Les Barrières de la Mémoire 2

Chapitre 8 - Le coup du hockeyeur

— Salut ! lance Charly gaiement au soldat, qui patiente devant la machine à café.
— Hum ! grogne Bucky en le détaillant avec méfiance.
— On n'a pas été présentés. Je suis Charly ! Un ami d'enfance de Gabrielle.
— Je sais qui vous êtes !
— Elle t'a parlé de moi ? Super ! Parce que moi je ne sais pas qui tu es, change-t-il subitement de ton. Enfin, si. Je t'ai reconnu, évidemment. Difficile de passer à côté d'un des "sauveurs du monde". Mais j'ai du mal à voir comment vous vous connaissez. Vous êtes aussi collègues ? Un ami ? Juste une connaissance, peut-être ? Je dirais même, j'espère. Parce que, vois-tu, je ne suis pas très fan qu'elle fréquente des personnes comme toi.
— Comme moi ? répète le soldat, intrigué.
— Oui, tu sais ? Les mutants. Les optimisés. Les super-héros. Bref ! Appelle ça comme tu veux, mais je parle des crevures de ton espèce ! précise l'homme aux yeux noisettes en devenant agressif.

Le sergent ne peut cacher la surprise des propos de son interlocuteur. Même s'il ne saisit pas la raison de cette agression gratuite, et qu'en temps normal il aurait la répartie facile, il préfère rester muet. Il se convainc que répliquer ne pourrait que lui porter préjudice auprès de Gabrielle. Et bien qu'elle l'ait indirectement insulté, elle aussi, il n'arrive pas à lui en vouloir. Sachant trop ce qu'elle ressent exactement. Il laisse donc le hockeyeur venir l'agresser en lui donnant des tapes sur l'épaule.

— Vous vous croyez au-dessus des lois. Mais vous n'êtes rien finalement. Vous avez peut-être sauvé le monde, mais vous vous en foutez que vos actes tuent des milliers de gens. Avec vos gros muscles, votre cervelle de moineaux et votre façon de vous repentir. "Oh, excusez-moi, ce n'est pas ma faute. On m'a lavé le cerveau." Mais tout ça, ça ne marche pas avec moi ! Je vois claire dans ton jeu. Hein ? Je sais que tu n'es que le petit toutou de Steve Rogers ! Le premier Avengers ! Le premier branleur de mes couilles, oui. Il aurait mieux fait de rester congelé. Au moins, il ne nous aurait pas emmerdé en symbole de la nation. Parce que les vrais héros, c'est ceux qui font la guerre sans pouvoir. Qui risquent leur peau chaque jour. Qui sauvent réellement les gens.

À mesure que l'homme déblatère son laïus anti-héros, ses coups font reculer le soldat qui se contient. Il aimerait choper sa main qui le frappe et lui torde le bras. Ou même lui envoyer son poing dans la tête. À la place, il sert les dents et subit les attaques jusqu'à ce qu'il butte dans la table basse du salon d'attente. Le dernier coup le fait basculer par-dessus, laissant le sergent en position de victime, allongé au sol. Dans la chute, sa tête a frappé le coin du meuble, ouvrant son arcade.

— Charly, arrête ! hurle la mutante en s'interposant et en retenant le bras en l'air de l'homme qui s'apprête à frapper l'homme au bras métallique. Mais ça ne va pas la tête ?
— C'est tout ce que ça mérite. Regarde-le, il ne réagit même pas.
— Parce qu'il le veut ! Tu sais qui c'est ? lui demande-t-elle en le repoussant.
— Oui, quelle question !
— Bucky est un super soldat ! S'il l'avait voulu, il t'aurait démonté !
— Tu crois qu'il me fait peur ? C'est rien qu'un faible ! L'exemple même des gens de son espèce.
— De son espèce ? interroge-t-elle en se baissant pour aider le sergent.
— Ce qui ne sont pas comme nous et qui se croient au-dessus de tout.
— Mais il est comme nous !
— Non ! Ce n'est qu'un optimisé. Un super. Rien à voir avec toi et moi. Des sangs purs !
— Ne dit pas des choses pareilles, réagit l'ancien médecin en se relevant pour lui faire face, l'agacement lui montant au nez.
— Oh ! Ne me dis pas que tu les défends. Tu es aussi une de leurs fans. Une groupie de Captain America ?
— Je ne suis pas une groupie !
— Alors qu'est ce que tu fous avec lui ? Et pourquoi tu prends sa défense ?
— Bucky est mon ami !
— Tu devrais te méfier de sa race ! Tous des crétins et des moins que rien. On devrait tous les exterminer.

La mutante perd de plus en plus patience. Alors qu'elle se tient toujours face à lui, elle essaye de contenir sa colère. Mais son pouvoir ne reste pas aussi calme que son corps. Provoquant l'apparition de petites flammes blanches dans ses yeux.