bleu pastel IV - 10/02/2022

6 3 0
                                    

J'ai pas le droit

Je crois que j'ai pas le droit à des relations saines et réconfortantes avec les adultes. Soit elle est pas réconfortante. Soit elle l'est. Et alors elle n'est pas saine. Je dois toujours aimer trop, trop fort, trop vite, trop étrangement. Et quand je m'en aperçois, il est souvent trop tard. Aucun retour en arrière n'est plus possible. Ou alors je ne peux me dégager, et la seule chose qu'il me reste devient l'espoir, l'espoir que tout ça ne finisse pas trop mal. Que mes ressentis hyperboliques ne m'abîment pas trop. Que cette personne, surtout, ne s'en rende jamais compte, ou alors les conséquences seront désastreuses et me feront un peu trop de peine. Que jamais un pas de travers ne se fera, sous peine de me briser un peu trop. Ce tout ou rien est épuisant. L'indifférence ou l'affection presque douloureuse. L'affection presque douloureuse ou la haine profonde. Passer de l'un à l'autre à cause d'un minuscule détail, puis de l'autre alors sans aucune raison apparente. Le temps, peut-être. Ce fameux temps qui répare tout, même les esprits les plus morcellés. Sauf que ce temps m'emprisonne. Je n'en ai pas assez. Je n'en ai jamais eu assez. Je le vois, qui file entre mes doigts, et quand je lève un regard désespéré vers tous ces gens, la haine leur fait barrage. Ceux à qui l'affection presque douloureuse a été attachée, quant à eux, ont tellement le regard tourné vers l'avenir et les étoiles qu'ils ne peuvent pas même s'apercevoir de ma présence. Quelque fois, j'aimerais qu'ils se retournent vers moi, au bord du chemin, et m'adressent ne serait-ce qu'un sourire. Ça serait doux. Ça serait si doux, et tellement paisible. C'est déjà arrivé, il me semble. J'en suis même certaine. Je n'ai qu'un exemple en tête, cependant il est tellement brillant et lumineux qu'il en suffirait pour toute une vie. C'est étrange, un peu, mais au fond tellement humain que je ne peux m'en vouloir d'avancer un peu de travers, avec une jambe boiteuse. Boiteux c'est pas grave, boiteux ça se répare avec un grand cœur, et un grand cœur c'est pas ce qu'il me manque. La haine pourra jamais être assez forte pour m'enlever ça. Même si bon, ça reste pas l'idéal. Du moment que j'arrive à obtenir un équilibre, tout devrait bien se passer. Jusqu'ici, ça a pas trop pété. Enfin, si, ok, ça m'a déjà carrément détruite, au point presque de non-retour. N'empêche. Ça m'a aussi sauvé la vie. Sans eux tous, je serais sans doute plus là. Alors je préfère m'amocher avec eux que me fracasser sans eux. Ils représentent désormais une si grande part de ce qui me compose, que je ne peux imaginer ce que serait ma vie sans eux. Donc, oui. Certes. J'ai pas le droit de les aimer conventionnellement, toutes ces petites étoiles. Mais c'est quelque chose qui m'est propre, quelque chose qui m'aide à m'accrocher, coûte que coûte. Alors je continuerai à le faire. Et même si j'ai pas le choix, alors je le ferai de bon cœur, le cœur vaillant. Ça en vaut le coup.

des couleurs à l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant