Chapitre 15 - La dernière rébellion

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Dans les minutes qui ont suivit l'appel d'Hélèna Brand, Gabrielle s'est transportée au sein des bureaux du S.W.O.R.D.. Avant de partir, elle a brièvement expliqué la nécessité d'obéir, tout en jurant de revenir vite auprès de l'homme qui vient de se déclarer. Il a beau connaître la force de caractère de la femme, cela ne l'empêche pas de s'inquiéter pour elle, comme d'habitude.

En arrivant dans la pièce, le silence règne. L'atmosphère austère de la pièce étouffe instantanément la mutante. Tout ici dégouline de mauvaises ondes qui l'oppressent. Cela ne lui présage rien de bon. Tout comme la mine fermée de la femme qui lui fait face, enfoncée dans son fauteuil. Dans ce contexte, le carré brun de la directrice durcit sévèrement ses traits. Faisant apparaître des ombres aux allures démoniaques derrière le nuage de cigarette qu'elle fume activement. Essayant de cacher la pointe de stresse qui l'envahit, la canitie avance d'un pas décidé jusqu'au bureau.

— Il était temps ! crache la quinquagénaire en écrasant son mégot. Je croyais que vous aviez compris lorsque je vous ai demandé de venir me voir rapidement. En tout cas, je vois que vous vous allez bien.
— Ça va, merci.
— Vous avez eu de la chance !
— Sans doute, un peu.
— Je n'ai pas la prétention d'affirmer que je savais ce qu'il se passerait.
— C'est mieux ! Mais, de toute façon, personne ne pouvait ! Je ne pensais absolument pas que nous arriverions à ce dénouement funeste.
— Ce sont, ce que nous appelons, des dommages collatéraux. Ils sont toujours très tristes, mais j'avoue que le résultat est malgré tout positif. Vous avez réussi à protéger la population.
— Positif ? Elles sont mortes toutes les deux. Le sergent Barnes a failli y passer aussi, s'agace la jeune femme.
— Certes, certes. Mais que voulez-vous... Ce sont les désagréments de nos métiers, malheureusement.
— Vous êtes horrible !
— Je vous avais dit de ne pas y aller ! Vous m'avez délibérément désobéis. Entraînant avec vous trois agents, commence la femme en allumant une nouvelle tige de nicotine, à qui je n'avait rien à reprocher jusqu'ici. Et je ne parle pas d'Harrington ! Je n'en reviens pas de ce que vous avez fait. Vous avez foutu un bordel monstre ! Vous en avez conscience ?

Se levant, elle contourne le meuble en faisant claquer ses talons aiguilles. Le tailleur serré qu'elle porte l'oblige à minauder sa démarche, lui donnant un côté provocateur.

— Il va falloir que l'on revoit certaines choses Gabrielle. Je ne suis pas satisfaite. Clairement ! Et vous savez comment cela se passe lorsque je ne suis pas satisfaite...

L'ancienne rousse acquiesce, laissant la directrice déblatérer son discours acerbe et vindicatif à son sujet.

— J'avais confiance en vous, Gabrielle. Je pensais vraiment que vous seriez un élément tranquille, sur lequel je pouvais m'appuyer. Mais au lieu de ça, vous mettez en place une vendetta en n'en faisant qu'à votre tête. En décidant d'aller sauver une folle furieuse. Qui aurait pu vous tuer en plus. Ça n'aurait pas été une grosse perte en même temps, je n'aurais pas eu à vous faire subir mes foudres comme cela. Et encore, vous voyez, je reste calme en vous parlant. Mais vous me mettez vraiment en colère ! J'ai horreur qu'on me désobéisse ! hurle la petite femme en pointant ses deux doigts, où est coincée sa cigarette, juste sous le nez de l'ancien médecin. Et c'est encore pire quand on me ment. N'est-ce pas Gabrielle ? Quelle surprise de découvrir l'étendue de vos capacités. La téléportation ? Les jets plasmiques ? Et le spectacle que vous nous avez offert sur le terrain de foot. Vous pensiez vraiment que vous pourriez me cacher tout ça encore longtemps ?
— Vous n'avez aucun droit sur moi.
— C'est là où vous vous trompez ma chère. J'ai tous les droits ! Cela faisait partie de notre marché. Vous ne l'avez pas respecté.
— Vous ne pouvez pas m'empêcher de prendre mes décisions.
— Gabrielle, avez-vous lu les petites lignes de votre contrat ? Car moi, je me souviens de chaque mot. Tout, je dis bien tout ce qui vous constitue, est à moi ! articule Brand en crachant sa fumée sur le visage de la mutante.
— Et si je refuse ? demande avec détermination la canitie.

Les Barrières de la Mémoire 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant