu'un jouer du piano aussi bien ; pour ne pas dire que je n'en avais pas entendu souvent. Je voyais qu'il était passionné, et qu'il aimait jouer.

Quand ses doigts volaient de touches en touches, il devenait évident qu'il était né pour ça. Il faisait passer toutes ses émotions sur le bout de ses mains. Cela m'impressionnait énormément. Lorsqu'il fermait les yeux et se laissait emporter par sa musique, il me montrait une partie de lui secrète, à laquelle personne n'avait accès.

Il était mon homme au piano.

Un soir, dans le grand bâtiment où nous nous étions rencontrés, il m'apprit quelques accords, que j'oubliais quelques heures après.

Je fis presque semblant de ne pas y arriver, pour entendre son rire et pour qu'il me montre comment faire encore et encore.

J'écoutais les battements de son cœur au rythme d'un avion qui passait.
Nous étions allongés dans la pelouse verte d'un pré remplit de marguerites.

Le temps était radieux, et le chant des oiseaux nous berçait.

J'aurais voulu passer l'éternité dans ses bras, et ne plus jamais vouloir autre chose que sa présence à mes côtés.

Mes yeux se baladaient d'un endroit à un autre, sans vraiment s'attarder sur les détails du moment présent. Lui me regardait, et la plupart du temps, un sourire illuminait son visage. Je voyais dans ses yeux parfois un éclair de tristesse, un peu comme de la nostalgie, je le questionnais du regard, et il me répondait par un sourire.

J'aurais voulu qu'il me dise pourquoi il devenait si sombre d'un coup. Mais cela ne durait que quelques secondes. Après, il reprenait ses récits passionnants sur son piano, ses mélodies, le fait qu'il adore la mer et les feuilles des arbres.

Moi, j'étais passionnée d'astronomie.

Un soir, je l'emmenai dans ce même pré. J'avais amené une couverture. Je le fis asseoir à côté de moi, et nous ne parlions pas.

C'était la nuit des étoiles filantes.

Lorsqu'il en vit une première, ses yeux s'écarquillèrent d'émerveillement, il se mit à sourire, et son visage fut pris d'une joie incontrôlable.

Il attrapa ma main. Il en vit une seconde, puis encore une autre. Je commençai par lui montrer les étoiles, et je lui appris à reconnaître les différentes constellations.

Je souris à la vue de son visage, illuminé par la douce lueur des étoiles, mais celles-ci le jalousaient, car son sourire brillait plus qu'elles.

Puis ses paupières se mirent à tomber et il s'endormit contre moi. Je n'avais pas sommeil, alors je jouais avec les boucles de ses cheveux. Il était magnifique quand il dormait. Une sorte de paix illuminait son visage ; c'était comme si tous ses tracas l'avaient quitté momentanément. J'observai encore une fois ses cils, la courbe de son menton, la délicatesse de ses mains... j'en fus émue. Jamais je n'avais vu une personne aussi belle à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Pitié, faites que jamais il ne me quitte, et que je ne le quitte jamais. Je l'aimais bien trop pour ça. 

L'homme au pianoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant