Les Barrières de la Mémoire 2

Chapitre 5 - La réputation

L'agent Dawson arrive dans la salle de contrôle de l'équipe avec une photo à la main en annonçant bien fort.

— Je vous présente officiellement Camélia O'Brian.

Il accroche la photo sur un grand tableau et note le nom juste en dessous. Camélia O'Brian... Voilà un nom qui intrigue fortement l'ancienne rousse. Un souvenir lointain du lycée. Elles étaient dans la même classe, d'où le tutoiement.

— Camélia O'Brian ? Comme Camélilo, la pom-pom girl ? s'étonne Alicia.
— On dirait bien.
— Et bien... Si on m'avait dit qu'on retomberait sur elle durant une mission...
— Et moi donc !
— Elle s'ajoute aux dix-huit autres victimes, précise l'agent. La seule différence, c'est que, elle et les trois victimes précédentes sont toutes à l'hôpital, inconscientes. Vous voulez les voir ?
— Oui, bien sûr ! réagit la canitie.
— Comme on vous l'a dit, leurs origines sont diverses. Leurs points communs ne permettent pas de faire de lien avec un agresseur potentiel.

Il leur tend les dossiers qu'elles ont à peine eu le temps d'ouvrir plus tôt dans la journée. Alors qu'elles les feuillettent, les deux amis découvrent un détail troublant qui les stupéfient.

— Gabrielle ?
— Ce sont tous...
— C'est incroyable !
— Ce sont tous quoi ? interrompt Dawson.
— Ils sont tous...
— Littéralement imbibés de radiation ! répond très rapidement l'ancien médecin pour empêcher la blonde de dévoiler une information qui pourrait leur être compromettante. Les taux enregistrés sont pharaoniques.
— Oui, en effet, constate-t-il.
— Est-ce que ça a eu des conséquences sur leur métabolisme ? demande la traumatologue.
— Nos médecins n'ont rien fait apparaître à ce sujet.
— Cela peut être intéressant de demander. Et s'il y en a, rechercher si ces particularités ont déjà été enregistrées quelque part pour faire un lien avec une autre affaire. Enfin, je dis ça pour donner des pistes.
— C'est une très bonne idée. Je vais aller me renseigner tout de suite.

Gabrielle s'assoit autour de la table pour étudier le dossier plus en détail. Elle étale les photos des victimes. Elle les connaît. Tous. Ils étaient tous au lycée avec elle. Des connaissances éloignées, des plus proches, des amis, comme des personnes avec qui elle ne s'entendait pas. Alors qu'elle lit chaque rapport avec attention, Alicia l'interrompt .

— Pourquoi tu m'as empêché de parler ?
— Al, réfléchit ! On était au lycée avec chacun d'entre eux. Toutes les victimes, on l'a côtoyé pendant des années. On cherchait un lien avec moi. Le voilà !
— Mais ce ne sont pas des personnes que tu connaissais très bien ? Si ?
— Certaines, si ! Tu as vu Iris et Abel ? Ils ont été mes partenaires de labo toute mon année de première.
— C'est peut-être juste une coïncidence.
— Honnêtement, je l'espère au plus profond de moi-même. Parce que sinon, je suis dans la merde.
— Ça ne changerait pas de d'habitude, commente Bucky en venant les rejoindre.

Gabrielle se tourne vers lui, le regard noir d'agacement. Elle sert les dents pour ne pas lui envoyer une réplique qu'elle pourrait regretter. Un rictus en coin sur le visage du soldat montre une certaine satisfaction à la faire tourner en bourrique.

Sam les rejoint, mettant subtilement fin à leur énième prise de tête en leur proposant d'aller rendre visite à une des victimes. Les plus récentes étant encore inconscientes, l'option d'aller interroger un certain Matt Abermon s'offre à eux. Lorsque Gabrielle était au lycée, c'était un très bon ami à Ben et Zack. Ils jouaient tous les trois dans la même équipe de basket. Mais aujourd'hui, il est un témoin précieux de cette affaire. Le fameux Matt s'est fait agresser il y a une dizaine de jours en sortant de son travail.

Malgré l'ambiance désastreuse entre la mutante et le soldat, l'équipe arrive au domicile de l'homme en début de soirée et sonne à la porte. La jeune femme se met instinctivement en retrait pour ne pas être vue immédiatement. Les souvenirs qui la lient à cet homme ne sont pas des plus agréables. Une perche d'un bon mètre quatre-vingt-dix ouvre la porte. Sam se présente, ainsi que l'équipe pour terminer par l'ancienne rousse. L'homme se tourne alors de son côté.