Chapitre 3: Clarke Griffin

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On entend souvent la phrase « Vous ne savez pas ce que vous avez jusqu’à ce que vous la perdez ». C’est vrai.. nous avons tendance à tout prendre pour acquis. Et ce n'est que quand on est sur le point de la perdre, qu'on réalise à quel point elle nous est cher. Cette phrase en particulier, s’adapte plutôt bien aux situations concernant la vie et l’amour.

Étant donné qu'on m'a appelé en urgence pendant mon jour de repos je n'ai pas d'autres opérations de prévu aujourd'hui, du moin je l'espère. Donc comme à mon habitude dans ce genre de situation je profite du calme avant la tempête pour aller me chercher une boisson au distributeur. Une fois chose faite, je prends appui sur la rambarde la plus proche de moi en soupirant. Je fixe loin devant moi, ne pensant à rien tel une personne sans âme.

Alors que j'avale une gorgée de mon café, tout en ayant mon regard rivé sur l'horizon, une voix derrière moi se fait entendre.

- Si on met de côté votre sens des responsabilités et du devoir en tant que Docteure.. Vous ne ressentez absolument aucune empathie pour les familles de vos patients, pas vrai ?

- Comment..

Surprise de par sa question sortie de nulle part mais aussi de l'audace de celle-ci, je me retourne pour faire face à la personne qui a bien pu oser me dire ça. C'était une jeune femme, la vingtaine je dirais ? Elle est blonde avec des yeux bleus tel un océan des plus purs possible.

- Pardon mais.. Est-ce qu'on se connaît ? Demandais-je confuse.

- Oh non pas du tout, me sourit-elle bêtement.

- Alors présente toi au moin non.. ?

- Je vous ai remarqué ce matin et je voulais vous poser une question. J'espère que je ne vous dérange pas trop.. Euh..

Je rêve ou elle n'a même pas dénié répondre à ma question ? Au lieu de ça, elle préfère se pencher pour regarder mon badge tout en mettant son index sur sa bouche comme une imbécile qui se donne un genre.

- Docteure Woods.

Wouaah.. bravo. Toutes mes félicitations tu sais lire, me dis-je désespérée. Mais cette pensée disparue rapidement en voyant le merveilleux sourire que la blonde venait de m'offrir à l'instant. Il est si.. Éblouissant ?

- Hahaha, je suis désolée. C'est juste que je suis un peu myope et j'ai oublié mes lunettes aujourd'hui, sourit-elle de toutes ses dents.

Je reste confuse un petit instant, je n'ai pas les mots. Quel caractère particulier...

- Excuse-moi, c'était quoi ta question déjà ? Je n'étais pas très attentive, arrivais-je à me reprendre.

- Je m'appelle Clarke. Je voulais savoir si..

La sonnerie provenant de mon téléphone la coupe dans son élan. Mon attention se porte alors directement sur mon portable et plus sur la blonde le temps de lire le message que je venais de recevoir.

Merde..

- Je te prie de m'excuser. Je dois m'occuper d'un cas urgent, tournais-je les talons. Merci de t'être enfin présentée, terminais-je par dire en courant.

- Supeer.. Alors salut ? Ahah, j'aurais du le voir venir.. Les docteurs sont tous les mêmes.

Le message que j'ai reçu plus tôt m'a mené en salle des scanners où j'y retrouve une infirmière. Je dois m'occuper d'un patient potentiellement affecté par une malformation congénitales. Ce qui, j'en ai bien peur, à l'air d'être véridique. En effet, je possède en ce moment même son scanner dans ma main droite pour le constater.

- Hmm, il n'a pas encore beaucoup progressé. On a de la chance de l'avoir détecté à temps mais une opération reste la meilleure solution, informais-je l'infirmière.

Tout en reposant le scanner sur le tableau, je l'interpelle une dernière fois avant qu'elle ne sorte de la salle.

- Je vais en informer le patient et ses proches. Ensuite nous pourrons préparer le bloc.

- Très bien Docteure, sourit-elle avant de partir.

À peine cette dernière partie, qu'un de mes collègues docteurs la remplace dans la pièce.

- Oh.. Docteure Woods, me salut-il. Votre quart n'est pas encore terminé ? demande-t-il gentiment.

- Pas avant un moment j'en ai bien peur, soufflais-je.

Il me sourit tout en sortant un scanner de ses fiches pour le placer à son tour sur le tableau. Je lui rend son sourire par politesse mais mon attention est vite attirée par le scanner en question.

- Vous avez mis la main sur un cas intéressant, dis-je en fixant le scanner.

- On vient tout juste de me le transférer. La patiente est pourtant si jeune..

- J'imagine qu'ils l'ont depuis la naissance ? Questionnais-je.

- Oui.. Mais elle semble prendre très bien soin d’elle-même.

- Ce serait trop vous demander de me montrer son dossier ?

Je me tourne vers lui en le regardant droit dans les yeux. Il accepte sans hésiter avec comme réponse:

- Un second avis venant de vous serait très apprécié en fait.

Puis il me donne le dossier de la patiente en question. Bien sûr, je me retient de dire la moindre réflexion au fait qu'il en a l'air ravi vu la manière dont il me fixe.

Ouvrant le dossier, la première chose qui fait apparition est la photo de la patiente. C'est bizarre, elle m'a l'air familière.. Pourquoi ?

Je reste bloquée sur la photo quelques secondes avant de réaliser qui est la personne sur la photographie. C'est la fille que j'ai croisé dans le couloir, arrivais-je à me rappeler en revoyant parfaitement le sourire qu'elle m'avait offert.

- Elle est étonnamment pleine de vie pour une personne de sa condition, me sortit-il de mes pensées. Quelque part, j'ai du mal à croire qu'elle souffre d'une maladie du cœur.

Je peine à réaliser qu'on parle de la blonde de tout à l'heure.

- C'est malheureux.. Une personne si jeune devrait pouvoir sortir et croquer la vie à pleines dents. Mais on dirait qu'elle passera le reste de la sienne à faire des allers retours entre l'hôpital et chez elle.

- Vous me volez les mots de la bouche Docteur.

- Cela dit, il lui reste une chance d'avoir une vie normale si elle reçoit un nouveau cœur.

Tout en lui rendant son dossier, il continue de m'informer sur la jeune femme. Cependant, d'un seul coup, son expression du visage devient moin doux pour tirer sur de la peine.

- Son nom est déjà sur la liste d'attente mais elle n'est pas considérée comme un cas prioritaire... Qui plus est, lui trouver un donateur compatible ne sera pas chose aisée malheureusement.

Je détourne mon regard du sien pour jeter un dernier coup d'œil au scanner de la blonde.

- Il est vraiment incroyable, murmurais-je.

C'est à peine croyable.. Elle a pourtant une personnalité si joyeuse et pétillante. Est-ce là l'attitude, la conduite d'une personne qui a parfaitement conscience qu'elle se rapproche un peu plus chaque jour, voir même à tout moment, de la mort ?

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