Alors qu'il avait fait l'effort de sortir de son lit, de sa chambre et de la maison, Suzanne était devant lui, à se demander quoi lui dire. Elle voulait tout savoir, mais elle pensait que lui demander pourquoi ? ça n'est pas la bonne question. Ils s'installent tous les deux sur deux transats dans le jardin des Cameron sous le ciel étoilé. Ils se regardent, et Suzanne se rappelle ce moment quand il était enfant. Ce petit garçon là lui manquait, et elle avait pourtant l'impression de l'avoir là, devant ses yeux. Il est sage, calme, presque serein d'apparence alors qu'il en avait trop dans la tête.
- Je pense que tu es là pour que je t'explique ?
- Je veux pas te juger, je veux comprendre.
- Quand Sarah est née, elle est restée un mois à l'hôpital car il y a eu des complications, et il n'y en a eu que pour elle, sauf que j'étais petit et j'ai pas compris ce qu'il se passait. Du jour au lendemain je me suis retrouvé seul avec une nourrice qui s'occupait pas plus que ça de moi. Puis y a eu le retour à la maison, et le temps passe et on m'oublie, on m'écarte. Puis Wheezy est arrivée à son tour, et je suis devenu littéralement invisible. On oublie de me mettre un couvert à table, mon linge n'est pas lavé si je ne le mélange pas à celui de mon père, sans parler de mon anniversaire..
Suzanne comprit très vite le point de départ de tout ça, bien que de son côté à elle ce ne soit pas aussi extrême, elle savait ce que c'était de se faire mettre de côté et de se sentir seul.
- Et au lycée j'ai rencontré Topper, on est devenus les meilleurs amis, on l'est toujours même si depuis qu'il est en couple avec ma sœur j'ai l'impression de l'avoir perdu lui aussi, et qu'elle me prenait tout ce que j'avais. Et j'ai rencontré Barry en soirée, il dealait et j'ai voulu essayé. Et d'un coup c'est comme ci tous mes problèmes n'existaient plus, je ne pensais plus à rien, j'étais vide d'émotion sans aucune douleur, rien. J'ai tout fait pour retourner en soirée pour le revoir, et recommencer, puis après j'allais directement à sa caravane, et depuis j'ai pas arrêté. L'effet n'est pas le même qu'au début, mais j'ai l'impression de n'avoir plus que ça pour moi, pour me tenir debout.
Elle l'écoutait avec attention, et même si il abrégeait l'histoire, elle pouvait s'imaginer bien plus. Il fit une pause un moment, comme ci il avait peur de baisser son masque, ouvrir sa carapace, et montrer cette facette de lui à Suzanne. Elle attendait qu'il lui raconte le soir où il a tué le Shérif.
- Un soir où j'avais plus rien sous la main et j'étais en manque, j'ai pris la voiture pour aller chez Barry m'acheter un truc, mais il était pas là. Impossible de savoir où il était, j'ai fais plusieurs fois le tour du coin mais rien. Je me suis posé sur le bord de la route pour réfléchir où est-ce que je pourrais trouver un truc, et le Shérif s'est garé derrière moi, contrôle papiers, alcool et stupéfiants. Il me connaissait tu vois, et comme j'étais seul il en a profité pour m'intimider, sauf que j'étais en manque, donc en sueur, stressé, anxieux et tout ce que tu veux. Il m'a demandé de sortir de la voiture, et j'ai refusé car il avait rien contre moi. Il a brandit son flingue sur moi en m'obligeant à sortir.
La voix de Rafael tremblait de plus en plus, et une larme sur sa joue coula. Il espérait que Suzanne ne l'est pas vu en l'essuyant, mais elle ne le quittait pas des yeux depuis le début de son récit.
- Je suis sorti, les mains sur la tête. Il m'a poussé contre la voiture, il a regardé dans la voiture et il a fouillé dedans sans autorisation, y avait un pistolet à mon père dans la boîte à gant car c'est le 4x4 que Sarah prenait pour sortir le soir et c'était pour se protéger si elle se faisait emmerder. Il était chargé, et quand je l'ai vu avec j'ai voulu lui prendre, j'ai pas réfléchis, et le coup est parti. J'ai appelé les secours, ils se sont occupé du Shérif et mon père est venu me chercher au poste. Le retour à la maison a été très violent, j'ai fini le visage en sang, le corps presque bleu, les vêtements déchiré, mon père m'a mit la misère ce soir là en rentrant. J'étais couché, je pleurais de douleur, au moindre mouvement j'en pouvais plus et il m'a dit que je paierais de ce que j'ai fais, que j'aurais pas le droit aux soins tout ça, parce-que pour lui j'avais fais exprès et la police pensait que je le couvrais parce-que c'est son arme à lui. Et deux jours après on a apprit qu'il avait pas survécu aux transplantations de sang et à l'hémorragie. J'ai mis 3 semaines à pouvoir ressortir de mon lit, et essayer de reprendre une vie normale mais tout le monde s'était fait une idée de moi, tout le monde avait son mot à dire sur ce qu'il s'était passé. Et aujourd'hui il n'y a plus que moi pour savoir ce qu'il s'est vraiment passé, mais personne ne me croit. Je me suis résigné à prendre des années de prison, d'être enfermé, seul comme je l'ai toujours été. Du coup je vis une vie qui n'est pas la mienne, à faire des soirées par ci par là, fumer, boire.. voir du monde et faire semblant que tout va bien.
Suzanne avait toujours son regard plongé vers Rafael, à l'écouter. Elle voyait juste un garçon devant elle qui avait peur, qui était seul et elle ne pouvait rien faire, l'impuissance à son maximum. Elle ne savait pas vraiment quoi dire mais elle était soulagée, elle le croyait, peut-être est-elle la seule, mais elle sentait au fond d'elle qui lui disait la vérité. Quelles raisons il aurait eu de lui mentir là ? A elle ? Seulement avait-il pu déjà raconté cette histoire à quelqu'un ? Suzanne se leva pour s'asseoir à côté de Rafael sur le même transat que lui. Il décala ses jambes pour lui laisser un peu de place, puis elle se pencha, posant sa tête sur son torse. Il ne dit rien, la laissant faire. Elle voulait le serrer dans ses bras, si fort pour essayer de recoller les morceaux de ce petit être brisé. Elle entendait son cœur battre, sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration, il ne bougeait pas, en pivotant légèrement, elle mit ses bras autour de lui, et il finit par la prendre à son tour entre ses bras. Est-ce lui, ou elle qui en avait le plus besoin ?
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WEEK-END
FanfictionLes années passent et les gens changent, peut-être trop ? ou peut-être ont-ils toujours été ainsi sans jamais changer ?