L'héritage de Doanac

Chapitre 3-1

« Aujourd'hui, l'un d'eux m'est apparu. Monstrueuse créature se mouvant sur la terre.

Sont-ils faits de chair et de sang ?

L'être qui se tenait à ses côtés était encore plus redoutable que lui. Son visage et ses vêtements étaient recouverts du sang des tobreens qu'il avait versé. Encore ivre du combat qu'il venait de mener, ses yeux brillaient d'un éclat émeraude que je n'avais encore jamais vu.

Je ne dois ma survie qu'à ma lâcheté. Caché recouvert de boue, au côté de mes camarades tombés au combat, j'ai pu ainsi me soustraire à son regard »

Carnet de guerre – Chambre des Sages

Chap. 3

Assise par terre et cachée derrière son lit, Theona examinait, avec toute la curiosité propre à une enfant de cinq ans, un vieux livre illustré à la couverture de cuir usée. L'ouvrage regorgeait d'illustrations qui fascinaient la fillette. Avec délicatesse, elle tournait les pages qui, pour certaines, étaient volantes. Des annotations rédigées dans les marges leur ajoutaient un caractère particulier. La fillette ne pouvait pas les comprendre, mais qu'importe ! Cela donnait encore plus de valeur à son trésor. Des animaux incroyables y étaient représentés. Des animaux qu'elle n'avait jamais vus ici dans le sud. Ils semblaient sortir de contes ou de cauchemars. Certaines étaient effrayantes, alors que d'autres l'émerveillaient.

Absorbée par sa contemplation, elle n'entendit pas les pas se rapprocher de sa chambre. Quand la porte entr'ouverte grinça, elle sursauta.

- Theona, tu es seule ? Où est ton cousin ?

Sur le seuil de la porte se tenait une jeune femme au teint doré et aux cheveux blonds retenus en tresse par un ruban blanc. Surprise, Theona glissa rapidement le livre sous son lit et se tourna vers sa mère. Celle-ci scruta la pièce de ces grands yeux azurs.

- Que faisais-tu ? Demanda-t-elle.

La petite prit une mine boudeuse et détourna le regard.

- Je m'ennuie, Elou m'a laissée toute seule... !

- Quoi ?

Dellwina manqua de s'étouffer.

- Depuis quand ? Où est-il allé ?

Theona grimpa sur son lit, s'assit et attrapa sa poupée de chiffon et sa petite frimousse recouverte de taches de rousseur afficha une moue renfrognée.

- Je ne sais pas et je m'en fiche. Il n'a pas voulu jouer avec moi.

À ces mots, le visage de la jeune femme se durcit. Elle rejoignit sa fille à grandes enjambées et la prit par les épaules.

- Theona ! Arrête de bouder et réponds-moi ! Te rappelles-tu depuis quand il n'est plus avec toi ?

- ... depuis que tu es sortie avec les moutons... souffla-t-elle en laissant tomber sa poupée.

Sa voix se noua et ses yeux bleus se remplirent de larmes.

- C'est pas ma faute... je... je voulais qu'il joue avec moi... mais il est parti...

Elle éclata en sanglots tout en se répétant. A la vue de sa fille bouleversée, Dellwina se radoucit quelque peu. Son agacement n'était pas dirigé vers la bonne personne. Elle observa les lieux avec anxiété. Les enfants partageaient la même chambre. En plus des deux lits, un coffre en bois et une commode composaient le mobilier de la chambre. Les vêtements de son neveu n'avaient pas bougé. Les capes des deux enfants étaient toujours suspendues près de la porte. Rien d'étonnant avec cette chaleur. Si Elouan était sorti il n'en n'aurait pas eu besoin. Excédée, elle alla décrocher la cape du garçon, puis revint vers sa fille qui pleurait toujours. Elle l'attrapa par la main.