Je respire un grand coup. Mon corps frêle se tient sur le palier de la porte de la chambre de ma mère.
Elle a évité mon regard toute la journée, et lorsque je m'approchais d'elle, un nuage apparaissait sur sa tête.
C'est donc à six heures du soir, que je me retrouvais en face de sa porte. Un bouquet de fleur, une infusion à la camomille et un bracelet aux pierres précieuses, tout ça sur un plateau en bois. Je toqua puis entra dans sa chambre.Ma mère était affalée sur un canapé jaune doré, au-dessus d'elle, dansaient de centaines de petits boules de lumières dont une plus grosse que les autres. Sa chambre avait l'air vide, mais en réalité elle renfermait un mystère bien plus intense.
Si nous prenions une source lumineuse, tel qu'une lampe, et que nous partions explorer le noir qui se trouvait au-delà du canapé et du périmètre lumineux éclairé par les petites boules, nous pouvions apercevoir une vue bien plus belle.
Une pièce remplie de meubles tous aussi coquet les uns que les autres.Je demande à Casita, d'un mouvement de tête d'apporter un tabouret ou une petite table. Elle m'en rapporte un rouge bordeaux, un cadeau de mariage d'Abuela. Je dépose délicatement le plateau et pris le bracelet. Ma mère ouvrit ses yeux à mis clôt, je saisis sa main et lui mis l'objet scintillant autour de son poignée. Un petit sourire se dessine sur ses joues et un soupire de mélancolie cassa le doux silence de cette sphère.
- Camilo... dit-elle en se redressant, Je suis vraiment désolée.
Je lui souris faiblement et rapproche le plateau grâce à Casita, je lui tends son infusion.
- Je sais que tu préfère le café, mais j'ai préféré prendre une boisson plus douce pour toi.
- Merci. Me murmure t-elle.
Elle souffle dessus et observe les petites boules lumineuses. Elle colle ses lèvres à sa boisson, ferme les yeux. Pendant quelques secondes, il me semblait la voire triste. Mais elle ouvrit la bouche pour parler.
- Tu vois là haut, chaque lumière est différente. De formes, d'intensités, de couleurs et de fonctions. Elles ne conviennent à personne, et personne ne leurs convient. Tu sais pourquoi ?
- Non...
Elle prit une seconde de réflexion, soupira lourdement et afficha un triste faciès.
- Parce qu'elles n'ont besoin de personne et que personne n'ont besoin d'elles.
Un long silence se fait, sa voix cassée qui a pour habitude de rayonner dans une mélodie énergique et harmonieuse, n'était plus qu'un son étouffé et fatigué par le temps.
Elle continua à siroter son infusion.
Quant à moi, j'observais les petites sphères au-dessus de ma tête, réfléchissant à la phrase de ma mère. Je ne comprenait pas encore l'expression de ce court récit. Elle ne conviennent à personne car personne n'a besoin d'elle ? Ça ne veut rien dire !...
A moins que... elle doivent convenir au besoin d'une personne.
- Sauf qu'elles se trompent.
La voix chevrotante de ma mère me réveille soudainement. Je lui lance un regard inquisiteur.
- Car on à tous besoin d'une lanterne, d'une étoile où tout simplement d'une lumière pour retrouver son chemin. Tout le monde a besoins de lumières comme elle.
Ma mère se leva du canapé et se mit debout, elle fit un signe de tête à Casita pour lui ramener un objet. Un escabeau arriva près des genoux de ma mère. Elle monta dessus et continua son récit.
- Et elles ? Pourquoi ont-elles besoin de nous ? Pour découvrir les mystères de la vie. Elles ne pourront jamais bouger toutes seules, il leur faut une main tendue pour que leur peur de l'inconnue s'en aille.
VOUS LISEZ
À Travers tes yeux
FanficUne année après la reconstruction de la Casita, tout le monde est aux anges. Pourtant, parmi toutes les personnes du village, Camilo Madrigal se perd de vue. La silhouette dans le miroir n'affiche plus qu'un verre brisé, saturé par les cries et les...