16) Aide moi

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Il fait froid, mes membres sont endoloris. Je n'ose pas ouvrir les yeux, ou du moins je ne veux pas me réveiller.

Je suis perdue et désorientée, je ne me souviens plus de rien.
Néanmoins, une chaleur soudaine vient se poser sur mon corps. Douce et réconfortante, je reconnais l'épaisseur d'une couverture.
Un bruit de chaise se fait entendre comme si on l'a décalé puis, un long glissement près du mur où je suis adossée. La personne soupire. Elle est juste à ma droite.
Elle sanglote misérablement.
Quelques souvenirs de moi traversent mon esprit. Toutes ses fois où j'ai dû subir la mauvaise humeur d'Elio, ou bien assouvir ses ordres. Toutes ses choses me reviennent. Je ne sais pas comment réagir. Suis-je encore celle que j'étais à mes six ans ? Non, j'ai bien changé et la personne que je suis dorénavant, n'est qu'un pur mensonge.
Je me mens depuis bien trop longtemps pour me présenter fièrement devant mon seul ami. Je suis bien trop triste et pessimiste pour continuer à sourire. Pourtant...

La personne qui pleure en silence est bel et bien Camilo.

Je le pensais fort et heureux. D'avoir une famille sur qui compter, des amis et des habitants qui l'idolâtre. Je le pensais heureux de pouvoir balayer ses défauts en se changeant en d'autres personnes.
Apparemment, il n'y a que moi qui désire être une autre personne, qui désir effacer ce corps honteux.

Après tout, j'aurais aimé être lui ou elle, mais... tout sauf moi.

Alors que Camilo, c'est tout l'inverse. J'ai l'impression que c'est un fardeaux pour lui. Je ne comprends pas... peut être parce que je ne le connais pas assez. De tout évidence, je suis toujours aussi imparfaite.

Je commence à entrouvrir mes paupières, laissant mes yeux mi-clos s'habituer à la faible lumière. Bien qu'il y en ai peu, je pense que les rayons blanc proviennent de la lune, puisque la fenêtre est ouverte.

Mes yeux -une fois bien réveillés- se posent sur le corps en position fœtale qui est à côté de moi, sanglotant.

Camilo tel est son prénom, il renifle un coup, puis un deuxième. Il recommence a pleurer de plus belle. Cela m'attriste, la couverture qui me recouvre tout le corps jusqu'au épaule est assez grande pour deux personnes.

Je la passe discrètement dans mon dos, pour que la moitié me recouvre et passe le reste sur les épaules de Camilo. À ce geste, la tête du caméléon se lève timidement, jusqu'à poser son regard noisette sur moi.

Une partie de son visage est caché, il baigne dans l'obscurité,pourtant j'arrive à discerner un visage trempé de larmes et fatigué par des cernes. Il me regarde avec insistance, sourit tristement. Ses yeux lisent à travers moi. Ils me pénètrent et m'envoûtent comme si il m'avait lancé un sort. Je ne bouge plus, arrêtée par le temps.

Il tend son bras vers mon visage et colle sa main gauche sur ma joue. Mon cœur s'emballe beaucoup trop vite face à ce geste. Mon regard pétille d'impatience, comme si j'attendais quelque chose de sa part.

Jusqu'à ce qu'un liquide rouge effleure mon genou. Je décale mon regard de Camilo et aperçois du sang sur ma robe et ma jambe. Ce sang n'est pas le mien, je n'ai aucunes blessures apparentes sur mon corps.

Camilo dépose sa tête au creux de mon épaule, laissant tomber son bras à l'abandon sur le plancher. C'est à ce moment là que je remarque l'envers du décor. Un amas de bouts de vers nous entoure, Camilo et moi.
Des cadres fissurés, cassés, irréparables sont visibles aux quatre coins de la pièce et une lanterne ovale est située derrière le dos de Camilo. Cette dernière n'émane plus de lumière. Elle est morte.

Mais d'où vient le sang... d'où vient-il ?
Prise de panique je regarde autour de moi. Quand soudain, la main droite de Camilo presse un objet contre elle. Une couleur rouge sang en découle.
Je décide de porter mon attention sur le corps de mon ami, je peux remarquer différentes blessures au niveau de ses avant-bras.
Je ne peux pas y croire. C'est impossible. Des larmes se mirent à couler sur mon visage et je le saisis par la taille pour lui faire un câlin.

Dans ce silence si pesant, nous sommes deux être humains meurtris.
Pourquoi ? Pourquoi fait-il cela sur un beau corps comme le sien. Ne sait-il donc pas qu'il est unique, spécial ?
Je l'aime.

Oui, tu l'aimes dis lui.

- Je t'aime. Voici les murmures qui brisèrent le silence. Les miens.

Je le desserra de notre étreinte et saisie son visage entre les mains. Où avais-je la tête tout à l'heure ? Son visage est recouvert de cicatrices. J'ai peur... que dois-je faire ? Le sang coulent petit à petit et sèche peu à peu.

Dans la précipitation, je l'embrasse, caressant ses cheveux bouclés. Au contact de ses lèvre, un sentiment prît par de mon cœur. Le froid fût remplacé par la chaleur de nos lèvres l'une contre l'autre.Camilo répondît au baiser, à ma plus grande surprise.
Ce qui me fis sourire béatement.

Nous arrêtons, pour reprendre notre respiration. Il plongea son regard dans le mien.

- Moi aussi, je t'aime. Me répondît-il satisfait de ce moment.

Une lueur jaune orangée éclaira notre petit cocon -toujours l'un contre l'autre avec la couverture- Camilo attrapa l'objet d'où émanait cette lumière.
Une fois saisie, il mit la lanterne ovale entre nous. Elle n'avait pas bonne mine. Toujours cassée et avec une lumière très faible. Camilo posa ses mains sur l'objet et m'invita de ses yeux marrons à faire de même.

Nos yeux fixèrent la lanterne, et un rayon orange vînt heurté notre vue.
Aveuglé, nous fermions nos yeux pendant un long moment.

Lorsque le spectacle fut terminé, nous rouvrîmes les yeux. La lanterne était intacte. Camilo s'arrêta de bouger et me montra le plus beau sourire qu'il ai.

- Une personne imparfaite fois une personne imparfaite, donne une personne parfaite ! Crie t-il d'un rire enfantin.

Dans l'incompréhension total, je souris aussi et accompagne son rire.
Ce moment que l'on passe rien que tout les deux est inoubliable, je flotte au-dessus de mes problèmes. Son sourire rayonne et ses yeux pétillent d'une lueur de joie. Dans l'élan et le feu de l'action, je serra de nouveau Camilo. Il tomba à la renverse, s'écrasant au sol, probablement surpris par ce câlin remplis de passion.
Nous restons ainsi un long moment.

Fermant les yeux doucement, mon corps sur celui de Camilo. Je réfugie ma tête près de son torse et ramène la lanterne près de nos deux tête.
Le caméléon me fit un dernier baiser sur le front avant de complètement sombrer dans le sommeil.

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Tadam, un autre chapitre !!! Aussi vite ? Et ouais ! J'avais trop envie de le sortir en avance !
J'espère qu'il vous a plu !

Au chapitre suivant, bye !

À Travers tes yeux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant