Les Barrières de la Mémoire 2

Chapitre 3 - Retour dans le passé

Gabrielle a l'impression qu'elle vient tout juste de fermer les yeux lorsqu'elle sent un poids mort lui tomber dessus.

— Tata !!!!! Debout !

Oh non, mon dieu ! Laissez-moi mourir en paix, supplie-t-elle dans son oreiller. Sa montre affiche 6h30. Cet enfant est le diable !

— Jo, laisse-la dormir ! requiert Nicholas à son fils.
— Trop tard ! grogne la mutante sous les draps avec une voix caverneuse
— Je crois que tata a trop bien fêté l'anniversaire de son club de hockey hier soir... constate son frère en attrapant le petit garçon et en le faisant sortir de la chambre. Elle parle comme papi Ernest.

Le petit garçon répète les derniers mots de sa tante en faisant une grosse voix. D'un petit geste des doigts, un oreiller traverse la chambre pour atterrir sur le grand blond qui rit à la porte d'entrée..

— Jen a fait du café si tu veux, lui propose-t-il.
— Hummmm, gémit la canitie. Prépare plutôt de l'aspirine.

Son frère rit et referme la porte. Ce n'est pas humain de se faire réveiller à cette heure-ci après une soirée. Gabrielle sait qu'elle a clairement abusé hier soir. Son corps a beau se régénérer rapidement, elle n'a jamais réussi à empêcher la gueule de bois ou la fatigue de l'accabler. Mais quelle soirée ! Les revoir, tous. Et Charly... Le beau Charly. Plus grand, plus poilu, mais toujours aussi charmant. Se ressaisissant devant ses rêveries adolescentes, la mutante se lève. Pas totalement d'attaque mais tout du moins apte à se rendre à l'entraînement. Le coach a toujours eu l'habitude de les programmer tôt.

— Tu sais que tu ressembles à un panda ? commente le petit garçon lorsqu'elle sort de la chambre.

En souriant, elle se retient de lui faire une réflexion. Ce réveil matinal et son mal de tête pourraient la rendre désagréable. Mais il vaut mieux éviter de gâcher l'innocence de cet enfant. Elle efface sa sale mine en passant sa main sur mon visage puis descend à la cuisine. La famille de son frère Nicholas est réunie.

— Vous êtes des grands malades à vous lever aussi tôt un dimanche, râle l'ancien médecin.
— Bonjour Gaby ! salue sa belle-sœur Jennifer qui s'active derrière son fourneau.
— Nous partons quelques jours camper. Avec toute la route que nous avons à faire, c'est préférable de partir tôt, explique le blond.
— Tante Gaby ! la surprend Emy, la fille cadette du couple en sautant au cou de sa tante. C'est vrai que tu étais à la soirée du hockey ? Est-ce que tu as vu Clive Robert ?
— Qui est Clive Robert ? demande-t-elle un peu perdu devant la vivacité de l'adolescente de si bon matin.
— Un garçon de ma classe, trop craquant. C'est le capitaine de l'équipe ! J'aurai trop aimé t'accompagner.
— Pour que tu rentres dans le même état que ta tante ? Pas question ! menace Nicholas.
— Je ne connais pas ton Clive, explique Gabrielle. Je n'ai vu qu'un coach en carton gominé et antipathique.
— Le coach T. ? Il est génial pourtant ! s'étonne la très jeune femme.
— Il faut qu'on revoie la définition de génial toi et moi ! lui explique sa tante.
— Et alors ? Tu as revu des anciens ? demande le policier.
— Oui. C'était chouette ! On a tous pris un sacré coup de vieux. Même le coach était là !
— Comment il s'appelait déjà le rouquin super agaçant qui traînait toujours avec toi, Charly et Adam ?
— Lester Averman.
— Ah oui ! Il était là ?
— Oui.
— Et ?
— Et bien, il n'est plus aussi agaçant que ça.
— Qu'est-ce que vous en avez passé du temps ici quand vous étiez gamins, critique son frère.
— Autant que tes potes de foot. De toute façon, c'était la maison des sportifs.
— Voilà pour vous, docteur, propose Jennifer en lui tendant une grande tasse de café et un cachet.
— Mon mal de crane te remercie ! lui répond la mutante en attrapant l'ensemble.

Nicholas presse sa petite famille à partir. Gabrielle les salue sur le perron et rentre se préparer pour l'entraînement. Comme elle voyage léger, la canitie fait apparaître tout son équipement dans un sac de sport. Elle laisse un mot à sa mère et part pour la patinoire.