Dans Les Souvenirs D'Ally

Prologue

La salle de classe, baignée d'une lueur or, s'apprêtait à délaisser ses trente-deux élèves une nouvelle fois.
Impatients, ces derniers conversaient au sujet de leurs vacances d'été, et des dernières tendances des réseaux sociaux. L'institutrice, effarée, inscrivait péniblement les devoirs au tableau.

Assise en silence au fond de la pièce, Ally, pensive, contemplait l'extérieur depuis la fenêtre. Ces bavardages incessants l'insupportaient quelque peu, mais le bleu du ciel captait son attention bien plus encore. Apaisée, elle se leva au retentissement de la sonnerie, et quitta la salle de classe, son énorme sac sur le dos.

Dehors frémissaient les brins d'herbe sous la brise printannière, et le Soleil, incandescent, flamboyait intensément.
Cette douce chaleur, mêlée à la fragrance d'un magnolia, lui fit cesser sa marche. Les lointaines conversations de ses camarades, s'envolant au loin, lui évoquèrent de profonds et chaleureux souvenirs. Des souvenirs lointains, mais présents nettement. Le rire de quelques collégiens empruntant son chemin résonna au creux de son oreille. À cet instant, elle fit le vœu de figer le temps.

Que rien ne vienne bousculer ce moment de quiétude, que des rires rythment à nouveau son quotidien.
Lassée, la jeune fille continua sa route.

<<Ally, viens voir un instant, soupira une voix familière. On doit discuter.>>
Se tenant sur le pas de la porte, la lycéenne dévisagea son interlocutrice. À peine fût-elle arrivée, que sa mère, déjà, l'accueillait en la réprimandant presque.
<<Je sais bien que tu viens de rentrer des cours, mais c'est important. Tiens, pose tes affaires un instant, et viens t'asseoir près de moi.>>

S'exécutant, cette dernière vint prendre place à la table de la cuisine. Cinq heures et demie paraissaient sur l'horloge du salon, pourtant, la clarté du Soleil ne s'était amoindrie.

<<Ton professeur principal m'a contactée dans l'après-midi. Il souhaiterait te voir pour ton orientation. Tu sais, discuter un peu, connaître tes projets...
Ally resta silencieuse.
C'est vrai que tu ne parles pas beaucoup, et tu t'isoles de tes camarades. C'est normal qu'il veuille s'entretenir avec toi. Et puis, il serait temps que tu te décides sur ton orientation. Ton conseil de classe est pour bientôt.
À ces mots, la gorge de la jeune fille se noua ardemment.

C'est pour toi, ma chérie. Je ne dis pas ça pour t'embêter. Alors, je lui ai répondu que tu y irais. Il veut te voir jeudi prochain, après les cours. Tu sais, comme je te l'ai dit, ton orientation changera sûrement avec le temps, tu n'as pas à te mettre la pression. Et puis, tes camarades ne vont quand même pas te manger, si?
Honteuse, Ally baissa le regard, les joues écarlates, ses mains moites.

C'est vrai, tu auras d'autres camarades l'année prochaine, mais c'est dommage de rester seule! Tu devrais te faire des amis et sortir...
Au bord des larmes, la jeune fille quitta subitement son siège, gravissant les escaliers quatre à quatre sans rétorquer.
Ally, s'il-te-plaît, ne t'en vas pas comme ça!>>
Ces mots flottèrent dans la pièce.

<<Je suis vraiment stupide.
Assise à son bureau, Ally contemplait quelques photographies encadrées.
Pourquoi j'ai réagi comme ça, d'abord? C'est rien, sérieux...>>
Les scrutant tour à tour, son attention se porta sur l'une d'entre elles. Deux jeunes garçons, pris d'un fou rire, se tenaient aux côtés d'une fillette dont le sourire illuminait également cette image.

<<Ça passe vite, hein. Ça va bien un temps, tout ça.
Son doigt caressa délicatement le verre poli du cadre.
Vous me manquez.
Se levant brusquement, elle atteignit son lit.
De toute façon, je suis sûre qu'ils sont mieux sans moi.>>
Et, le cœur lourd, Ally se glissa sous les draps.