Chapitre 2 - Le nouvel ami

65 9 3
                                    

Ce samedi matin, Gabrielle se lève tel un zombie. Les yeux bouffis, le cœur lourd, elle traîne ses pieds jusqu'à la cuisine pour se faire un café corsé. Elle n'a pas très bien dormi, se repassant inlassablement la scène d'hier soir dans sa tête. Elle reste sur une incompréhension totale. Elle se demande quelle mouche à piqué le sergent. Et surtout qu'est-ce qu'elle a bien pu faire pour le mettre dans une telle colère. En y repensant, ses yeux se remettent à s'humidifier. Elle les essuie du revers de la manche du sweat trop grand qu'elle porte. Elle regarde la pendule qui affiche sept heures et attrape son téléphone. Même avec l'heure de décalage, elle sait que son interlocuteur sera déjà réveillé.

— Salut maman... Pas trop... Rien de grave mais je... Maman, est-ce que je peux venir te voir ?...D'accord. Je ne vais pas tarder du coup... Ok... À tout de suite. Je t'aime.

Après une rapide douche, Gabrielle s'empresse d'aller faire sa petite visite matinale à Nona, histoire de la prévenir de son départ. Même si la vieille femme connait déjà les intentions de sa voisine, elle apprécie de passer du temps avec la jeune femme aux cheveux blancs. Le café est déjà prêt lorsqu'elle pénètre dans l'appartement en alertant de son arrivée. La nonagénaire l'attend impatiemment.

— Bonjour ma petite.
— Bonjour Nona !
— Prête à partir ?
— Oui. Je n'ai rien à préparer de toute façon.
— J'ai vu ton ami hier.
— Mon ami ?
— James !
— Ah ? Ce n'est pas vraiment mon ami. Enfin, ce ne l'est plus. J'espère qu'il a été plus agréable avec toi qu'il ne l'a été avec moi.
— Il est maladroit.
— Je ne dirais pas ça de cette manière.
— Vous ne vous comprenez pas.
— On peut dire ça comme ça. Il m'infantilise constamment et me reproche des choses incompréhensibles. J'en suis à me demander pourquoi il a fallu que je le revois.
— Parce que quelqu'un l'a décidé. Cela fait partie d'un plan plus grand.
— Qui a bien pu avoir cette idée de génie ?
— À ton avis ? Et oui, c'est lui qui a mis James sur ton chemin. Selon lui, vous pouvez vous protéger et vous soutenir mutuellement dans les épreuves. Il dit que tu dois être confiante en l'avenir.
— J'ai un peu de mal à y croire.
— Tu n'as jamais eu à douter de lui jusqu'ici.
— Je peux dire que j'ai eu mon lot de merde à gérer quand même ?
— Tu deviens négative, ma petite ! Ne doute pas de toi, je te l'ai déjà dit. Tes épreuves t'ont construites. Même les plus difficiles. Ce qui s'est passé à Anaheim ne reflète pas ce que tu es réellement ! Oublie cette ancienne et mauvaise version de toi-même et concentre-toi sur ce que tu peux faire aujourd'hui.
— Violez l'intimité des gens pour leur extirper des informations ? C'est très positif comme perspective.
— Être une belle personne ! Je ressens ta crainte de redevenir mauvaise et dangereuse. Mais ce que tu as vécu et ce que tu es aujourd'hui sont une force. C'est cela qui t'empêchera de retomber dans ces travers. Tout comme ton entourage qui te soutient. Ça aussi, ne l'oublie pas.
— Tu as le don pour motiver les gens, Nona.
— Je sais ce que tu vaut, mon enfant. Il faut juste que tu arrives à voir la même chose.
— Merci, Nona !

Se levant, elle embrasse la vieille femme et retourne à son appartement. Enfin apprêtée, elle transplane jusque dans le hall d'une grande maison. Elle a grandi dans cette bâtisse, elle y a tellement de souvenirs. À la "disparition" de son père, son frère Nicholas s'y est installé et de nombreuses années plus tard, il y a créé sa famille. Et lorsque ses parents sont revenus, ils sont venus vivre chez lui. Elle ôte ses chaussures et se met à crier.

— Maman !!! Maman, tu es là ?
— Je suis dans la cuisine, répond une voix au loin.

Sa mère est en train de préparer le petit déjeuner affublée d'une robe de chambre jaune avec de grosses fleurs dessus.

— Je ne t'ai pas entendu arriver. D'habitude j'entends la porte... Mais tu n'as pas utilisé la porte...
— Non maman. Tu es toute seule ?
— Oui, ton frère et Jennifer sont déjà partis au travail et les enfants à l'école. D'où viens-tu ?
— J'étais chez moi.
— Tu es bien matinale. Tu as faim ?
— Un peu.
— Assieds-toi ma chérie.

Les Barrières de la Mémoire 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant