Chapitre 21 : Celui qui restait

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Boya errait comme une âme en peine dans les couloirs de JingYun depuis des jours.

Lorsqu'ils étaient finalement revenus de la secte nord, le guérisseur en chef avait informé QingMing que Xue TianGou pouvait être déplacé sans risque une fois ses ailes refermées avec prudences et maintenue ainsi encore quelques semaines grâce à un harnachement en cuir préparé par leur maître sellier.

Ils avaient encore passé deux jours à JingYun pendant lesquels Boya n'avait pas quitté son bureau plus que le strict minimum. Après quelques tentatives de l'en faire sortir, même son Shifu avait lâché l'affaire et s'était contenté de lui poser ses repas devant la porte de son bureau.

Une fois, Boya avait senti la présence de QingMing de l'autre côté de la porte. Il avait doucement toqué, l'avait appelé, mais Boya n'avait pas eu la force de lui répondre. C'était lâche, il le savait très bien, mais il ne pouvait se résoudre à le voir demander officiellement la dissolution de leur mariage puis partir.

Il n'arrivait déjà pas à se regarder dans la glace pour tout ce qu'il avait fait subir à l'homme qu'il aimait alors voir la condamnation dans ses yeux ou pire, ne rien voir du tout ? Il n'en n'avait pas la force.

Une fois que son ex-mari avait enfin quitté le temple, son Shifu était venu lui annoncer son départ puis lui demander s'il voulait signer le document de leur séparation.

Boya avait apposé sa marque sans rien dire, le cœur en miette mais le visage vide de toute émotion. Puis il était allé chercher ce qui restait de ses affaires dans l'appartement vide et nettoyé pour les entasser dans son bureau.

Il y vivait depuis, à l'inquiétude croissante de son maître, du chef de secte et de l'intendante.

"- Il est plus que temps qu'il s'installe ailleurs. Il ne peut pas rester dans son bureau enfin !" Plaidait une fois de plus la vieille dame.

Son Shifu était du même avis mais Boya refusait de répondre quand il le lui faisait remarquer. Il était très bien là où il était. Sa chambre de sénior avait été réattribuée, l'appartement... Il ne voulait pas retourner y vivre. Et puis, c'était trop grand pour lui tout seul. Il ne voulait pas penser aux mois qu'il y avait passé avec QingMing. Pour lui, ils avaient été d'une rare félicité. Pour QingMing, ça n'avait été que de la torture sans fin alors qu'il n'avait voulu au contraire que le rendre heureux.

Comment QingMing pourrait-il un jour le pardonner ?

Comment pourrait-il un jour se pardonner ?

Boya ne savait meme pas s'il en avait envie.

Quant à choisir un nouvel appartement pour célibataire, il n'en n'avait pas la force.
Alors pour l'instant, il restait dans son bureau, dormait sur la petite couchette que le chef de secte avait finalement réussit à lui faire installer et n'en sortait que pour les entrainements et les chasses. Le reste du temps, il le passait à abattre l'administratif jusqu'à en perdre la tête.

A se noyer ainsi, au moins, il ne voyait pas le temps passer ni ne réalisait qu'il n'allait pas bien du tout.

Le reste de la secte voyait son teint se plomber, ses cernes s'élargir, ses mains se mettre à trembler et son caractère se dégrader. Il était toujours aussi efficace sur le terrain mais devenait de plus en plus inconscient des risques qu'il prenait au point que plusieurs de ses collègues avaient remontés leurs inquiétudes aux anciens. Parfois, ils avaient l'impression que leur da-shixiong cherchait à se faire tuer. Malheureusement pour Boya, jusque-là, il y avait toujours échappé. Il s'était fait plus d'une fois gravement blessé mais à chaque fois où un démon aurait pu enfin mettre un terme à ses souffrances, l'instinct de survie, à moins que ce soit les années, les réflexes ou autre chose lui permettait de s'en sortir. Tant et si bien qu'il était à présent confiné à JingYun tant que ses envies suicidaires ne lui seraient pas passées d'un côté et qu'il ne boiterait plus jusqu'à par terre de l'autre. Sa dernière rencontre avec un démon déterminé à se repaitre de chair humaine l'avait laissé avec le fémur droit explosé et la cheville pliée dans le mauvais sens. Même s'il avait été rétabli dans sa petite tête, il en avait pour au moins trois mois avec des séances de guérison bi-hebdomadaire avec l'aide de trois guérisseurs.
Autant dire qu'il s'était fait hurler dessus comme rarement par son Shifu. S'il avait eu quinze ans de moins, il l'aurait fait fouetter et ils le savaient tous les deux.

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