Chapitre 7 - Dans la tête

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Loin de se préoccuper de dévoiler ses capacités à la personne qu'elle estime le moins, Gabrielle atterrit en plein milieu de la salle de contrôle du QG devant Bucky, Sam et la directrice Brand. La jeune femme se jette instinctivement dans les bras du soldat et se laisse rattraper par l'émotion. Comme s'il était le seul à pouvoir comprendre son chagrin. À l'aider à surmonter cet instant. D'abord surpris, l'homme resserre l'étreinte qui les unis et enfonce son visage dans le cou de la canitie. Se laissant enivrer par le doux parfum sucré de l'ancienne rousse.

Enlacée par le bras métallique, elle tend la main à Sam pour l'approcher d'elle. L'ancien faucon est tout aussi affecté par l'évènement. Dépité par ce qu'il arrive à la jolie blonde pétillante qu'il vient de rencontrer et qu'il trouve très charmante. Chacun apportant aux autres une part du réconfort qui leur est utile.

Une aide d'autant plus importante à l'ancienne rousse qui, bien qu'elle le cache, ne peut nier la peur qui commence à l'investir. Par ce mal inconnu qui s'attaque à ceux qu'elle aime. Par ce qu'il pourrait arriver au reste de son entourage. À elle-même. Elle ignore qui lui en veut et elle a beau retourner le problème dans sa tête, encore et encore, elle ne trouve rien qui lui donne le moindre petit indice.

La canitie blottie sa tête dans le cou du sergent. Savourant à son tour la chaleur qu'il dégage. Le sentiment de réconfort qu'il lui apporte. Ne pouvant se mentir quant à l'affection qu'elle lui porte. Et qui finalement n'est jamais partie. Qui ressort comme une vérité cinglante lorsqu'elle se rend compte qu'elle craint pour sa vie. Comme à une époque, elle craignait pour celle de Zack. Le revoir a été un choc et cela aurait été plus sympathique dans une autre circonstance. Mais c'est la tendresse qu'elle lui porte malgré les années qui l'a poussé à s'inquiéter pour lui ce matin. Et à lui porter secours à présent.

Se détachant de son havre de paix, Gabrielle alerte les opérateurs du S.W.O.R.D. de l'agression de son ancien fiancé en leur indiquant le lieu exact et les besoins pour l'intervention. Elle se doit de tenir la promesse qu'elle a fait à sa femme. L'ancien traumatologue s'en veut tellement, s'avouant totalement responsable de cet incident. Déterminée à ne laisser personne bousiller sa vie et celle de ceux qu'elle aime. Ou en tout cas à une personne avec qui elle a tant partagé. Elle s'interroge justement sur l'idée de lui parler d'Eliott lorsqu'ils se reverrons. Elle ne veut pas remuer le couteau dans cette plaie qui ne cicatrise pas. Elle sait que lui aussi a énormément souffert, que leurs difficultés à communiquer à cette période n'étaient que les conséquences de leurs façons différentes de ressentir les choses. Ils avaient beau vivre la même chose, il n'arrivaient pas à se comprendre. Chacun vit ce genre d'événement à sa façon. Se séparer n'était finalement qu'un moyen de facilité pour ne pas avoir à gérer la tristesse de l'autre.

— Dites-moi ce qu'il s'est passé ! supplie la canitie les yeux encore baignés de larmes.
— Après ton départ, on a eu l'info qu'une des victimes, David Marquez, avait repris conscience. On est allé tous les trois à l'hôpital pour le voir, explique Sam.
— Mais, il ne se souvenait de rien. Comme les autres, continue le soldat.
— Alicia a voulu aller voir une des autres filles. On est resté avec David Marquez encore un peu et on est allé la rejoindre. On l'a trouvé inconsciente au milieu d'un couloir avec une femme à côté d'elle qui essayait de la réveiller.
— Elle a tout de suite été prise en charge par le personnel de l'hôpital. Ils nous ont dit que médicalement, elle n'était pas en danger. On doit juste attendre qu'elle se réveille.
— Je présume que cette femme n'a pas vu la personne qui a agressé Alicia ? interroge la canitie.
— Ouais, c'est ça, confirme Bucky. Il n'y avait personne !
— La femme de Zack m'a dit aussi qu'il n'y avait personne de physique. L'agression se passe directement dans la tête des gens.
— Il a été attaqué ?
— Oui, malheureusement. Il est comme les autres. Sa femme a assisté à toute la scène. Elle était sous le choc elle aussi.
— Et... Ben ?
— Il va bien. Il est resté avec elle jusqu'à l'arrivée du S.W.O.R.D.... Tout ça, c'est entièrement ma faute....
— Je peux savoir ce qui est de votre faute mademoiselle Ross ? interrompt la directrice, les sourcils froncés d'intérêt. L'agression de l'agent Sylvester est de votre fait ?
— Non ! s'indigne la canitie.
— Alors expliquez-moi de quoi est-ce que vous êtes responsable. Est-ce que ça a un lien avec le fait que vous venez d'apparaître, par magie si je puis dire ?
— Ce n'est pas grand chose...
— Vous m'avez caché certaines choses ?
— Attendez ! Je n'ai aucune obligation à vous raconter tout ce qui me touche.
— Quand cela concerne vos capacités, si. Je vous rappelle que nous avons un marché vous et moi. Si vous ne le respectez pas, c'est un allé simple pour le Riot.
— Oh arrêtez avec ça ! Vous ne pensez pas qu'il y a plus grave ? Un agent, de surcroît mon amie, vient de se faire agresser. Ça, c'est grave !
— Vous n'étiez pas censé être avec elle ? Vous êtes un binôme ! Vous devez la protéger.
— Oui, mais si vos petits soldats faisaient bien mieux leur boulot, je n'aurais pas été obligé de m'absenter.
— Ne reportez pas la responsabilité de vos actes sur d'autres.
— Pourtant, si Dawson s'était bougé le cul quand on lui a demandé de trouver d'autres signes de radiation sur le pays, ou si dès le début il ne s'était pas concentré sur Anaheim, je n'aurai pas eu besoin de chercher qui a été agressé ce matin.
— Et comment saviez-vous qu'il y avait eu une nouvelle agression ?
— Parce qu'elles se passent là aussi, precise Gabrielle en montrant son front. Dans ma putain de tête ! Je ne peux l'expliquer mais je suis personnellement liée à ce phénomène. À chaque personne malmenée, je fais une crise. Une putain de crise !
— Et c'est seulement maintenant que vous m'en parlez ?
— Excusez-moi de ne pas avoir trouvé plus tôt cette coïncidence, madame ! répond sarcastiquement l'ancienne rousse.
— Ne soyez pas insolente avec moi.
— Et vous, arrêtez de me prendre pour une...
— Mesdames. Mesdames. Et si on se calmait ? Hein ? s'interpose Captain America. Écoutez, madame la directrice, le fait est que nous tâtonnons pour le moment. Nous n'avons pas assez d'éléments pour expliquer ce qu'il se passe. Et ce que vit Gabrielle est un phénomène très étrange qui nous dépasse tous. Je pense que vous devriez nous laisser encore un peu de temps. Nous ne sommes arrivés qu'hier. Laissez-nous continuer notre enquête. Nous vous tiendrons informé de là moindre avance que nous ferons, je vous le promet.
— Je n'ai pas besoin que tu prennes ma défense, Sam !
— On a surtout besoin que tu te taises. On ne sait pas qui est cette personne, ni ce qu'elle peut faire. Toute aide peut-être utile dans ces cas là.
— Voilà une sage parole Captain ! confirme la directrice.
— Excusez-nous quelques instants, précise l'afro-américain avant d'entraîner la mutante à part. Gabrielle, je ne sais pas à quoi tu joues, mais tu t'en prends à la mauvaise personne. Je sais comme ça se passe en prison, ce n'est pas une partie de rigolade surtout quand tu es extraordinaire.
— Mais elle me prend le chou ! C'est limite si je ne dois pas lui demander de respirer.
— Je comprends ! J'ai fait l'armée, je te rappelle. Mais je sais aussi qu'on a tout intérêt à être dans le même camp qu'eux. Utilisons le S.W.O.R.D. à notre avantage et le moment venu, quand cette affaire sera résolue, tu pourras t'en prendre à elle. Mais pour l'instant, je t'en supplie, pas de vague. Je vais me porter garant pour toi. D'accord ?
— Mais Sam....
— Stop ! Tu fais ce que je te dis. J'ai déjà assez à faire avec Bucky pour que tu n'en fasse pas aussi qu'à ta tête ! S'il te plaît !
— Rah... Tu m'agace aussi ! D'accord !
— Très bien ! Madame la directrice, recommence l'homme en revenant vers elle. Gabrielle aurait effectivement dû vous parler de cette particularité qui la concerne. Seulement, je vous demande de ne pas en tenir rigueur. Nous devons terminer notre prospection et nous ne pouvons le faire sans elle. Au moins pour l'agent Sylvester. Je me porte garant d'elle. Avec le sergent Barnes, nous garderons un œil vigilant sur elle.
— J'ai du mal à croire votre parole monsieur Wilson, mais si je ne soutiens pas Captain America, dans quelle direction allons-nous aller ? J'accepte votre proposition. Mais je vous ai à l'œil Gabrielle. Un seul faux pas, un seul mensonge, et c'est direct à la case prison. On s'est bien comprises ?
— Oui, madame.
— Très bien. Que comptez-vous faire maintenant ?
— Nous voudrions aller voir l'agent Sylvester dans un premier temps, informe Sam.
— Très bien ! Tenez-moi au courant, précise la femme en tournant les talons.

Les Barrières de la Mémoire 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant