Epousailles

Chapitre 25 : Celui qui lissait sa fourrure

Mad Painter n'aimait pas voir le visage doux de son maître se friper d'incertitude. QingMing était fait pour sourire, s'amuser, prendre soin des siens, apprendre et profiter de la vie. Pas pour rester des heures à genoux sur la terrasse, une tasse de thé depuis bien longtemps froid à la main, les yeux dans le vague à réfléchir à il ne savait pas quoi.
Quoi que. Mad Painter était presque sur de savoir exactement à quoi pensait son maître et fils adoptif. Il le connaissait depuis le temps.

Il pensait au fashi de l'Est. A ce monstre hideux qui avait abusé de lui encore et encore et qui... Bon. D'accord. Le shishen savait parfaitement que l'homme n'y était pas pour grand-chose. Il avait été manipulé et en souffrait presque autant que son bébé renard.

Mais justement ! QingMing était son bébé renard à lui et ce sale prêtre un voleur de bébé renard qui avait dévoyé sa petite boule de poils ! Et que la boule de poils ait la quarantaine n'entrait pas en ligne de compte. QingMing était pur et innocent. Il n'aurait jamais dû être dévoyé comme il l'avait été. Il aurait dû rencontrer une jolie et douce jeune femme, l'épouser, avoir un élevage de renardeaux qu'il aurait participé à élever à leur tour et...

Non loin, Snow Hound leva les yeux au ciel. Il entendait son compagnon marmotter à mi-voix contre l'injustice de l'univers en général, Boya Daren en particulier et qu'il aurait voulu voir des dizaines de renardeaux de son renardeau courir dans les jardins de la maison. Pas qu'il se fendrait la coquille sur un couillu.

Le tengu adorait son compagnon, mais des fois, il était une véritable Drama Queen.

Il finit par venir passer ses bras autours de sa taille. Il en avait marre de porter son corset et son harnachement mais il devait les garder encore quand il ne volait pas timidement quelques minutes.

"- Et si tu arrêtais de vitupérer comme une vieille vache irritée ? Ca n'aide personne et tu ne peux rien faire pour, ou contre, les sentiments de QingMing. S'il décide de tenter sa chance avec ce prêtre, nous ne pouvons pas y faire grand-chose."

"- Et s'il lui fait encore du mal, hein ?"

"- Il ne lui en a pas fait quand QingMing était à son plus point le plus vulnérable. Pourquoi lui en ferait-il à présent qu'il n'a jamais été plus fort que maintenant ?"

Mad Painter se crispa un instant dans ses bras avant de se dégonfler comme un vieux soufflé. Snow Hound avait raison. Si QingMing avait pu parler, Boya ne l'aurait pas touché. Ils le savaient tous. Et plus important, QingMing le savait aussi. Et c'était sans doute pour ça qu'il était toujours aussi... intéressé.

"- Laisse le faire, HuaShi. Ce n'est pas à nous de le protéger davantage de ses désirs."

On secoua doucement les boucliers de la Maison pour demander à entrer.

QingMing sursauta doucement. Il avala son thé froid puis ouvrit les barrières le temps que Waipo entre.

Il trotta jusqu'à la salle de réception pour s'incliner profondément devant elle.

"- Waipo"

"- QingMing ! Comment vas-tu mon petit."

La solide renarde faisait une bonne tête de plus que QingMing. Avec ses neufs queues, elle aurait terrifié n'importe qui. Et bien sûr, elle ne faisait pas son âge. Elle n'était pas une jeune fille, mais on ne lui aurait pas donné plus de quarante-cinq ans bien pomponnés. Elle n'avait plus vieillit depuis qu'elle avait obtenu sa neuvième queue vers deux mille ans.

"- Je vais bien, je vous remercie."

Honey Bug leur apporta immédiatement du thé et des petits gâteaux pendant qu'ils bavardaient gentiment de ce qui s'était passé depuis la dernière visite de la vieille renarde. Il ne lui fallut pas longtemps pour voir le trouble du renardeau et lui tirer les vers du nez.