Les Barrières de la Mémoire 2

Chapitre 6 - L'attaque de trop

Lorsque Gabrielle est revenue vers ses amis, elle s'est étonnée de ne plus voir Bucky. D'autant plus que ses compères n'ont pas été capables de lui expliquer la raison de son départ soudain. Elle n'est pourtant pas partie très longtemps. Juste une quinzaine de minutes pour répondre à Charly. Le hockeyeur avait tenu à lui téléphoner après qu'elle lui ait indiqué où elle se trouvait et lui dire qu'il avait justement la possibilité de la revoir rapidement à cause, ou grâce, à un déplacement professionnel à quelques kilomètres de sa position.

Rougissant, la jeune femme avait essayé de lui expliquer que ce n'était peut-être pas la meilleure des idées. Que son travail l'accaparait et qu'elle n'était pas certaine de pouvoir lui accorder beaucoup de temps. Le sportif s'était montré un peu insistant, sans pour autant être malaisant, et la canitie avait fini par accepter de le voir quelques instants le lendemain après-midi, avant qu'il ne se rende à sa démonstration sportive à Los Angeles. L'homme aux yeux noisettes s'en était vivement réjouit tandis que l'ancienne rousse avait réagi de manière plus mitigée. Se sentant quelque peu tiraillée entre cette belle perspective et les quelques papillons qu'elle avait ressenti lors de l'échange privilégié avec le soldat quelques instants plus tôt.

Mais encore une fois, le comportement surprenant et imprévisible du sergent laisse coi l'ancien médecin. Ne sachant pas elle-même comment réagir face à lui et ses sautes d'humeur. Se demandant si l'attrait qu'elle a pour lui, indépendamment des années et de son attitude, se justifie réellement. Comment apprécier une personne changeante ? Et pourquoi craquer de nouveau pour ce soldat au bras métallique alors qu'il ne lui a jamais montré la moindre preuve d'attirance pour elle ? Le cœur a ses raisons que la raison ignore. Et cette fois encore, son cœur et sa raison ne sont absolument pas en adéquation.

En retournant à la voiture, le petit groupe y trouve un brun aux yeux azurs semblant bouder. Ils montent à bord du véhicule, dans un silence pesant, pour retourner au Q.G. du S.W.O.T.. La directrice les attend pour faire un compte rendu de leur première journée de recherche, en omettant évidemment les suspicions qu'ils ont quant à un lieu avec l'ancien médecin, et leur indiquer que des chambres leur ont été réservées dans un hôtel non loin de là. Gabrielle embarque le dossier préparé par l'agent Dawson et suit la petite troupe jusqu'au véhicule qui les emmène vers leur lieu de villégiature.

Avant d'aller se coucher, l'équipe profite du fast-food ouvert toute la nuit juste en face du motel pour se restaurer. Croquant dans son hamburger, la canitie lie et relie les nombreuses pages du classeur top secret. En oubliant presque de participer à la conversation de Sam et Alicia qui se découvrent tranquillement. De l'autre côté de la table, Bucky semble toujours contrarié. Le visage fermé et les sourcils froncés.

Gabrielle bloque sur une série d'informations. Elle note que la fréquence des agressions est crescendo, et qu'elles sont de plus en plus violentes également. Elle range chronologiquement des différentes attaques.

— Gaby ? Sort de ta bulle. Tu es littéralement en train de bouillonner, appelle la blonde en passant sa main devant le regard de son amie.
— Tu as trouvé quelque chose ? demande l'ancien faucon.
— Et bien, je vois que les agressions sont de plus en plus rapprochées. Rien que ces deux derniers jours, quatre agressions. Alors que jusqu'ici, il y avait plusieurs jours entre. Il n'y a aucune logique temporelle : la première agression a eu lieu en plein après-midi. La deuxième à l'aurore du lendemain. La troisième en milieu de journée. Et la dernière cet après-midi.
— Ça reste quand même trop aléatoire pour anticiper, commente Alicia.
— Est ce que tu sais si l'agent Dawson a trouvé des cas similaires ?
— Je ne sais pas encore. Je crois qu'il attendait d'avoir un contact sur la côte Est. Avec le décalage horaire, ça complique parfois les choses.
— Qu'est-ce que tu viens de dire ? réagit subitement Gabrielle en relevant la tête.
— Que l'agent Dawson n'a pas encore toutes les informations.
— Non, tu as parlé du décalage horaire, reprend-y-elle en regroupant les feuilles des dernières agressions.
— Ben oui, il y a trois heures de différence entre ici et notre bureau de New York.