Chapitre 22 : Ceux qui se retrouvaient

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Il se passait quelque chose, Boya le savait.

Après son craquage nerveux total, il avait réalisé qu'il avait besoin d'aide et était allé voir l'un des guérisseurs mentaux du temple. C'était là qu'il avait pris conscience qu'il était placé plus ou moins sur la touche, comme tous les chasseurs qui en avaient trop vu et qui avaient fini par s'effondrer.

Dire qu'il l'avait mal vécu était un euphémisme. Il n'était PAS brisé. Il n'était PAS fragile.

Il était...il était...Il était juste célibataire et l'avait un peu mal vécu. Voila.

Rien de plus.

Le guérisseur qui s'occupait de lui l'avait laissé rougner autant qu'il voulait, intérieurement très amusé. Le voir râler était un signe évident qu'il allait un peu mieux. Il avait touché le fond, donné un coup de pied et tentait de remonter.

Le plus dur avait sans doute été après son réveil, quand il avait trouvé les lettres envoyées par QingMing et que son chef de secte avait gardé par devers lui sans les lui donner. Sur le moment, Boya avait failli le chercher respectueusement dans tout le temple pour lui exprimer son respectueux déplaisir le plus total à grands coups de bottes respectueuses dans le ventre. Mais il y avait cette cinquantaine de lettres qui attendaient depuis bien trop longtemps d'être lues...

Il avait pris la première et l'avait dévoré. Ils les avaient toutes dévorées. QingMing lui parlait de ce qu'il faisait, de l'état de ses shishen, du sien. Lui demandait de ses nouvelles aussi.

Au début, les lettres avaient été prudemment naïves et évitaient tout sujet qui fâche. Puis, petit à petit, QingMing y avait parlé de leur relation.

Boya avait fondu en larme lorsqu'il avait lu que QingMing ne lui en voulait pas. Non seulement il ne lui en voulait pas, mais Boya lui manquait.

A mesure que les semaines avaient avancées, les précautions avaient disparues dans les lettres.

Boya avait été en colère de lire que Killing Stone partageait son lit. Non pas parce qu'il était jaloux (si, un peu) mais parce que QingMing était mal à cause de son absence. Il aurait voulu être celui qui console. Et il avait été perdu dans sa propre dépression si profondément qu'il ne n'était pas rendu compte de grand-chose pendant des semaines. Des mois même.

Il avait été heureux lorsque QingMing lui avait écrit qu'il avait demandé un guérisseur mental. QingMing faisait confiance à JingYun pour l'aider. QingMing avait conscience qu'il avait besoin d'aide.

Les lettres avaient un peu changé après ça. Il avait été facile pour Boya de savoir quels passages avaient été écrit juste après le passage du guérisseur. QingMing était toujours plus à fleur de peau, plus incisif aussi. Boya reconnaissait le pattern pour avoir le meme lorsqu'il sortait de ses propres séances. En général, il s'enfermait jusqu'au lendemain dans son bureau et ne voulait voir personne ni avaler quoi que ce soit. Tant et si bien que son propre guérisseur lui avait mis ses séances après le diner pour qu'il ait quelque chose dans l'estomac. Après quasi un an à ne pas prendre vraiment soin de lui-même, il était encore trop mince. Trop pour qu'on lui permette de sauter un repas.

Boya avait été plus qu'heureux d'apprendre que les shishen de QingMing avaient trouvé une renarde pour lui parler de cette moitié de lui-même qu'on lui avait appris à haïr et lui enseigner qu'il n'était pas un monstre.

Le ton des lettres avait changé encore un peu plus après ça. Boya avait presque pu voir la détestation que QingMing avait envers lui-même lentement s'alléger, puis disparaitre. Il avait pu lire sa nouvelle confiance en lui-même avec le retour de l'humour joueur et un peu noir.

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