Au cœur de nos pulsions

Chapitre 6: Le Déjeuner

Une relation sérieuse ? Bien sûr j'en ai déjà eu avant.. Une seule plus précisément. C'est pourquoi je peux voir à travers cette comédie aveugle qu'on appelle "l'amour". La passion et la fidélité ne sont rien d'autre que des absurdités fugaces. « Un fantasme pour les faibles » comme j'adore dire. Ce même fantasme où les gens qui y croient pensent que l'amour leur permettra de surmonter tout et n'importe quoi dans la vie.

- Voilà votre repas.

- Merci.

Je m'apprêtais à partir plateau en main quand une main se posa sur mon épaule droite. En me tournant pour voir qui cela pouvait-il bien être, j'eus vite ma réponse en reconnaissant directement la jeune femme aux yeux noisette.

- Vous avez l'air différente aujourd'hui docteure, sourit-elle.

Décidément.. elles ont quoi à toutes me dire ça. Après Luna la veille voilà maintenant Écho qui me sort cette absurdité.

- Vous avez décidé de passer d'une simple pomme à des sandwichs en plus ?

- Eh bien, ils ont l'air assez appétissant je dois l'admettre, répondais-je simplement.

- Vous vous asseyez avec quelqu'un d'autre aujourd'hui ?

- On peut dire ça comme ça.

Elle appuie légèrement sur mon épaule tout en se rapprochant de mon visage, le regard avide.

- Si vous ne voyez pas d'inconvénient, peut-être que vous apprécierez un peu de compagnie aujourd'hui ? Chuchote-t-elle. De haute qualité qui plus est, rajoute-t-elle. Je vous inviterai même pour le dessert si vous le voulez.

- J'aimerais vraiment accepter ton offre mais aujourd'hui je vais devoir décliner. J'ai.. déjà un rendez-vous avec quelqu'un, refusais-je gentiment.

Je la souris puis la salue d'un petit mouvement de main d'un air faussement désolé en rajoutant un simple:

- Je suis navrée, on remet ça une prochaine fois ?

- Merde ! Merde ! Merde ! Elle couche littéralement avec toutes les filles d'ici et elle a le culot de me rejeter.. C'est n'importe quoi ! Si je trouve le département de l'infirmière qu'elle voit..

Toujours en possession du plateau-repas, je quitte la cafétéria pour rejoindre la place qui m'a tant aidé, que j'aime. Pour y accéder il ne fallait pas vraiment un cardio hors pair ni un physique d'athlète. C'est à la portée de tout le monde, du moins, c'est ce que je pensais bien avant d'entendre les grognements de la jeune blonde à qui je devais un repas.

- Vous êtes une sorte de sadique Docteure ? À torturer vos patients comme ça.. Jusqu'où devons-nous marcher pour obtenir la nourriture que vous avez promise ?

- Oh allez, ce n'est rien. Arrête de te comporter comme une vieille femme. Marcher une petite distance comme celle-ci c'est à la portée des plus jeunes comme des plus vieux, dis-je d'un ton moqueur.

Sauf qu'on a beau être bientôt arrivé, Clarke continue d'agir comme une mamie. Surtout que ma petite provocation n'a fait qu'accentuer ses ronchonnements.
« Mon dieu.. Elle ne s'arrêtera donc jamais » pensais-je. Mais cette remarque me fit lâcher un petit sourire du coin des lèvres malgré moi.

- Tu vois ? Nous y sommes. Ce n'était pas si loin au final, n'est-ce pas ? Me tournais-je pour ouvrir la porte.

- Ouah.. alors tout ce chemin c'était pour ça ?

Cheveux aux vents, on se retrouve perchées sur le plus haut point de TonDc. Cet endroit ne paye peut-être pas de mine, mais je l'adore quand même. Après tout il m'a vu dans pas mal de situations, des plus chaotiques aux plus stupides en passant par les plus inimaginables. Cela paraît bête à dire, mais ce toit m'a sauvé un nombre incalculable de fois. Beaucoup de personnes peuvent penser que c'est stupide, que ce n'est qu'un simple toit d'hôpital, qu'il ne mérite donc pas tant d'intérêt. Ce qui peut être vrai en quelque sorte pourtant je m'en fiche complètement.