L'Histoire du Dr J. Stevens (Partie 2) [ShortList Watty22... -Edité-]

Chapitre 29 : Aurore (époque : 2022) (2/4)

- Ce prévenu alors, avez-vous pu le rencontrer depuis ? Que cela donne-t-il ?

J. Stevens aspire profondément la fumée de sa cigarette en regardant le coin de la pièce et la Gardienne qui s'y tient. Sa main tremble, ce qui n'étonne plus M. Tabram.

- A peine, pour tout dire.

- Comment cela ?

- J'ai la chance de faire connaissance avec ses camarades de cellule... dirons-nous.

Il utilise sa tasse comme cendrier, n'ayant rien pour les cendres en ce lieu où fumer est interdit.

- Ses camarades ? questionne-t-il tout en débarrassant la théière du sachet interne.

Martha Tabram se saisit pas les propos de Jonathan Stevens.

- Oui, voici une belle brochette composée de tueurs en série venus des deux côtés de l'océan, vieux et nouveau continents.

- Dont l'éventreur de Londres ?

- Oui, lui particulièrement.

Elle finit ses actions, émet un simple « mmm... » et commente :

- Donc, si je comprends bien : on vous envoie à Londres le traquer avant de vous ramener au pays pour l'interroger, dans une enquête débutée il y a plus d'un an.

- Vous aussi, Martha, détenez un perspicacité à toute épreuve, répond-il en pointant la femme du bout de ses doigts occupés.

- Et ?

Elle le fixe.

- En effet, j'ai autre chose à vous narrer chère Martha.

- Vos songes ?

- Précisément.

- Je m'en doutais, vous avez cette tête, affirme-t-elle en buvant son thé.

- Cette tête ? s'étonne-t-il en passant sa main dans ses cheveux décoiffés et gras.

- La tête d'un homme qui a vu ses fantômes.

- Ah, rebondit le clinicien en se grattant sa barbe courte. Cela ne doit pas être beau à voir, ajoute-t-il en fumant.

- Mais je n'ai pas dit qu'elle l'était.

Ils émettent l'un envers l'autre un regard amusé et respectueux, de remerciement réciproque pour ce type de moment. L'assistante finit son thé et ne démord pas :

- Donc, Docteur ?

Elle le considère de nouveau, vérifiant ses habits jusqu'à s'arrêter sur ses yeux dont l'abîme a depuis longtemps pris place.

- Les souvenirs, enfin les mémoires, s'intensifient.

Il bascule sur son siège afin de coller l'arrière de sa tête à la vitre. Il regarde à l'envers la pluie heurter ces portes invisibles sans poignées.

- Je suis désormais certain que leur ancien propriétaire n'est pas le couturier ou le Lady Killer.

- Que vous montrent ces mémoires ?

- Un homme, dans un lieu qui diffère du notre. Un lieu... si réel. Les mémoires sont pures, non retravaillées. Elles envahissent de manière directe, frontale, son porteur.

- Qui ? Qui est le porteur ?

- Je ne le sais. Dans les souvenirs, il vit dans une société élaborée mais reculée, tantôt de prodiges technologiques qui me sont méconnus tantôt de déserts arides et anciens. Je suis perdu, et je crois que lui aussi.