1) Un caméléon

151 4 3
                                    

  Je suis encore sorti pour m'isoler, ça devient fréquent, en ce moment. Le mariage de Dolorès et Mariano ont ramené tout le village dans la Casita.

Les deux tourtereaux doivent déjà être en pleine conversation pour leurs cinq futurs enfants.

Quant à moi, je m'éloigne de l'agitation. J'observe autour de moi. Les maisons, les éclats de rires lointains ou encore cette personne de l'autre côté du mirroir... je ne devrai pas pensé à ça. Pas ce soir en tout cas.

Un jour important pour ma sœur et la familia. Mais bon, si ils n'ont pas remarqué ma disparition, je ne dois pas être si important que ça.

Mon don, n'est pas un miracle. J'aurais préféré le laisser à Mirabel. Changer d'apparence est drôle au début, mais on finit par se perdre.

Est-ce que je serais me reconnaître si on mettait mon sosie en face de moi ?
Je n'ai pas de vraie personnalité, voilà la vérité. Tout le monde est là pour Luisa ou Isabela. Mais pour moi, personne n'est là.

J'arrive vers la fin du village, là où les montagnes peuvent se voir. Quelque chose me dit que l'on a oublié d'éteindre sa chandelle. En effet, la petit maison à l'écart du village est allumée.

Je m'approche d'elle tranquillement, je regarde par la fenêtre, pour bien vérifier qu'il n'y ait personne. Rien, j'entre donc pour éteindre les bougies de cette cuisine. Les gens devraient penser à leur éclairage avant de partir à une fête.

Soudain j'entendis un bruit. Je tourne la tête et vois deux yeux bleus me fixer dans la pénombre.

- Hum... désolé ! Je n'avais pas vue qu'il y avait quelqu'un! Je...je voulais juste éteindre les chandelles. Dis-je nerveusement à la personne en face de moi.

Elle commence à marcher vers moi, jusqu'à ce que son visage apparaisse.
C'est une femme, aux cheveux blond presque châtain clair. Ses yeux bleus m'observe tout comme les miens. Elle est assez fine, et est plus petite que moi. Le même âge, je suis sûr que nous avons le même âge.

- Je ne vais pas plus vous déranger, au revoir ! Et encore désolé...
Je me dirigeai vers la porte d'entrée, lorsqu'une main m'attrapa le bras.

- Attends. Reste, s'il te plaît. Me fît-elle d'une petit voix.

Je la regarde de nouveau, je peux voir sa solitude dans son regard. Mais je ne la connais pas assez pour rester avec elle. Surtout que mes parents doivent s'inquiéter à mon sujet.

- Désolé, mes parents doivent probablement s'inquiéter pour moi. Une autre fois ? Un léger sourire me vient pour la réconforter.

Elle lâche mon bras et murmure un
« je ne sais pas, je n'ai pas le droit de sortir ». Je la regarde avec des grands yeux. Elle ne peut pas sortir ?

Elle ne peut pas sortir.

C'est pour ça qu'elle n'ai pas à la soirée.

- Pourquoi, tu ne peux pas sortir ?
Chuchotais-je.

Elle reste silencieuse, recule de quelque pas. Je suis vraiment un incapable. Un Madrigal doit aider les gens, je n'arrive vraiment à rien avec mon don.

Elle esquisse un sourire et me regarde droit dans les yeux.

- Je n'avais pas de robe pour m'y présenter.

...

Je hoche simplement la tête, elle passe devant moi et elle ouvre la porte.

Elle me fait signe de sortir. Je m'exécute en silence, elle reste au palier de la porte. Elle me dit au revoir et la ferme brutalement.

Surpris, je me change en des habitants du village. C'est que ça fait peur !!
Et puis ce fichu don est horriblement instable.

Je commence à me diriger hors du jardin et à reprendre la route de la maison. Mais je jette un dernier coup d'œil à la maison. Ce n'est pas la plus belle, et puis elle est assez loin du village. Ça doit être compliqué de se déplacer.

Je marche lentement, jusqu'à arriver chez moi. Les villageois sortent un par un me saluant et me souhaitant bonne nuit. J'arbore un beau sourire, puis entre dans ma maison. Casita a déjà rangé la plupart des décorations et d'autres choses venant de la fête.

Je ne vois ni Dolorès ni Antonio. Non, c'est Mirabel que je vois en premier.

- Où tu étais passé ?! On t'as cherché partout ! me crie-t elle.

- Je marchais loin de l'agitation.

Maman et papa arrivent, ils ont l'air fatigué, tellement qu'ils ne me remarques même pas. C'est Tìa Julieta, qui nous demande d'aller au lit à Mirabel et moi.

On s'exécute, sans faire de bruit pour ne pas réveiller les autres. Je dis bonne nuit à ma cousine. Et je me dirige vers ma chambre.

Mon palais d'illusion m'attend, je ferme la porte. Passe entre tous ces miroirs, quand j'ai obtenue mon don, ça me plaisais d'avoir un labyrinthe de miroir pour atteindre mon lit. Aujourd'hui, j'en suis effrayé, le simple fait de savoir que ce n'est peut être pas moi, cet homme dans tout ces miroirs m'angoisse.

Je ne suis pas réelle. Ça doit être une illusion. Une mauvaise farce, que l'on m'aurait faites pour se venger d'un de mes mauvais tours.

Enfin sur mon lit, je m'enveloppe dans la couette en boule. Je ne prends plus la peine d'enlever mes vêtements. Après tout, vu le nombre de personnes que j'incarne, je ne les portes pas souvent.

Le sommeil ne se trouve pas. L'image de la jeune fille me trouble.
Ou plutôt... ses mots : « Je n'avais pas de robe pour m'y présenter ». A dire vraie, ce n'est pas du tout une réponse à la question que je lui ai posée, elle a...

Elle a caché la vérité, par un douloureux mensonge.


~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Fin du premier chapitre !
Alors comment l'avez vous trouvé ?

On se retrouve pour le prochain chapitre !

Pour info, les vêtements de Camilo changent lors de ses transformations.

À Travers tes yeux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant