Chapitre 8 : Celui qui avait peur

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"- Boya ! Je crois qu'il faut que tu viennes voir."

Le premier disciple releva le nez du dossier qu'il remplissait pour les réquisitions semestrielles de matériel en provenance de l'Empire. Avant, c'était simple. Il les envoyait à la princesse qui lui faisait l'amitié de s'en occuper, sans qu'il sache qu'il contactait directement l'impératrice. Ils avaient "grandis" ensemble depuis que Boya avait dix ans et qu'il avait commencé son échange épistolaire avec la princesse "du même âge" sans connaitre la réalité derrière les apparences.

Lorsque la princesse était apparue pour la première fois au Palais, pas mal de ses camarades s'étaient fichu de lui en lui promettant un avenir impérial. ça s'était finit plusieurs fois dans la poussière dans un chaos bon enfant, avec des gnons bon enfants aussi qui avaient été suivit par des punitions bon enfant également. Maintenant, les mêmes dossiers qui se traitaient en quelques jours à peine moins d'un an avant prenaient au moins trois mois. ça le rendait fou. Et quel besoin de les refaire entièrement à chaque fois ? Ils réquisitionnaient exactement les mêmes choses, dans les mêmes quantités, depuis environ quatre siècles ! Est-ce que ce n'était pas se créer des problèmes pour rien ? Et c'était un intégriste des règles qui disait ça !

Boya avait reposé son pinceau pour suivre le disciple qui était venu le chercher sinon il allait finir par mettre le dossier dans la cheminée de son bureau pour tout cramer.

"- Qu'est ce qui se passe ?"

Il connaissait les bruits caractéristiques qui accompagnaient toujours une bagarre. Ce qu'il ne s'attendait pas à voir, c'était son mari, un éventail à la main, qui tenait la dragée haute à trois adversaires qui se relevaient difficilement d'être allé dire bonjour à la poussière de l'arène les dents en premier. Boya ne chercha pas à retenir son petit sourire amusé. Son mari allait les piler.

"- Qu'est ce qui se passe ?"

"- Nos trois enthousiastes ont pris ombrage que ton mari garde ses oreilles et ses queues visibles." Dans l'enceinte d'un temple de tueurs de démon, ça pouvait effectivement être prit comme une insulte.

Ou comme une marque de grande confiance. Au choix. Les trois gamins avaient visiblement choisi la première solution. Les trois apprentis chasseurs d'une vingtaine d'années à peine s'étaient relevés pour foncer à nouveau sur QingMing qui les évita sans la moindre difficulté. Une petite tape de son éventail sur leurs doigts ou leurs poignets et ils lâchaient leurs épées en glapissant, les mains momentanément paralysées.

Boya retrouvait la grâce et délicatesse qui l'avait charmé aussitôt sans même s'en rendre compte. Les manières joueuses aussi. Qu'il aimait ce petit sourire amusé, comme si son QingMing connaissait la plaisanterie la plus drôle du monde mais la gardait pour lui seul.

"- Et il n'utilise même pas sa cultivation." Remarqua un des maitres qui observait la scène avec amusement non loin de Boya.

"- Contre ces mômes ? Ce serait comme utiliser un volcan pour griller une saucisse." Assura Boya.

Les trois gamins se retrouvèrent le cul dans la poussière une fois de plus. QingMing leur claqua le crâne une fois chacun avec son éventail. Ce n'était pas vraiment douloureux, surtout humiliant.

"- Est-ce que ça vous suffit ou dois-je me fâcher ?"

"- Vous..."

"- Vous avez toute latitude de vous fâcher contre un manque aussi flagrant de respect, QingMing Daren." Sourit tranquillement le chef de secte en s'approchant après avoir assisté à la petite démonstration impromptue.

Il en avait assez vu pour rendre son statut de maître au fashi sur le champ. Entre ça et les rapports de Boya, ce n'était qu'une formalité mais l'avoir vu se battre sans exagération, avec une force proportionnée à celle de ses agresseurs et à l'offense. C'était suffisant pour qu'il sache que le demi-démon méritait son statut.

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